Le Ballet de la Merlaison

Le Ballet de la Merlaison par l’Éclat des Muses, compagnie Christine Bayle.

 Christine Bayle vient de faire paraître un DVD consacré à la recréation en 2011 de ce ballet  de cour écrit par Louis XIII sur le thème de la chasse au merle, évoquée par le néologisme « merlaison » qu’il inventa pour l’occasion.(Le livret est conservé à la B.N.F.). Et le Roi lui-même le créa avec ses amis pour le carnaval de 1635 au château de Chantilly, puis à Royaumont. De cette rareté artistique, ne reste que la partition mais la chorégraphie d’origine et le sens que l’on pouvait donner à l’œuvre en cette moitié du XVII ème siècle, ont disparu.
Chrstine Bayle, après un long travail choréologique, aidée par Eugénia Boucher, Nathalie Lecomte, Anne Surgers et Claire Maillard, a donc écrit un scénario d’après les documents d’époque mais a aussi recréé une chorégraphie. Quant à la partition initiale de Louis XIII, elle a été  restaurée par le compositeur Patrick Blanc.
Soit une fascinante  plongée dans un monde disparu que réussit à imposer Christine Bayle, avec un sens très pointu d’une interprétation possible. Cette pièce, à l’époque, était articulée, comme l’explique bien le petit livre qui accompagne le DVD, autour d’un thème romanesque ou mythologique traité de façon allégorique. Avec des récits chantés qui servent de fil conducteur à l’action, et d’ un ensemble de vers non chantés mais imprimés dans un livret.
Les danseurs- souvent masqués-  sont surtout des hommes dont le Roi, des membres de la famille royale, des nobles ou bourgeois, amateurs déjà formés et des danseurs professionnels.  Cela se passe, comme le plus souvent pour les spectacles, dans les espaces aménagés de châteaux ou palais. En France, Richelieu fera construire en 1636 seulement la première salle dite à l’italienne en France…

« La danse baroque, dit Christine Bayle, est, somme toute, un art nouveau: l’étude des écrits d’époque amenait dans nos années 80, à la redécouverte des danses du XVIIème  et XVIIIème siècles et à une meilleure interprétation musicale des caractères de la Suite à la française. Mais c’était aussi tout un pan oublié de l’histoire de l’art que nous découvrions médusés par sa beauté cachée ».
Et Christine Bayle a prolongé les expérimentations commencées par la fameuse choréologue Francine Lancelot aujourd’hui disparue, et par le claveciniste et théoricien Antoine Geoffroy-Dechaume. Ils auront été pour beaucoup dans cette recherche d’un temps perdu où le chef de l’Etat français  dansait  dans un spectacle dont il avait écrit la musique. Imaginons un instant
Chirac, Sarkozy ou Hollande dans ce même exercice…Autres temps, autres mœurs!
 L’écriture chorégraphique va du sérieux au plus burlesque et sert au mieux le rituel de cette  chasse au merle, avec des géométries décalées pour les danses: courante, passe-pieds, branle,  à deux, trois ou quatre, voire  en solo. Avec des personnages aux noms hauts en couleur comme Le Pourvoyeur des oiseaux, Thomas le boucher, Macarin ou un Giboyeur, un Preneur d’oiseaux à la pipée, Le Porteur d’émerillons (faucons) Le Porte-Arbalète, etc…
Christine Bayle, ses neuf danseurs (vingt-et-un à l’origine) pour 44 rôles et dix musiciens dont Patrick Blanc le compositeur et l’excellent François Lazarevitch aux flûtes et musettes. nous offre une formidable aventure poétique, que l’on connaisse ou non  la danse baroque. Sans doute  d’abord grâce à sa conception et  à sa mise en scène précise et inventive, mais aussi aux costumes de Thierry Bosquet, tout à fait remarquables comme les masques de Chloé Cassagnes.
 Mais ce DVD a aussi le mérite d’expliciter la démarche exemplaire qu’a entrepris depuis plus de vingt ans l’Eclat des Muses. Le spectacle, aidé par la Fondation Royaumont et le Festival baroque de Pontoise où il a été  présenté  a ensuite été joué à l’Opéra de Compiègne et en Italie, devrait être repris en 2013. Surtout, ne le ratez pas;  sinon vous pouvez toujours voir ce DVD.

Philippe du Vignal

La compagnie Christine Bayle propose aussi des cours et stages pour danseurs, comédiens et musiciens. T: 01 45 40 30 10.

