Antigone

Antigone de Sophocle, par le Théâtre National Palestinien, texte arabe d’Abdel Rahman Badawi, texte français et mise en scène d’Adel Hakim, musiques du trio Joubran.

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©Nabil Boutros

 (« Allez voir absolument ce spectacle et vous redécouvrirez Sophocle »)écrivait Philippe du Vignal, qui   parlait du contexte dans lequel travaillent les comédiens, entre Jérusalem et la Cisjordanie : un théâtre sous occupation. La reprise vaut d’être signalée, elle est suivie d’une tournée en France et accompagnée d’une petite forme : Chroniques de la vie palestinienne  (Théâtre du Blog du 27 mars).
Antigone et Ismène (Shaden Salim et Yasmin Hamaar) de noir vêtues, font face aux cadavres de leurs frères, Polynice et Etéocle, drapés de linceuls blancs, morts de s’être entre-déchirés. Lamentations, incantations et rituel de mort devant Créon (Hussam Abu Eisheh), leur oncle et devant le Chœur aux costumes anthracite, sur une musique des profondeurs, composée par le Trio Joubran.Antigone informe sa sœur de l’ordre édicté par Créon, de refuser sépulture à Polynice, perturbateur dans la Cité et lui livre sa volonté d’enfreindre l’ordre. Ismène tente de l’en dissuader. Le Chœur, conteur et commentateur, relate les combats, puis les conditions de la victoire, dans une prosodie épique proche de la plus ardente geste hilalienne.
Créon, en un discours populiste digne de certains chefs d’Etat bien contemporains, s’autoproclame Gouverneur de Thèbes. Un garde (Daoud Toutah) lui rapporte que ses ordres ont été transgressés, on lui donne pour mission de rechercher le coupable : Antigone est amenée, enchaînée, et brave son oncle de manière frontale. Inflexible et tyrannique, celui-ci lui promet la mort : Je regarde la mort comme un bienfait, répond-elle, dans sa beauté provocatrice.
Tirésias, devin en principe écouté, (Mahmoud Awad) tente d’inquiéter Créon et l’invite à plus d’humanité, en vain. Hémon, fils du tyran et bien-aimé d’Antigone qu’il a le projet d’épouser, (Alaa Abu Garbieh), plaide auprès de son père : Calme ta colère, reviens sur ta décision mais se heurte à son obstination. Créon délivre  sa sentence : Antigone sera emmurée vivante, et  joint l’acte à la parole. Le messager, comme oiseau de mauvais augure (Kamel Al Basha), témoigne du malheur, alors que Créon envisageait de revenir sur sa décision. Mais trop tard, Antigone s’est pendue et Hémon, à sa vue, s’est transpercé d’un glaive.  Quand elle entend les rumeurs de la ville, Eurydice, épouse de Créon, se donne aussi la mort. Les oiseaux ne chantent plus et Thèbes est en souffrance, la malédiction est sur elle, de génération en génération.
Alors, la voix de Mahmoud Darwich : Sur cette terre… il y a ce qui mérite vie.. nous ramène aux tragédies d’aujourd’hui auxquelles Sophocle se superpose. Et la porte se referme sur Antigone, vêtue de blanc et couverte d’un voile noir, image forte. L’espace sacré s’estompe et le mur creusé de meurtrières, laissant filtrer la lumière, mur support des écritures, grecque, arabe et française qui s’affichent, (scénographie et lumières d’Yves Collet) retourne au néant.

Brigitte Rémer

Théâtre d’Ivry Antoine Vitez, du 8 novembre au 5 décembre 2012, puis en tournée : 26 avril 2013, Forum Culturel de Blanc-Mesnil – 30 avril, 2 et 3 mai, Centre Dramatique Régional de Tours – 7 mai, Théâtre Liberté de Toulon – 14 au 17 mai, Taps Scala de Strasbourg – 28 au 30 mai, Nouveau Théâtre de Besançon.

Et aussi, Chroniques de la vie palestinienne : 24 novembre, Ivry/Espace Robespierre – 21 au 26 mai 2013, Maison des Métallos.

 

 

 

 

 

 


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