When the Mountain changed its clothing

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When the Mountain changed is clothing explores, textes de Jean-Jacques Rousseau, Adalbert Stifter, Joseph von Eichendorff, Gertrud Stein, Alain Robbe-Grillet, Marien Hauschofer, Marina Abramović, Ian Mc Ewan; mise en scène, concept, musique d’Heiner Goebbels, et Johannes Brahms, Arnold Schönberg, Karmina šilec, Lojze Lebič, Sarah Hopkins, par le Carmina Slovenica dirigé par Karmina Silec.

C’est la première en Slovènie de cet étrange ensemble théâtro-musical signé Heiner Goebbels qui ouvre le festival de Maribor, après la première en Allemagne au Jarhunderthalle de Bochum. Sur la scène nue du Théâtre national, il y a un agglomérat d’une quarantaine de chaises de bureau et dans le fond, des tables renversées en stratifié blanc avec pieds chromés. Deux très jeunes filles éparpillent quelques chaises sur toute la surface du plateau.
Puis suivront quelque quarante autres jeunes filles, de dix à vingt ans, appartenant au Carmina Slovenica qui vont, en dansant et en chantant, passer de l’innocence et des amours enfantines à l’âge adulte. D’abord habillées de pantalons de gymnastique et teee-shirt, et chaussées de basketts, on les retrouvera un peu plus loin,  métamorphosées,déjà séductrices lolitas en jupe et parfois  en perruque blonde.
Cette découverte de la vie et de l’avenir qui les attend va se faire en même temps que celle du cycle des saisons figurées par de très belles toiles peintes dues à Klaus Grünberg La première reproduit un tableau de Ferenc Champ de fleurs sauvages planté de pommiers, une maison et une petite église, avec au-dessus un ciel pommelé de nuages, la seconde reprend Jungle avec lion, le célèbre tableau du Douanier Rousseau  et la troisième, est une peinture d’arbres couverts de givre par Ivan Genralić.
-A quoi rêvent les jeunes filles? se demandait Alain Robbe-Grillet reprenant à son compte le fameux titre de la comédie de Musset, mais en en y répondant : Au couteau et au sang. petite phrase cynique qui terminait  La Répétition d’Heiner Goebbels, et qui est un peu le point de départ du nouveau spectacle du compositeur et artiste  allemand.
Le spectacle fait aussi  penser à cet Atlas de Meredith Monk, bel opéra qu’elle avait créé à Houston en 91 où nous l’avions vu. Même fausse naïveté, même exigence musicale,  même rigueur dans le gestualité, même thématique du renoncement aux joies de l’adolescence; à cette différence près que cette fois ce n’est plus une jeune fille  mais quelque  quarante jeunes  filles qui prennent possession du plateau avec des danses, des poèmes, et surtout des chants où elles confrontent leurs point de de vue sur le passage à l’âge adulte dont elle prennent bien conscience.
Il y a, entre autres, une très belle scène à la fin, où elles apportent sur un petit pré leurs peluches comme des victimes expiatoires;  deux d’entre elles, de façon presque sadique  ouvrent le ventre de leur ours,  vieux compagnon de leur enfance et en enlèvent lentement la bourre… C’est sans doute ces petites scènes avec quelques unes de ces jeunes filles qui sont parmi les plus émouvantes, grâce aussi et surtout aux chants admirablement interprétés par le groupe dirigé au cordeau par Karmina Silec.

Les chœurs sont tout aussi remarquables de virtuosité, parfois un peu secs dans une rigueur presque militaire qui ne rappelle pas de très bons souvenirs, mais il y a une telle fluidité dans la gestuelle que l’on en est sinon ému, du moins touché,  comme on l’est par ces voix d’une grande pureté et par les images poétiques que Goebbels sait faire surgir.
L’unité de ce collage qui va, entre autres,  d’extraits de L’Emile ou de  l’éducation de Rousseau au bulletin météo, en passant par Djinn, Un Trou rouge entre  les pavés disjoints et Projet pour une révolution à New-York d’Alain Robbe-Grillet, ou Everybod’s Autobiography et Exact Change de Gertrude Stein, n’est  pas toujours évidente mais qu’importe! L’essentiel  est ailleurs, et sans doute plutôt dans  l’état de grâce qui naît, une fois passées les dix premières minutes un peu laborieuses, de cet ensemble vocal a capella d’une qualité exceptionnelle.
Karmina Silec sait faire passer sans difficultés ses jeunes  chanteuses , des chants populaires slovènes à Brahms ou à Schönberg, ce qui représente un  travail important de mise en place, en harmonie avec les déplacements sur  le plateau.

Goebbel lui,  semble moins à l’aise, dans la mise en scène, des derniers moments du spectacle  pour conclure ce poème lyrique qui semble-comment dire les choses?- se terminer plus que finir vraiment... Alors à voir? Si la qualité musicale reste la même qu’au Théâtre de la Ville qu’au Théâtre national de Maribor doté d’une excellente acoustique, ce spectacle de 90 minutes mérite largement d’être vu, à la fois pour ses qualités chorales et  gestuelles, et pour la  direction de Goebbels et de  Karmina Silec..

Philippe du Vignal

Unique représentation  en anglais doublée en slovène donnée pour l’ouverture du  Festival de Maribor le 16 octobre.
Représentations au Théâtre de la Ville à Paris du 25 au 27 octobre  en anglais surtitré en français.

 

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