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Archive pour décembre, 2012

Des amis-auteurs

Des Amis-auteurs  par les élèves de l’Institut d’études théâtrales Boris Shchukine

Des amis-auteurs des-amis-auteurs-300x187Ils sont tous jeunes, enthousiastes et pleins d’énergie dans ce spectacle–ces étudiants de la quatrième année d’une des meilleures écoles d’art dramatique de  Russie, l’Institut d’études théâtrales Boris Shchukine  de Moscou.
A partir du second  semestre de la troisième année de formation les futurs comédiens commencent à maîtriser leur métier et à participer aux spectacles  dirigés par les professeurs de l’Institut. Des amis-auteurs a été  monté par un de leurs  professeurs Alexandre Schirwindt, et par ailleurs acteur très connu.
L’Institut Boris Shchukine, rattaché au Théâtre Vakhangov a hérité des principes artistiques  mises au point par  le metteur en scène dans les premières décennies du XX ème siècle. Les professeurs de l’Institut transmettent donc ces principes aux élèves, invariables d’une génération à l’autre, comme Vakhtangov l’avait demandé. A savoir: la vérité scénique, l’incarnation absolue du personnage et  la croyance dans des  circonstances imaginaires, telle que les avait  définies Constantin Stanislavski, dont Vakhtangov a aussi  adapté les théories. Mais il y a ajouté , par exemple, l’unité indissoluble de la destination éthique et esthétique qui était fondamentale pour lui. Il voulait transmettre les moindres nuances  d’un texte dans une expression scénique  moderne et  aussi brillante que possible.
Fondé officiellement en 1932, l’atelier qui portait  le  nom de Vakhtangov, devint ensuite un Institut  qui s’enrichit en proposant aux étudiants plusieurs cursus d’études différents. La cellule  principale est basé à Moscou et l’on y enseigne l’art dramatique. Mais il y a aussi d’autres cursus qui préparent  plus spécifiquement les élèves  à jouer au Théâtre de Moscou de l’Opérette,  au Théâtre dramatique de Moscou de Stanislavski, et sur d’autres  scènes   comme celles  d’Irkoutsk, de Kaluga et de Tskhinvali.  Il existe aussi une antenne de l’Institut à Genève.
Cette année, les élèves du cursus « art dramatique du comédien « présentaient une comédie musicale Des Amis-auteurs  (1955) de Natalia Venkstern, une dramaturge dont les pièces eurent  un grand succès à l’époque qui est  un peu oubliée aujourd’hui. Des Amis-auteurs est un spectacle très finement traité dans l’esprit des anciens vaudevilles russes du XIX ème siècle.
Le thème  est simple et compliqué à la fois : l’écrivain Ivan Sénétchkin (Sémion Lopatin) s’offre d’aider son ami et collègue Nicolas Kouderkov (Anton Bouglak), fauché à fond,  en arrangeant  son mariage avec une actrice Sophie Entourage (Maria Kozakova). Ivan Sénétchkine, lui,  va  se sacrifier  et faire un mariage de raison avec la fille niaise d’un homme riche… Il y a d’autres  intrigues incluses dans la première:  amourettes, mensonges, reconnaissances,  quiproquos et… happy-end  comme dans toutes  les comédies musicales.
Il n’est pas si facile de jouer une telle pièce qui n’a guère de prétentions. Cela exige en effet  une interprétation à la fois légère et convaincante,  sinon la pièce risque de devenir plate et de mauvais goût. Mais les dix-huit étudiants s’acquittent de leur tâche à la perfection et s’en donnent à cœur joie sur le plateau, heureux de jouer devant un vrai public de quelque trois cents spectateurs…
Avec une belle énergie, ils incarnent  leur personnage de manière originale, avec  un petit détail comique  ou un gag  à répétition… Par exemple, Dimitri Boutéiev-presque deux mètres!-qui  joue l’écrivain Dvorniaguine, secoue d’un air menaçant son index vers le public en disant: « Le critique…le critique doit savoir pour qui il écrit et pour quelle raison ! « . Un autre acteur,lui, comme Buster Keaton, ne sourit jamais et  exprime une profonde angoisse qui se manifeste dans l’expression de son visage. Cette contradiction avec  l’esprit initial de cette comédie musicale provoque  évidemment les  rires. Le caractère volontairement conventionnel de la mise en scène,  avec costumes d’époque, barbes et moustaches postiches, est en complet décalage avec la pièce, ce qui donne un côté distancié et  tout à fait unique  au spectacle.
Les  comédiens  ont tous une formidable  présence  et  restent fidèles  jusqu’au bout à leur personnage. On leur souhaite, ce qui n’est pas  toujours si facile, de garder ce jeu naturel dans leur parcours artistique.

Anastasia Patts

Prochaines représentations : les 11 et  30 janvier à 19h00 à l’Institut Boris Shchukine de Moscou.

