Sallinger
Sallinger de Bernard-Marie Koltès, mise en scène de Paul Desvaux et Céline Bodis.
De Salinger, nous conservons de très anciens souvenirs de L’Attrape-Coeur, publié en 1951, lu avec ravissement quelques années plus tard. Bernard-Marie Koltès s’est emparé de son nom en redoublant le l, pour le titre de cette pièce où il peint la vie des pauvres émigrés sud-américains de New-York, au moment de la guerre du Viet nam.
Ce spectacle-en espagnol surtitré-a été créé au Teatro San Martin de Buenos-Aires. Sur scène, trois containers, dont l’un s’ouvre pour laisser pénétrer un cortège funèbre qui suit le cercueil du Rouquin ; le jeune homme s’est suicidé pour échapper à la guerre. Sa veuve explose de chagrin sur le toit de la chapelle du défunt et son amie qui tente de la rappeler à la raison, réussit quand même à la faire descendre à terre.
Dans un autre container, on peut voir la famille du Rouquin,: une vieille mère attentive, un père prostré dans son fauteuil et désabusé quant à l’éducation à donner à ses enfants, un jeune frère qui s’acoquine avec le voleur d’une grosse limousine, et une jeune sœur amoureuse de ce frère et désespérée à l’idée de le voir lui-aussi partir pour le Viet nam. Il y a une belle scène de jalousie, quand elle insulte la veuve du Rouquin en la traitant de grosse poule, alors qu’elle est ravissante.
Ce tableau de bas-fonds est brossé avec énergie par des acteurs qui mâchent bien leur langue, dans une série de numéros plutôt solitaires, par exemple, quand Le Rouquin sort de son cercueil pour admonester son jeune frère et le faire partir pour l’armée. Mais, malgré un beau travail d’acteurs, les non-hispanophones souffrent des difficultés à lire les surtitrages et de la durée du spectacle: deux heures vingt! Soit, comme souvent, vingt minutes de trop !
Edith Rappoport
Théâtre 71 de Malakoff, mardi et vendredi à 20 h 30, mercredi , jeudi, samedi à 19 h 30, dimanche à 16 h jusqu’au 24 novembre.
www.theatre71.com