Le Corps pensant de Mabel Elsworth Todd

Le Corps pensant de Mabel Elsworth Todd, traduction d’Elise Argaud et Denise Luccioni.

Les Editions Contredanse à Bruxelles ont bien fait d’éditer en français ce livre  classique-dont le titre original est  The Thinking Body, A Study of the Balancing Forces of Dynamic Man-que Mabel Todd( 1880-1956) écrivit il y a presque un siècle et qui avait été publié en 1937 mais uniquement en anglais puis récemment en allemand.
Comme le rappelle Baptiste Andrien dans la préface, ce livre exercera une grande influence sur le développement et sur la pédagogie du corps surtout aux Etats-Unis, en particulier sur les pratiques somatiques qui proposent des pratiques « somatiques » qui proposent d’explorer de nouvelles coordinations psychophysiques. Ce qui était évidemment révolutionnaire en Occident au début du 20 ème siècle et qui aura une grande influence sur des danseuses comme Isadora Duncan, Ruth Saint-Denis ou  ensuite sur des théoricien/praticiens comme, entre autres, F. Mathias  Alexander, Moshé Feldenkrais Emile Jaques-Valcroze avec ses méthodes d’éducation rythmique mais aussi sur tout le théâtre contemporain. Mais on sait moins  que cette entité corps/esprit , comme le rappelle justement Andrien, et le changement dans la conception même du mouvement a été initié par François Delsarte, d’abord chanteur puis pédagogue et remarquable théoricien.

Le livre de Mabel Elsworth Todd n’a rien perdu de son actualité même si une indispensable réflexion sur notre corps est aujourd’hui  mieux assimilée par tous ceux pour lesquels ce corps, souvent mal connu, est avant tout un précieux  instrument de travail. Forme et fonction dans la dynamique humaine, forces du corps notamment dans la station debout et ans la marche, importance capitale de la respiration bien analysée: rien n’échappe à l’analyse de cette femme qui avait compris que l’homme occidental et américain en particulier, maltraitait souvent  son plus précieux allié… Alors qu’il  avait la capacité d’avoir une vie où le corps et la pensée, le physique et le mental  pouvaient enfin vivre en harmonie.
Il faudrait aussi mentionner l’influence que la pensée de Mabel Elsworth Todd eut aux Etats-Unis sur des chorégraphes et théoriciens de la danse comme Steve Paxton, Simone Forti ou Yvonne Rainer. C’est dire que cette réflexion sur l’anatomie, le fonctionnement et l’équilibre du  corps humain, à l’opposé de toute démarche puritaine, est encore d’une grande pertinence…
Un livre fort utile pour qui s’intéresse  aux évolutions de  la pensée sur le corps humain.

Philippe du Vignal

Editions Contredanse, 379 pages. 28 euros


Archive pour 5 décembre, 2012

Ubu, Scènes d’Europe n° 52-53 La danse en questions.

Ubu, Scènes d’Europe n° 52-53 La Danse en questions.