L’Autre

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©martin firket


L’Autre,
de et avec Claudio Stellato

L’homme avance, à tous petits pas, et ploie sous le poids d’une commode posée sur ses fragiles épaules. Diagonale du fou, maîtrisée, lente. Où va-t-il, que fait-il?  Nos regards l’accompagnent. Au milieu du plateau, subrepticement, il  dépose cette commode en d’habiles acrobaties et d’instables équilibres, tout aussi contrôlés, se métamorphosant en homme sans jambes ou en escargot portant sa maison.
Le meuble se transforme en caisse claire, mais celle-ci n’est pas ronde et fait disparaître ses quatre pieds. L’homme essaie de s’y glisser, rabat le couvercle et se joue de nos illusions tel un pantin désarticulé : la jambe se désolidarise du tronc et passe par-dessus, les mains sont indociles, et la tête dodeline on ne sait comment.
Arrive dans notre champ de vision, avec cette même lenteur et comme un nouveau mirage, une longue, très longue caisse, type corps de pendule en grand, cercueil sans forme pour personne longiligne, ou cabine de douche avant montage. La petite, rencontre la grosse caisse, sans fanfare ni trompette et la cale. L’homme se glisse, de l’une à l’autre, apparaît et disparaît. La longue caisse, imperceptiblement, accomplit une rotation à 180° et l’homme tente de remonter la pente. Le tapis rouge qui délimite l’aire de jeu ondule, transformant le plateau en une installation. Entre Magritte de Parallax qui pose la question de la réalité ou celui de Blue motion à l’organisation discordante, l’homme-acteur-danseur-illusionniste (Claudio Stellato), fait figure de météorite tombée du ciel. Soudain une lucarne s’ouvre et, par le jeu des illusions, montre une tête sans corps, tel un Saint Jean-Baptiste après la danse des sept voiles.
L’objet est personnel, singulier mais il reste muet, fermé, presque autiste et a des airs de se prendre au sérieux. Le tout est un peu glacé, plutôt cérébral et assez lointain, le devoir appliqué du perfectionnisme. Le final l’habille de pince-sans-rire sur fond de valse et d’un peu de vie, ce qui fait défaut avant.
Dernière illusion : l’Autre, apparaît au salut, copie conforme de l’Un, à moins que ça ne soit le contraire. Martin Firket signe avec Claudio Stellato, scénographie, costumes, son et lumières. Et comme le dit Albert Camus : « Sisyphe regarde alors la pierre dévaler en quelques instants vers ce monde inférieur d’où il faudra la remonter vers les sommets. Il redescend dans la plaine…Il faut imaginer Sisyphe heureux ».

Brigitte Rémer

Le Tarmac, du 18 au 21 décembre. Jeunes publics, à partir de 7 ans.

« …A la Française

…A la Française !  d’Edouard Baer.

Avec cette nouvelle création,  Edouard Baer a fait le pari que son public, le temps d’une soirée, retomberait amoureux de la France. Il  joue le rôle de Luigi, lequel personnage  est mandaté par le Ministère des Affaires étrangères pour organiser une soirée du G20 à la gloire de l’ l’hexagone.
 C’est une sorte de cabaret satirique avec une succession de numéros mais c’est aussi un hommage au music-hall du passé et aux chansonniers. Avec, comme décor, juste un châssis mobile,  une porte tournante et, en fond de scène,  quelques affiches des anciens spectacles de l’artiste.
Les personnages se succèdent en chantant leur amour de la France. Cela va d’évocations quelque peu caricaturales  du passé de la France-les amoureux de Peynet et le pays aux  365 fromages- à des références plus sérieuses et plus personnelles chères à Edouard Baer,  comme la délation et les sombres heures de l’Occupation  allemande. Tout cela en chansons. Le public voyage ainsi à travers l’histoire de notre pays.
Edouard Baer   s’est entouré de  Philippe Duquesne et d’Atmen Kelif qui débordent d’énergie. Leïla Bekhti (qui joue en alternance avec Léa Drucker) est juste et authentique. On peut aller voir cette  satire de la France et de ses contradictions,  si on aime le personnage d’Edouard Baer  au côté  dandy parisien et à l’humour caustique qui déclare volontiers :  » Je suis un artiste, je n’ai pas demandé à venir au monde,  et il y a un moment où il faut me ménager » !!!

Nathalie Markovics.

Théâtre Marigny jusqu’au 26 janvier .

Exposition Music Hall

Exposition Music Hall au musée des Arts forains.

