Les Mille et Une Nuits, parcours exposition
Les Mille et Une Nuits, parcours-exposition conçu et réalisé par l’Institut du Monde Arabe.
Il est le plus célèbre et le plus influent des ouvrages de littérature arabe, qui établit un lien exceptionnel entre l’Orient et l’Occident. Recueil anonyme de contes populaires arabes issus de la tradition orale, primitivement d’origine persane (la première mention date du VIII ème siècle), il s’enrichit d’éléments égyptiens, indiens, iraniens, grecs et mésopotamiens au cours des temps. « De manuscrit en manuscrit, de copie en ajout, de traduction en retraduction, Les Mille et Une Nuits sont le fruit d’un incroyable processus d’élaboration » lit-on dans le document qui accompagne l’exposition.
La première version française des Mille et Une Nuits, celle d’Antoine Galland, (douze tomes parus entre 1704 et 1715), fait référence et devient la source où puisent les traducteurs européens qui s’en emparent : « Son influence est considérable, elle alimente la vague de l’orientalisme et aussi la littérature fantastique ». D’autres versions suivront, dont celle d’André Miquel et Jamel Eddine Bencheikh, publiée en 1991. De nombreux artistes l’illustrent, comme Gustave Doré et Léon Carré.
Le récit-cadre, et que l’on trouve dans toutes les versions, est l’histoire de Shéhérazade : Le sultan Shahryar, blessé par l’infidélité de son épouse, la condamne à mort et, pour se venger, décide de faire exécuter chaque matin, la femme qu’il aura épousée la veille. Shéhérazade, la fille du grand vizir, se propose de l’épouser et, aidée de sa sœur, raconte chaque nuit au sultan une histoire dont la suite est reportée au lendemain. Le sultan ne peut se résoudre alors à tuer la jeune femme et remet l’exécution de jour en jour, afin de connaître la suite du récit commencé la veille. Peu à peu, Shéhérazade gagne la confiance de son mari qui, au bout de mille et une nuits, renonce à la faire exécuter.
Ce récit est complété de nombreuses autres histoires, parmi les plus connues : Sindbâd le Marin et ses sept voyages, Ali Baba et les Quarante Voleurs, ou Aladin et la lampe merveilleuse, qui ne sont pas issus des plus anciens manuscrits, mais furent ajoutées ultérieurement.
C’est cette complexité-là qui se dégage de l’exposition, conçue à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de l’Institut du Monde Arabe, et s’organise en sections : l’aventure du texte, cette élaboration, au fil du temps et des géographies ; la Bibliothèque desNuits qui montre l’engouement de l’Occident pour les récits d’Orient, et que l’on retrouve dans toute la production littéraire, à compter du XVIIIème siècle ; Les mondes urbains : Bagdad, Damas, Le Caire, la ville où la plupart des contes se déroulent, qui représente « le point d’ancrage de la civilisation arabo-musulmane, dans sa diversité socioculturelle. Damas, grande ville médiévale, Bagdad, métropole des Abbassides, Le Caire, fondé par les Fatimides d’Egypte » note le dossier de presse ; L’élan amoureux, thème central de tous les contes ; La guerre et la cruauté, la mort sur les chemins de bataille, et conter pour ne pas mourir ; Les mondes intermédiaires, anges et démons, djinns et fées, formules magiques et talismans, l’irruption du fantastique, avec génies et elfes ;Les contes de la mer et les voyages, traversées terrestres ou maritimes, rencontres merveilleuses ou terrifiantes, dangers de toutes sortes.
L’infinie variété de l’iconographie, venant cette fois d’Occident contrairement aux textes, accompagne la diversité des thèmes, et ne peut ici, que nous séduire, de même que les traces de ces Mille et Une Nuits qui ont nourri toutes les formes d’art que l’on retrouve dans l’exposition : théâtre, cinéma, opéra, ballet, peinture, littérature, photographie. Près de 350 œuvres d’époque et de styles différents sont montrées, provenant de nombreux musées nationaux et internationaux, ainsi que de collections particulières, dont des manuscrits rares, montrés pour la première fois.
Avant leur passage en Occident, les Mille et Une Nuits étaient souvent présentées comme un texte sans images. Deux des plus beaux manuscrits illustrés sont ici exposés, (sur vingt répertoriés et cent-quarante identifiés, grâce à de récentes recherches), ainsi que les oeuvres d’artistes orientalistes mêlés aux peintres modernes, comme Adrien Dauzats, Antoine Barbier, Pablo Picasso, RenéMagritte, Kees Van Dongen, François-Louis Schmied, Léon Bakst. Ce dernier a signé les décors des Ballets russes de Diaghilev, pour la chorégraphie de Fokine, sur la suite orchestrale de Rimski-Korsakov, Shéhérazade, l’exposition présente les aquarelles originales de : Dessin de costume pour la danse sacrée du Dieu Bleu, 1912 – et pour Nègre d’or, dansé par Vaslav Nijinski dans le rôle-titre, 1910 – Ida Rubinstein et Vaslav Nijinski, de Georges Barbier, 1913.
On trouve aussi des faïences et céramiques illustrant les scènes clés des Mille et Une Nuits, des laques, huiles, gouaches d’or et d’argent, de la pointe sèche, des lithographies, photos de théâtre, encres, terres cuites à glaçure, ivoires sculptés et taillés, photogravures et gravures, lampes à huile et objets divers de métaux précieux.
La scénographie inventive permet une déambulation toute en finesse et le parcours est une somme de belles rencontres où la découverte, la grâce et le merveilleux sont au rendez-vous : hologrammes, animations en ombres, écoute au casque de contes en langues arabe et française dans un chaleureux espace circulaire à la lumière tamisée, projections sur coins de murs des films de Georges Méliès, Togo Mizrahi, Lotte Reineger, Douglas Fairbanks, Pier Paolo Pasolini.
Une très belle réalisation de l’Institut du Monde Arabe, pour tous ceux qui, de mythologies en fantaisies, ont envie de rêver un peu.
Brigitte Rémer
Institut du Monde Arabe,du 27 novembre 2012 au 28 avril 2013, Niveau 1 et 2, entrée par la faille (côté Seine) ; mardi, mercredi, jeudi, de 10h à 18h ; vendredi, de 10h à 21h30 ; samedi, dimanche et jours fériés, de 10h à 19h. Catalogue co-édité, IMA/Hazan. Manifestations et activités pédagogiques : www.imarabe.org
Si vous avez été voir l’exposition « les Mille et une Nuits », je vous invite à remplir ce questionnaire que j’ai réalisé dans le cadre de mon mémoire.
Merci
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