The second Woman
The second Woman mise en scène Guillaume Vincent, musique de Frédéric Verroère, direction musicale Jean Deroyer
Le théâtre des Bouffes du Nord, dont on ne sait s’il est en cours de réfection ou de démolition, était un décor tout désigné pour accueillir cet opéra décalé.
Le spectacle commence par des répétitions avec une diva fantasque, un pianiste, un baryton, une colorature, une chanteuse et un metteur en scène. Mais les incidents et les conflits se multiplient entre les interprètes, le metteur en scène, le décorateur…
Librement inspiré du film Opening Night de John Cassavetes, où Gena Rowlands répète une pièce intitulée The Second Woman, le livret suit étape par étape une production, depuis les répétitions avec piano jusqu’à la première avec l’orchestre. Guillaume Vincent, le metteur en scène, parle d’un « opéra quasi pirandellien, où la réalité se frotte à la fiction, avec, comme personnage principal, la musique elle-même« . En effet, le compositeur,Frédéric Verrières, s’est amusé à revisiter le répertoire lyrique du XVIIIe au XXIe siècle ( Verdi, Puccini, Ravel, Debussy) tout en explorant le folklore (un chant des Balkans), la variété, via des imitations de Véronique Sanson ou Brigitte Bardot sans négliger l’usage du sampler. Il a pour complice l’ensemble Court Circuit, familier de l’IRCAM et rompu aux expériences interdisciplinaires comme l’ »omni’ (objet musical non identifié) ; l’orchestre apparaît au dernier acte quand le rideau tombe en fond de scène : c’est alors que se remettent en place les pièces d’un puzzle musical réjouissant.
Pas seulement parodique, The Second Woman envisage une véritable réflexion sur ce que peut être un opéra populaire et contemporain, et sonne ainsi le renouveau du genre.
Mireille Davidovici
Prochaine représentation: le 3 janvier au Blanc-Mesnil. A voir ou revoir sur Arte Web