Exposition Music Hall  photo-1Comme chaque année, au moment des fêtes de Noël, le musée des Arts forains ouvre ses portes au public pour quinze jours.  Il avait accueilli, l’an passé quelque  50.000 visiteurs.
Cet ensemble privé   de 5000 m2, dans le parc de Bercy à Paris  et unique en France,comprend trois espaces: le musée des Arts Forains, les salons vénitiens et le Théâtre du merveilleux.
Jean-Paul Favand,  son  président  n’aime pas l’immobilisme des musées, et a constitué au fil du temps un ensemble d’exposition/spectacle composé de manèges, de boutiques foraines, d’automates et de différentes attractions qui « permet au public de faire une visite à vivre et à respirer» » Comme un autre « faiseur de rêve », Philippe Genty, il considère l’objet comme un acteur à part entière. Ici induit l’imaginaire, et le public peut  le manipuler. Jean-Paul Favand souligne l’importance des lumières et des vidéos projetées dans les espaces d’exposition, où l’on découvre l’objet autrement.
Avec lui,  quatorze  personnes font vivre cet endroit. Pour cette fin d’année, paillettes et plumes du music-hall ont envahi les trois espaces. Chevaux de bois avec des couronnes de plumes, anciens mannequins poussiéreux aux  costumes en strass dessinés par les créateurs des Folies-Bergère, comme, entre autres, le russe Romain de Tirtoff dit Erte et le hongrois Michel Gyarmathy.
Le public pourra découvrir la dernière robe portée par Joséphine Baker en 1975 à Bobino,  dont le nom et celui  des Folies-Bergère  évoque les grandes heures du « music-hall, » terme  qui a toujours réuni les différents arts d’un  spectacle avec des numéros de cirque  et  les revues. Et où des marionnettes croisaient des chanteurs de variété plein d’avenir ou des danseuses de french-cancan. Zizi Jeanmaire, qui dansait sur une chorégraphie de Roland Petit et des costumes d’Yves Saint-Laurent, était programmée en même temps que Jacques Brel et Michel Legrand à l’Alhambra en 57…
Gérard Sety, transformiste connu, passait de l’Olympia aux Folies-Bergère et jouait le même soir que Les Autruches de Philippe Genty,  court spectacle qui était inséré dans la revue Folie je t’adore en 78. Pendant quinze jours, le public pourra  découvrir un peu l’âme de ces lieux parfois disparus aujourd’hui. Pour l’occasion, trente-cinq intermittents du spectacles viennent animer toute les demi-heures les Salons Vénitiens, (un spectacle de vidéo, des automates ou un numéro de magie), et le théâtre du Merveilleux qui accueille  aussi  un spectacle vidéo, un numéro aérien ou de jonglage, ainsi que des « chansons d’Hier et de Toujours ». Dans ce dernier lieu, les costumes des Folies-Bergère sont très joliment mis en valeur, en même temps que les costumes des « Oiseaux de Paradis « , une troupe qui,  depuis 81, perpétue par ses actions l’esprit du Music Hall. Ces costumes entourent des instruments automatiques en fonctionnement, comme, entre autres, un piano à queue ou un carillon musical. Une femme automate juchée sur un éléphant, observe le public.
Enfin, dans l’espace du musée des Arts Forains, le public peut enfourcher les chevaux de bois ou les vélocipèdes de deux manèges. Il y a aussi une marionnette géante, dans les allées de Bercy, sous le regard protecteur des membres de la sécurité civile, dont la présence est indispensable, vu le nombre de visiteurs attendus  chaque jour. et  il y en a déjà eu 4.800 le premier jour d’ouverture!
« Moi j´aime le music-hall, Ses jongleurs, ses danseuses légères, Et le public qui rigole, Quand il voit des petits chiens blancs portant faux col. Moi, j´aime tous les samedis, Quand Paris allume ses lumières, Prendre vers huit heures et demie, Un billet pour être assis, Au troisième rang pas trop loin, Et déjà voilà le rideau rouge, Qui bouge, qui bouge, bouge …comme  le chantait  Charles Trenet.

Jean Couturier

Musée des arts forains  jusqu’au 6 janvier, de 10h à 18h sans réservation. Tarif : 12 euros, réduit : 10 euros, enfant jusqu’à 11ans : 5 euros

Par hasard et pas rasé

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Par hasard et pas rasé, mise en scène de Camille Grandville.


