Inventaires
Inventaires de Philippe Minyana mise en scène de Robert Cantarella
On retrouve ici Florence Giorgetti, Judith Magre et Edith Scob dans une pièce qui les réunissait déjà il y a vingt-cinq ans… C’est aussi le même tandem éprouvé: Minyana-Cantarella qui se retrouve aux commandes de ces Inventaires en 2012, comme le metteur en scène aime à le préciser.
Les trois comédiennes entrent sur le plateau en riant dans une salle restée éclairée et le grand jeu animé par Cantarella va pouvoir débuter. Chacune nous raconte son histoire, par épisodes qu’interrompt un maître de cérémonie, l’une laissant la place à l’autre. Elles arrivent, c’est le principe, avec un objet familier, fil rouge de son récit (une cuvette émaillée, une lampe sur pied et une robe).
Mais deux de ces trois grandes dames-plus très jeunes-du théâtre et du cinéma ont parfois une démarche hésitante: elles tentent d’éviter les pièges du plateau qu’une vue affaiblie rend dangereux, ou se montrent absentes quand c’est à une autre de prendre la parole.
Le texte très rythmé et remarquablement écrit de Philippe Minyana ne manque pas d’humour, même quand il parle des moments difficiles de la vie de ces rois personnages féminins Mais la mise en scène de Robert Cantarella n’est pas tout à fait convaincante: si nous allons au théâtre, ce n’est pas pour y retrouver les mécanismes et les rituels de la télévision avec un présentateur qui coupe la parole, des coups de gong et une lumière blanche. Et on entend mal les comédiennes, dont le jeu se traduit presque seulement par des déplacements sur le plateau. Soit, elles forment comme un cercle de parole… qui n’a pas trop de sens, puisque cette parole est libre tout au long du spectacle. Soit, elles sont assises sur des cubes blancs en-dessous de leurs photos ou sur des tabourets pliants à l’autre bout de la scène: c’est artificiel et cela perturbe les confidences de ces femmes et ne facilite pas l’empathie.
Florence Giorgetti est à l’aise jusqu’à la fin avec humour et sensibilité. Mais on ne peut pas en dire autant d’Edith Scob, par ailleurs desservie par son costume: jean, sweat et baskets. Toujours sur le même registre de voix, elle garde parfois la bouche ouverte, comme un peu ahurie. Quant à Judith Magre, on l’a vue beaucoup plus à l’aise…Dommage! L’écriture de Minyana, même plus de vingt-cinq ans après, n’avait guère besoin de cette fausse modernité de mise en scène qui ne favorise en rien le jeu de ces comédiennes parfois fragiles.
Julien Barsan
vu au Théâtre des Deux-Rives à Charenton
La Comédie de Saint-Etienne, du mar. 04/12/12 au jeu. 06/12/12