Naissance
Naissance de Julien Guyomard mise en scène de Samuel Vittoz.
Étrange et fascinante parabole que cette pièce aux thèmes archaïques et empreinte d’un grande noirceur, surgie d’une lecture de Nietzsche dont un extrait d’Ainsi parlait Zarathoustra est cité en exergue dans le programme. Julien Guyomard a bénéficié d’une résidence à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon depuis en 2006 pour l’écrire.
L’histoire? Au sein d’une communauté paysanne, c’est la fin des récoltes. Tout le monde est réuni pour la fêter dignement mais aujourd’hui, l’heure n’est pas à la joie : les récoltes sont maigres, la famine menace et les familles ne s’agrandissent plus. Il se passe forcément quelque chose.
Pour conjurer ce qui semble être le mauvais sort, une sorte de prêcheur, » l’Ordonnateur » n’a qu’une idée : appliquer les préceptes du Livre saint, recueil des paroles de l’Immobile, la figure divine locale. « On fait n’importe quoi, rien ne pousse, sont frappés par l’Immobile ceux qui tentent d’altérer sa parole ».
Si ce livre est bien lu et que les prières sont bien faites, il ne pourrait rien arriver de mauvais à ces pauvres paysans.Vertu du verbe? Mais, au milieu de la cérémonie, le fils du porteur d’eau, le dernier enfant du clan, découvre, par hasard, une partie cachée du recueil…
La pièce traite de ce qui fait parole démocratique et de la manière dont l’intelligence collective avance malgré la diversité des points de vue. Au-delà de l’interprétation des textes religieux, une question plus cruciale est sous-jacente, celle du comment vivre ensemble ? Les compagnons se révolteront par instants et une mère, violée, prostituée leur apporte la contradiction. Mais, à la fin de la pièce, une prise de conscience va tous les amener à reprendre la culture des champs abandonnés…
Malgré une langue savoureuse et dite avec une belle énergie par les comédiens (Gwendal Anglade, Jean-Baptiste Azema, Éric Charon, Damien Houssier, Éric Jovencel, Nans Laborde Joudàa, David Seigneur, Élodie Vom Hofe) qui, tous, maîtrisent bien leurs personnages, le public reste quelque peu égaré dans les chemins obscurs où veut nous emmener Julien Guyomard.
On ne voit en effet pas vraiment » les archaïsmes toujours à l’œuvre dans notre société contemporaine qu’il veut nous nous montrer (…) mais qui apportent une « lumière de notre animalité et de nos comportements ».
Edith Rappoport
Spectacle vu au Théâtre de Vanves le 15 décembre.
Maison du Développement culturel de Gennevilliers du 23 au 25 janvier à 14h30 et 20h30, et le samedi 26 Janvier à 14h30.T: 01-40-85-60-92.
Château de la Roche-Guyon du 26 au 28 avril, T: 01-34-79-74-42