Après avoir quitté les dorures du théâtre Marigny, Philippe Duquesne a rejoint la rive gauche chère à Serge Gainsbourg. Il vient de créer un spectacle-concert très émouvant autour de la mémoire poétique et musicale de l’artiste. Ancienne élève du Conservatoire National d’Art Dramatique, Camille Grandville qui a mis en scène Philippe Duquesne , l’avait croisé chez Christian Schiaretti, le directeur du Théâtre National Populaire, puis chez Jérôme Deschamps et Macha Makeieff qu’il l’avaient  fait débuté au théâtre avec Lapin Chasseur en 89. Il collaborera avec pendant plus de dix ans, tout en  commençant  une riche carrière au cinéma.
Au Montfort, il incarne Francky, un chanteur qu’on pourrait de croiser dans les galas de petites villes de France. A l’occasion de cette soirée au Montfort, Francky et son orchestre  ( piano, contrebasse et batterie et  deux choristes) décident de rendre hommage au répertoire de Serge Gainsbourg.
D’emblée, le public se trouve transposé  ailleurs. La salle du Montfort,  a été transformé e en  cabaret accueillant, avec tables et buvette.  Franky va assister à l’arrivée des artistes, à leurs répétitions puis enfin au concert, et la scène, digne d’un petit Olympia, est prête à les accueillir. Les trois musiciens sont crédibles dans leurs personnages un peu ringards, et,  en formation jazz, sont excellents. Excellentes aussi les balances musicales  de  Dominique Forestier. Les deux choristes ont, elles, parfois des difficultés à incarner de fausses Brigitte Bardot ou Jane Birkin mais, à leur décharge,  ce  double décalage de personnages n’est sans doute pas  facile à trouver.
Sur scène, juste une petite table avec une  bouteille de whisky et un tabouret  où est posée une lampe qui semble venir directement du bar du Lutetia:   tout est prêt à pour accueillir le vrai Serge Gainsbourg, au cas où !  Philippe Duquesne grâce à cette mise à distance par le personnage de Francky, évite l’imitation au premier degré, très réaliste et convaincant dans son rôle, il lui donne une belle sensibilité, une élégance et une fragilité touchante. On pense  à Gérard Depardieu qui incarnait un chanteur de bal de province dans le film de Xavier Giannoli, Quand j’étais chanteur en 2006.
Jamais on n’avait sans doute aussi bien entendu le texte des poèmes et des chansons  de Gainsbourg et ce concert est aussi l’occasion de découvrir des chansons rares comme Par hasard ou pas rasé qui donne son titre au spectacle ou l’ambiguë, La poupée qui fait… L’évolution du jeu de Philippe Duquesne est remarquable,  et dans les dernières chansons dont la longue, (huit minutes) et très belle chanson Variations sur Marilou, ce n’est plus le comédien qui joue Francky, ce n’est pas Serge Gainsbourg qui chante, c’est lui-même, jubilant, emporté par la poésie et la richesse des textes.
Le public, visiblement heureux  et en communion avec l’acteur, ne s’y trompe pas. Comme le disait Serge Gainsbourg avec  réalisme: « Je suis déjà mythique. Je le dis sans orgueil. Seul ma mort y mettra fin. Et encore. Je passerai à la postérité pour quelques années ».

Jean Couturier

Théâtre Montfort jusqu’au 19 janvier.

La face cachée de la lune

La Face cachée de la lune,  spectacle-concert conçu par Thierry Balasse synthétiseurs: Laurent Dailleau, Yannick Boudruche, chant: Élisabeth Gilly, Eric Groleau, batterie:  Éric Löhrer, guitare:  Cécile Maisonhaute, piano:  Julien Padovani, claviers et guitare basse: Olivier Lété.

La face cachée de la lune face-cachee-de-la-lune
© Thibault Walter

Nous voici transportés en 1973, dans le studio d’Abbey road où les Pink Floyd enregistrèrent leur album culte The Dark Side of the Moon (La Face cachée de la Lune). Le spectacle  ne reconstitue pas le fameux studio, mais révèle la cuisine des sons inventés par le groupe pop et que les musiciens ne pouvaient pas tous jouer en live. De ce fait,  ils utilisaient alors des bandes play-back (elles-mêmes pas toujours fiables, et l’un de leurs premiers concerts avait  dû être annulé suite à une panne de magnétophone).
Aujourd’hui, la technologie numérique et certains nouveaux outils analogiques permettent de les produire en direct. Il n’est pas question ici de rejouer un concert des Pink Floyd mais de faire voir et entendre le processus de création à l’œuvre. La scène du théâtre devient un espace d’expérimentation, flanqué d’enceintes et occupé par des instruments d’époque ( Synthi A, Minimoog, cabine Leslie, chambres d’écho et chambres de réverbération à ressorts).
Une zone est consacrée au travail de création sonore, de restitution des voix, de synthèse. Une autre est dédiée aux percussions et aux bruitages. Une autre zone enfin aux instruments mélodiques, piano acoustique, orgues, guitares. De nombreux réveils, une horloge et une caisse enregistreuse viennent agrémenter  les bruitages… Deux écrans révèlent les manipulations effectuées en direct par les musiciens sur les instruments. Le public découvre les gestes de recherche et les outils de création  mais aussi  les sonorités des seventies. 80 minutes  de concert contre 45 minutes pour les deux faces du disque:  c’est dire combien les musiciens vont loin dans l’exploration du champ sonore des Pink Floyd et développent les parties expérimentales de cette musique foisonnante qui était  la 
pionnière d’un genre nouveau.

A l’issue du spectacle, Thierry Balasse, maître d’œuvre de ce projet au long cours raconte comment, avec les musiciens, il a reconstitué les sons des Floyd après des heures et des heures d’écoute, et une quête patiente du matériel idoine.  Après le spectacle, Thierry Balasse a pris le temps de répondre  aux nombreuses questions d’un public conquis par cette démarche singulière..
Un spectacle à ne pas manquer.

Mireille Davidovici.

