tout mon amour
Tout mon amour, de Laurent Mauvignier, mise en scène de Rodolphe Dana.
Nous avions découvert en 2004 le premier travail du Collectif Les Possédés, avec un remarquable Oncle Vania à la Ferme du Buisson. Puis vinrent Le pays lointain de Jean-Luc Lagarce, Hop-là !Fascinus commandé par le Théâtre du Peuple à Bussang, et déjà à la Colline, Merlin ou la Terre dévastée de Tankred Dorst. Un vraie troupe avec des acteurs fidèles, comme on les aime...
Tout mon amour était d’abord destiné à un scénario de cinéma mais Rodolphe Dana en a fait une pièce, après un travail d’une semaine avec ses acteurs au Théâtre Garonne à Toulouse.
Un couple range des assiettes et de vieux livres après l’enterrement du grand-père paternel décédé dans sa maison de campagne. L’épouse est pressée de partir! Il y ont en effet subi dix ans auparavant une douleur insurmontable, quand a disparu leur petite fille de six ans qu’on n’a jamais retrouvée.
Le défunt grand-père (excellent Simon Bakhouche) réapparaît pour faire des réflexions désagréables sur sa belle-fille hystérique, dont les hauts talons, dit-il, abîmaient ses beaux tapis, et sur son fils trop faible. Mais une nouvelle incroyable se produit: la réapparition d’une jeune fille de seize ans qui dit être l’enfant disparue!
Elle apporte à son père une boîte contenant des preuves de son identité. Il est troublé, mais sa femme refuse absolument de regarder ces objets, crie à la mythomanie et menace d’appeler les gendarmes. Le père appelle alors leur fils resté à Paris pour ses examens, et le fait venir, en dépit des hurlements de sa femme qui veut rentrer chez elle. Il arrive, déconcerté et refuse, comme sa mère, de regarder la boîte de souvenirs. Il refuse aussi de croire que c’est sa sœur qui ne parvient pas à capter le regard de sa mère. Elle explose alors dans une terrible crise de nerfs, avouant qu’elle n’a pas su aimer ce fils, elle avoue qu’elle voué à cette enfant de six ans disparue tout l’amour qu’elle refuse maintenant à la jeune fille! Un beau nœud de vipères douloureux qui va se dénouer devant nous.
Edith Rappoport
Théâtre de la Colline, jusqu’au 21 décembre. T: 01-44-62-52-52