Un Homme debout

Un Homme debout, d’après le témoignage de Jean-Marc Mahy, mise en scène de Jean-Michel Van Den Eeyden.

 Un Homme debout homme-debout-5-c-luciana-poletto

©Luciana-Poletto

Ce n’est pas un comédien qui  joue ce solo créé au Théâtre de L’Ancre  de Charleroi. En effet Jean-Marc Mahy a passé près de vingt ans de sa vie derrière les barreaux de différentes prisons. Son enfance dans la violence et le désœuvrement l’avait  poussé  la  la petite délinquance, puis dans  le banditisme et, très vite, dans le crime. Il n’avait pas vingt ans! Jugé coupable de la mort de deux personnes, il passera 19 ans enfermé!
Avec une grande sincérité, Jean- Marc Mahy, témoin de sa propre histoire, ne nous cache aucun détail: ses tentatives de suicide, l’abandon de sa famille qui constituait pour lui le dernier rempart,  ou les brimades répétées du personnel pénitentiaire.

La première partie du spectacle nous laisse un peu mal à l’aise ; après avoir délimité les neuf
m2 de sa cellule avec du scotch  blanc,  il nous montre, à un rythme effréné, sa vie en détention, les fouilles répétées, le coup de pied du gardien pour lui faire écarter les jambes avant la palpation. Les gestes y sont, la « presque » chorégraphie est rapide, saccadée. Perte de repère  totale: il ne sait plus quel jour  il est et ses jambes se dérobent à la première promenade à l’extérieur.
Le  comédien, non-professionnel, bien dirigé par Jean-Michel Van Den Eeyden, ne  pourtant pas au-delà de ses limites. Mais ce jeu en roue libre ne fonctionne pas toujours quand  nous devenons les spectateurs impudiques de sa détention; il nous laisse en effet  sans explications, sans silences, et  sans s’adresser vraiment  à nous.

Puis, au fil du récit de ses dix-neuf années d’incarcération, il se livre plus profondément, plus calmement. Très touchant, par exemple, il nous raconte sa soif de savoir,de culture et de contact, assouvie d’abord grâce à la radio, (entre autres avec l’émission de  Macha Béranger qu’il nous fait réentendre),  puis  avec les livres de bibliothèque qui lui feront quitter ses neuf m2 : La Bible, lue plusieurs fois, le Coran Papillon  d’Henri Charrière, les poèmes de  Rimbaud et  Verlaine ou le J’accuse de Zola.
Plus il devient personnel et plus il nous touche, moins il joue et plus il est solide. Une vidéo inutile ne parvient pas à casser le  contact qu’il établit avec chacun de nous, tout en s’adressant à un public.
Que l’on soit ou non professionnel: c’est bien alors de théâtre qu’il s’agit. Mais Jean-Marc Mahy ne se place jamais en acteur et reste à sa juste place, à tel point que, par respect pour ses victimes, il ne viendra pas saluer à la fin, refusant le bonheur d’un partage mais n’oubliant pas tous ceux qui l’ont aidé à bâtir ce spectacle unique.

Julien Barsan.

 

Spectacle vu à l’Espace Gérard Philipe de Fontenay-sous-Bois/ Théâtrales Charles Dullin. Espace municipal Jean Vilar d’Arcueil le 4 décembre. Espace Germinal de Fosses le 22 février.

 

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