Spectacle vu en décembre au Théâtre de la Cité Internationale à Paris et au Théâtre du Kremlin-Bicètre le 11 janvier ;  Scène nationale de Mâcon le 15 janvier; scène nationale d’Angoulème les 18 et 19 janvier;  Théâtre de Cormeilles le  26 janvier; Théâtre de la Passerelle le 5 février, scène nationale  de Gap les 12 et 13 mars; Théâtre national de Bretagne à  Rennes le 12 avril;  La Filature, scène nationale de Mulhouse le 23 avril;  La Barbacane, Théâtre de Beynes (78) le 7 mai; Le Volcan, scène nationale du Havre 21 et 22 mai;  Odyssud à Blagnac.
compagnie Inouïe : http://inouie94.free.fr/

The second Woman

The second Woman mise en scène Guillaume Vincent, musique de Frédéric Verroère, direction musicale Jean Deroyer

 

 

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©Chantal D Palazon - Enguerand

Le théâtre des Bouffes du Nord, dont on ne sait s’il est en cours  de réfection ou  de démolition, était un décor tout désigné pour accueillir cet opéra décalé.
Le spectacle commence par des répétitions avec  une diva fantasque, un pianiste, un baryton, une colorature, une chanteuse et un metteur en scène.  Mais les incidents et les conflits se multiplient entre les interprètes, le metteur en scène, le décorateur…

Librement inspiré du film
Opening Night de John Cassavetes, où Gena Rowlands répète une pièce intitulée The Second Woman, le livret suit étape par étape une production, depuis les répétitions avec piano jusqu’à la première avec l’orchestre. Guillaume Vincent, le metteur en scène, parle d’un « opéra quasi pirandellien, où la réalité se frotte à la fiction, avec, comme personnage principal, la musique elle-même« . En effet, le compositeur,Frédéric Verrières, s’est amusé à revisiter le répertoire lyrique du XVIIIe au XXIe siècle ( Verdi, Puccini, Ravel, Debussy) tout en explorant le folklore (un chant des Balkans), la variété, via des imitations de Véronique Sanson ou Brigitte Bardot sans négliger l’usage du sampler.
Il a pour complice l’ensemble Court Circuit, familier de l’IRCAM et rompu aux expériences interdisciplinaires comme l’ »omni’ (objet musical non identifié) ; l’orchestre apparaît au dernier acte quand le rideau tombe en fond de scène : c’est alors que se remettent en place les pièces d’un puzzle musical réjouissant.
Pas seulement parodique,
The Second Woman envisage une véritable réflexion sur ce que peut être un opéra populaire et contemporain, et sonne ainsi le renouveau du genre.

Mireille Davidovici

Prochaine représentation:  le 3 janvier  au Blanc-Mesnil. A voir ou revoir sur Arte Web

 

 

 

S druge strane

S druge strane ( De l’autre côté) de Natasa Rajkovic et Bobo Jelcic En croate surtitré

 

 

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© Mara Bratoš

Ils sont quatre comédiens affalés sur un vieux canapé défraîchi qui attendent que le public s’installe pour commencer.
« Je devrais dire quelque chose sur ma mère », dit le fils qui n’a pas vraiment envie d’aborder le sujet ; le voisin en parle aussi, puis une amie fait état de cette femme en crise.
La pièce va se focaliser autour de ce personnage féminin. Des situations s’improvisent, quotidiennes mais tirées vers l’absurde ou la caricature. Les comédiens explorent la solitude de leurs quatre personnages, enfermés dans leur bulle, tentant maladroitement de communiquer, de s’aimer, de survivre dans un univers froid, voire hostile. Le plateau nu où surgissent quelques accessoires, une lumière crue qui ne varie jamais sauf pour passer au noir lors d’une panne, renforcent le minimalisme de cette théâtralité. Le théâtre est , comme en train de se fabriquer devant nous, sans artifice, brut, engendrant une certaine complicité avec le spectateur.
Cette incursion dans le théâtre croate que propose le Théâtre de la Colline ne convaincra pas tout le monde car le dispositif montre quelque faiblesse et a tendance à s’essouffler. Restent quelques scènes remarquables entre la mère et le fils ou la tentative de séduction du voisin.

