Solness, constructeur

Solness le Constructeur  d’Henrik Ibsen, mise en scène de Jean-Christophe Blondel

« La brièveté de la vie devrait nous garder de la séparation pédante des âges-comme si chaque âge apportait quelque chose de nouveau-, et ce serait l’affaire d’un poète de nous montrer une fois l’homme qui, à deux cents ans d’âge, vivrait véritablement sans contes et sans jeux. » Cette phrase de Nietzsche tirée d’Opinions et Sentences Mêlées ouvre l’histoire de Solness, campée avec une belle vigueur par Jean-Christophe Blondel et ses comédiens et  musiciens.
Solness,est un architecte vieillissant, à  la réputation quelque peu  usurpée; il  a construit nombre de logements résidentiels dans la ville où il réside, grâce à un collègue de grand talent qu’il a mis en faillite et dont il a volé la clientèle. Ce collègue mourant travaillait  avec son fils qui doit se marier avec la secrétaire de Solness, tombée sous la séduction de l’usurpateur.  Solness a une femme soumise et prête à tout accepter (étonnante Valérie Blanchon) qui s’efface devant la volonté impérieuse de son mari, dès qu’elle se manifeste. La dernière commande  de  l’architecte s’achève: des logements surmontés par une tour, dont on dit que l’architecte a peur. Survient une jeune fille qui dit avoir eu, dans son enfance,une relation amoureuse avec Solness qui lui aurait promis de lui construire  le château dont elle rêve.
  Mais il ne la reconnaît pas, tombe sous son charme;  elle le poussera dans ses retranchements et lui fera  avouer la perte de jumeaux, dont sa femme ne se remet pas, pas plus que de l’incendie de la maison familiale et des poupées de son enfance. Solness, poussé à bout, surmonte sa frayeur panique des grandes hauteurs, il escalade « sa tour » et tombe dans le vide.

Jean-Luc Cappozzo à la trompette et Benjamin Duboc à la contrebasse interprètent aussi avec talent l’architecte mourant et son fils dont Solness ne veut pas se séparer, car c’est lui qui dessine les plans. Philippe Hottier,  tour à tour impérieux, vicieux, retors et misérable incarne un Solness usurpateur du talent d’autrui. Mais Éléonore Jonquez ( la jeune fille Hilde, au jeu monocorde et impérieux est trop linéaire. Malgré la longueur du spectacle-trois heures-aéré par un petit entracte pour  changer le décor d’une scénographie simple et remarquable de Marguerite Rousseau, on ne décroche pas un instant.

Edith Rappoport

Théâtre de l’Opprimé,le  21 décembre et en tournée en Normandie, jusqu’au 18 avril.

 


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