Ubu, Scènes d'Europe n° 52-53 La danse en questions. dans actualites ubu-cover-id39Ce riche numéro d’Ubu s’ouvre sur un article très complet de Chantal Aubry et Fabienne Arvers qui fait le point sur les jeunes loups de la danse française apparus à l’orée de la décennie 80. Elles ont raison de faire remarquer que les Bagouet -décédé en 92 du sida comme bien d’autres- et  Marin, Gallottta, Chopinot, Larrieu, Découflé… auront profité de l’enseignement donné par Karin Waehner, Jacqueline Robinson, Françoise et Dominique Dupuy, et Jérôme Andrews. Et l’influence de chorégraphes comme Alwyn Nikolais, puis celle  de  ses élèves comme Carolyn Carlon et Susan  Buirge sur cette nouvelle vague de la danse française, aura aussi compté.
Le  champ de la réflexion sur le mouvement, rappelle Chantal Aubry, aura été, lui,  nourri de méthodes d’analyse comme celles entre autres,de F. Mathias  Alexander ou Moshé Feldenkrais. Suit un hommage à Laurence Louppe décédée au début de l’année 2012 avec un article paru il y a dix ans dans Art press Du Partitionnel  où la théoricienne et la brillante critique de la danse contemporaine analyse la notion de « reproductibilité d’une œuvre »  et montre comment les procédés de notation de la danse sont aussi intimement liés au processus de création.
Il a aussi nombre d’articles du nombre de créateurs français, comme cet entretien de Daniel Larrieu avec Chantal Aubry où il parle de ses rapports difficiles avec le pouvoir et l’institutionnalisation dans un pays qui compte maintenant quelque 600 compagnies de danse. Ou cet autre entretien de Joëlle Gayot avec François Verret, architecte de formation, nourri de philo et d’essais dont les spectacles renvoient justement à des grands moments de la littérature. François Verret  analyse avec une grande clarté les raisons qui l’ont poussé à prendre possession d’un plateau soit sans doute, comme il dit  » l’attraction de l’éphémère et la gravité » et l’influence qu’a eu sur lui un philosophe comme Adorno.
Chantal Boiron, la rédactrice en chef d’Ubu  a elle interviewé Robyn Orlin, chorégraphe née en Afrique du Sud et qui vit aujourd’hui entre son pays et l’Europe et qui parle de sa pièce sur Sara Baartman, la Vénus hottentote qui, dit-elle, a encore des résonances sur les femmes de couleur d’aujourd’hui.
On ne peut tout citer mais il y a également deux bons entretiens de Chantal Boiron avec Mathilde Monnier et Abou Lagraa,   dont les parcours  quelque peu hors norme sont exemplaires de la  nouvelle génération de ces chorégraphes dont l’apprentissage de la danse contemporaines n’a pas été des plus classiques. Il y a enfin un article de Thomas Hahn sur la recréation exceptionnelle à Montpellier cette année pour la seconde fois du mythique Einstein on the Beach de Bob Wilson (1976) où Lucinda Childs avait créé son formidable solo sur le musique de Phil Glass.
Mais à l’époque,  contrairement à ce qu’affirme Thomas Hahn, la création lumière avait déjà eu une importance capitale notamment chez Bob Wilson dans Le regard du Sourd mais aussi chez des artistes comme Meredith Monk ou John Vaccaro, et cela dès le début des années 70.

Ce numéro d’Ubu, tout à fait agréable à lire, fait un point remarquable  et donne un bon éclairage sur la création et la théorie dans un domaine souvent mal connu comme celui de la danse contemporaine.

Philippe du Vignal

Ubu revue bilingue français-anglais n°52-53. 15 euros

Une famille aimante mérite de vous faire un vrai repas

Une Famille aimante mérite de vous faire un vrai repas de Julie Aminthe.

Le Théâtre A, c’est une jolie boîte blanche nichée  à deux pas de la mairie des Lilas qui possède  une école de théâtre. Fondé par Armel Veilhan qu’on peut voir en ce moment dans Le Naufragé au Théâtre de la Bastille (voir Le Théâtre du  Blog), c’est aussi un lieu de découverte de textes significatifs et prometteurs qui, régulièrement, font l’objet de mises en voix. Cette  Famille aimante a eu droit à trois  jours de répétitions avec des acteurs solides: Marie Fortuit, Serge Gaborieau, Françoise Le Plénier, et Florian Le Scouarnec- qui se figent dans une position  quand ils se déplacement de façon  géométrique, d’une pièce à l’autre de la maison familiale dessinée sur  le sol blanc.
Ariana, mère de famille hystérique se rêve parfaite mais traite ses enfants adolescents comme s’ils avaient deux ans, et a décidé d’organiser un repas sublime dont elle récite le menu à perte de vue, sans pour autant les lasser. Valère, le père  s’acharne sur un nettoyage névrotique de la cuisine. Les deux enfants Florane et Léonard semblent surpris de l’absence de Rose-Marie,  leur sœur aînée qui a quitté la maison familiale pour ne plus revenir. Le repas n’aura jamais lieu, les mets commandés à l’extérieur n’arrivent pas, le père très autoritaire au départ avoue à ses enfants puis à sa femme qu’il a été mis à la porte de son entreprise depuis un an pour avoir volé dans la caisse. Tous les jours, il erre dans la ville en voiture jusqu’à 18 h et la mère est alcoolique. Mais les enfants n’ignoraient rien des aveux qu’on leur fait. Un beau nœud de vipères familial qu’on aimerait voir sur un  plus grand plateau.

Edith Rappoport

Théâtre A, Les Lilas, le  3 décembre dans le cadre de La Boîte à outils du lundi.

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