Mireille Davidovici

 

 

Théâtre de la Colline jusqu’ au 20 décembre 2012

 

 

Il était 1001 fois, Sotigui Kouyaté

Il était 1001 fois, Sotigui Kouyaté. Hommage

Il était 1001 fois, Sotigui Kouyaté sotigui-kouyate

Il était un et multiple, a décliné les plus grands auteurs, de Shakespeare à Sophocle et fait tinter la voix du griot. Les mots-clés qui le caractérisent : amitié, fraternité, humanité, « une famille manche large«  dit son fils, Hassane Kassi, qui organise, avec l’équipe du Tarmac et pour marquer la dernière de son spectacle L’Affaire de l’esclave Furcy, (voir Le Théâtre du Blog du 24 novembre) cet hommage-parcours d’une vie, personnelle et artistique, comme une belle rencontre, chaleureuse, à son image.
Autour d’eux, Esther, son épouse, Georges Banu, observateur et analyste de la vie théâtrale, Rosa Ruffini qui lui a consacré sa thèse, Daniel Rousseau et son saxo, qui offre un morceau en ami et  compositeur  de la musique du premier film de Dany Kouyaté, son fils aîné qui ne pouvait être là. Dans la salle, plusieurs de ses enfants, la famille élargie, et ses amis. Les interventions sont entrecoupées d’extraits de films et de spectacles, séquences d’interviews et traces des moments forts de sa jeunesse.
Sotigui a rejoint les étoiles au printemps 2010. Il fut l’emblème de la Haute-Volta, devenue plus tard le Burkina Faso, et a porté très loin sa voix. Fils d’un grand griot qui « aimait les silences et ne se retournait jamais en marchant » et d’une sublime cantatrice qui, de baptême en mariage,  accompagnait les rituels, il était plutôt dehors que dedans, et partout chez lui. Au pays, la maison est pleine et «  la nourriture s’accroche dans les arbres pour que le passant n’ait pas à demander … »
Bon élève, champion poids plume en boxe, capitaine de l’équipe nationale de foot de Haute-Volta, crâneur, sapeur… Il aimait le raffinement du vêtement, grillait les Gauloises et étirait le temps, dormant peu pour ne pas le perdre et sirotant du café. Guérisseur, maître chasseur et gardien de la nature, la brousse était  son élément. Il y marche des journées entières, avec ses enfants, rapportait les plantes qui soignent, guérissait  les gens, ouvrait sa maison, « il élevait les autres, c’était comme ça« .
Fonctionnaire pendant une trentaine d’années jusqu’à 17h, ensuite et jusqu’à la nuit, il pensait  théâtre. Chanteur de tubes qui ont fait le tour de l’Afrique, comme  Mariam Touré  ou  Ah ! Céline, bois ton café  qu’on nous fait entendre, il refuse toute commercialisation. Le théâtre vient à lui, d’abord par les histoires qu’il raconte, puis par les Pères blancs qui exportent le théâtre occidental.
Il écrit de nombreuses pièces, dont certaines sont jouées en Afrique. La Fontaine et ses Fables le séduisent, il tourne dans les écoles, en mobylette, pour les présenter, fonde ensuite le premier Ballets de Haute Volta qui feront le tour des Afrique(s), puis le Festival de Ballet des Armées où l’on trouve de grands artistes, comme Salia Sanou.
Il crée à Ouaga sa première compagnie en 1966, autour d’intellectuels et amis comme Jean-Pierre Guingané, un vrai complice,  et Gaston Kaboré ; puis il met en place la Fédération des acteurs de l’Afrique de l’Ouest. Il  y rencontre  Claude Régy  
dans les années soixante-dix, qui  voulait  lui faire jouer Les Nègres de Genet mais,  pour des raisons politiques, le projet reste dans les cartons. Plus tard, en France, Monique Blin, directrice du Festival des Francophonies de Limoges, accompagnera son travail théâtral.
Georges Banu parle, de la rencontre, fondamentale, entre Sotigui et Peter Brook, de leurs échanges permanents : « Il faisait partie de l’univers de Brook, présent et comme venu d’ailleurs, celui dans lequel Brook s’est incarné ». Le Théâtre des Bouffes du Nord, lieu emblématique s’il en est, collait bien à la vérité et à la magie de leur rencontre.
Sotigui a marqué les spectacles de Brook : avec le rôle de Bhishma dans Le Mahabharata, en 1985, adapté à l’écran en 1988, dans une grande présence poétique et une aura secrète qui nous rapprochent du théâtre sacré, au sens vrai du terme. Bhishma, « l’homme le plus fragile et le guerrier le plus intransigeant « , dont l’image de Sotigui, allongé et percé de flèches, a fait le tour du monde. Avec son interprétation de Prospéro, maître des songes et de l’imaginaire, d’une extrême douceur, dans La Tempête. Avec Le costume, en duo avec Bakary Sangaré, qui jouait Ariel dans  La Tempête, son « frère » disait Sotigui.
Il est le mage, le sage, un fonctionnaire, mais n’utilise pas le comique accrocheur ni ne joue sur le charme. Et même s’il ne raffolait pas du spectacle, dit Banu, il le portait, sa voix venait d’ailleurs, avec intimité, chaleur et tristesse. Sotigui « incarne à la fois un personnage et quelqu’un d’autre que lui« . Là est sa force.
