Round’up
Round’up , écriture scénique collective de Victor Gauthier-Martin, Clémence Barbier, Maïa Sandoz, création et mise en scène de Victor Gauthier-Martin, musique de Dayan Korolic.
Après la Comédie de Reims et le Forum du Blanc-Mesnil, la compagnie Microsystème, s’est installée pour trois ans au Théâtre de Chelles, avec Round’up, sa dernière création. Round’up, c’est aussi le nom du trop fameux désherbant de la firme Monsanto. On se souvient peut-être de ce spot télévisé où un chien enterrait puis déterrait son os que l’on avait enduit de Round’up, sans aucun risque pour lui, nous annonçait-on! Mais on apprend dans le spectacle que la firme avait été ensuite condamnée pour publicité mensongère …
C’est ici une sorte de cabaret autour des questions écologiques et de manipulation du vivant, où Victor Gauthier-Martin retrouve ses complices Clémence Barbier, le musicien Dayan Korolic et Maïa Sandoz, que l’on a vue aussi dans le collectif DRAO. Le spectacle dénonçe les abus des grandes firmes agro-alimentaires et on pouvait craindre que ce ne soit un piège tendu par des comédiens parisiens style bobos mangeurs de tofu; et dès la première scène, il y a une reconstitution d’ émission télé (ce qui est souvent incongru au théâtre), où débattent un pro et un anti OGM, à la suite d’un reportage sur Monsanto.
Mais, peu à peu, un vent de folie parcourt le plateau; aucun manichéisme dans le spectacle. Le public est installé sur le plateau du théâtre, avec, en fond de scène, quelques centaines de fauteuils vides, dispositif qui favorise de belles images. Nous devenons ainsi des membres d’un groupe de rock, ou assistons une déclaration d’amour aux légumes du marché faite au loin dans les rangées de fauteuils.
Cette forme de théâtre quelque peu hybride, où l’on passe d’une séquence à l’autre sans fil rouge dramaturgique peut décevoir mais ces 75 minutes passent très vite! Les comédiens font un travail de qualité et Maïa Sandoz est tout à fait juste dans la dernière scène où elle dit ne plus savoir quoi manger depuis qu’elle joue dans ce spectacle, partagée entre sa faim et sa conscience.
C’est d’ailleurs à ce moment-là que tout explose: le cake d’amour de Peau d’Âne est revisité, grâce aux images vidéo atroces d’un rat blanc enkysté, l’un de ceux qui ont « subi » la fameuse étude sur les OGM du professeur Gilles-Eric Séralini.
On ressort de là, quand même curieusement assez joyeux, et le spectacle, bien documenté, n’est pas anxiogène. Et, même si on a appris beaucoup de choses, cela reste du théâtre!
Julien Barsan
Théâtre de Chelles, les 9, 13 et 14 novembre.