On pourrait encore citer L’Homme qui, en 93, d’après L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau d’Oliver Sacks, ou encore Tierno Bokar, d’après Vie et Enseignement de Tierno Bokar, le roman d’Amadou Hampâté Bâ, en 2004, son dernier travail théâtral avec Peter Brook. On n’imagine pas l’amitié avec Brook. Il n’était jamais très loin. « Il a besoin de moi  » disait Sotigui.
Hassane Kassi Kouyaté parle avec émotion de la mise en scène qu’il a faite, en 2006 d’En attendant Godot, pour le Festival Paris Beckett. Il dirigeait Dany son frère aîné, et Sotigui, son père : « Je l’ai connu en tant que père, en tant que maître, il m’a mis en scène, on a été collègue chez Brook, on était amis. Il arrivait avant tout le monde et partait après tout le monde. En recherche permanente, il disait : Est-ce que je peux essayer quelque chose ?  C’est un comédien qui bonifie le metteur en scène et celui qui joue à côté de lui » et toujours, il disait ce qu’il pensait, mais avec élégance : « Ce n’est pas la vérité… C’est la mienne, ajoutait-il »
S’il « adorait le théâtre et en avait fait son choix de vie  » comme le souligne Esther, son épouse, il n’était pas en reste avec le cinéma et avait tourné dans une vingtaine de films. C’est en participant à des films de conscientisation, sur la médecine notamment, avec les Allemands, qu’il avait débuté, à la fin des années soixante. Son premier film véritablement, tourné par Mustapha Alassane, en 1972, s’intitulait FVVA. Femmes, Voitures, Villas, Argent, c’est en le montrant qu’il introduisit le cinéma au Burkina Faso, pays qui en deviendra ensuite la plateforme internationale, avec le Fespaco, festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou.
Il tourne, entre autres : avec Mustapha Diop en 1983, Le médecin de Gafiré, et avec Cheikh Oumar Sissoko en 1999, La Genèse ; avec son fils aîné, Dany Kouyaté, Keïta ! l’Héritage du griot, en 1997, puis Sia, le rêve du Python, en 2002, deux scénarios, inspirés par son père. « Diriger un grand acteur et diriger son père, sont deux écueils… dit Hassane, mais ça s‘est bien passé ». Et il rapporte les mots de Dany : « Qu’est-ce que tu penses de la séquence d’aujourd’hui  » ? lui demandait-il, « Je pense ce que tu penses, toi… mon fils, fais ton film« … répondait le père. Sotigui donne de l’humanité à ses personnages et les propositions de tournage affluent, y compris des Etats-Unis. « Les scénarios s’entassent, pour lecture », dit Esther.
Il est fait Officier des Arts et Lettres, à Cannes, en 2009, dans le cadre du Pavillon des Cinémas du Monde. A la question que lui pose TV5 : « »Le cinéma africain, ça a un sens ici à Cannes ?  Il répond :  » Il n’y a pas, à mon sens, un cinéma africain, il y a un cinéma. Le cinéma n’a pas de couleurs, il n’est ni rouge, ni jaune « .Il reçoit, la même année, l’Ours d’Argent du meilleur acteur, au Festival de Berlin, pour London River, de Rachid Bouchareb, avec qui il avait déjà tourné Little Sénégal. C’est Gaston Kaboré, compatriote et ami, qui le lui remet. Son fils Dany dit que,  seul, Rachid Bouchareb avait su le filmer.
Souvent absent, toujours en tournée, pour l’épouse, resté en France vraisemblablement pour ses enfants, il ouvre la porte sur le monde. « J’ai embrassé la culture française, ça m’a rendu fort avec ma propre culture, j’ai eu avantage sur la France, par la langue , sûr de ce que l’Afrique peut donner à l’Europe, par sa richesse culturelle « , heureux de ce don et transmission réciproques.

Mais l’Afrique lui manquait.  »
Sotigui, hors d’Afrique, n’est pas Sotigui » , dit Hassane, ce que confirme Esther : « Hors d’Afrique, c’était douloureux. Là-bas, il respirait vraiment, les amis venaient, pas d’agendas, pas de rendez-vous, une autre communion. Il respirait. En Europe, c’est plus dur, on ne touche pas la terre. La nostalgie de l’Afrique, est une dimension importante ». Et il n’avait de cesse de rendre à l’Afrique ce qu’elle lui avait donné, en une permanente restitution, sorte de devoir de conscience. Sa dernière rencontre fut un stage avec des metteurs en scène, au Burkina. « Moi je suis Sotigui grâce à l’Afrique, je suis Africain avant d’être Sotigui, disait-il. Dans ma culture, on dit : « On parle une fois, on écoute deux fois ». Entre le monde visible et le monde invisible, il y a l’art.
Il est reparti dans sa Haute Volta-Burkina, sans retour, et sa longue silhouette balancée, de griot, de sage, d’artiste et d’ami, n’est pas prête de s’effacer.

Brigitte Rémer

Rencontre animée par Bernard Magnier,  au Tarmac, le samedi 15 décembre.

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