L’Autre

L’Autre photo12-martin-firket

©martin firket


L’Autre,
de et avec Claudio Stellato

L’homme avance, à tous petits pas, et ploie sous le poids d’une commode posée sur ses fragiles épaules. Diagonale du fou, maîtrisée, lente. Où va-t-il, que fait-il?  Nos regards l’accompagnent. Au milieu du plateau, subrepticement, il  dépose cette commode en d’habiles acrobaties et d’instables équilibres, tout aussi contrôlés, se métamorphosant en homme sans jambes ou en escargot portant sa maison.
Le meuble se transforme en caisse claire, mais celle-ci n’est pas ronde et fait disparaître ses quatre pieds. L’homme essaie de s’y glisser, rabat le couvercle et se joue de nos illusions tel un pantin désarticulé : la jambe se désolidarise du tronc et passe par-dessus, les mains sont indociles, et la tête dodeline on ne sait comment.
Arrive dans notre champ de vision, avec cette même lenteur et comme un nouveau mirage, une longue, très longue caisse, type corps de pendule en grand, cercueil sans forme pour personne longiligne, ou cabine de douche avant montage. La petite, rencontre la grosse caisse, sans fanfare ni trompette et la cale. L’homme se glisse, de l’une à l’autre, apparaît et disparaît. La longue caisse, imperceptiblement, accomplit une rotation à 180° et l’homme tente de remonter la pente. Le tapis rouge qui délimite l’aire de jeu ondule, transformant le plateau en une installation. Entre Magritte de Parallax qui pose la question de la réalité ou celui de Blue motion à l’organisation discordante, l’homme-acteur-danseur-illusionniste (Claudio Stellato), fait figure de météorite tombée du ciel. Soudain une lucarne s’ouvre et, par le jeu des illusions, montre une tête sans corps, tel un Saint Jean-Baptiste après la danse des sept voiles.
L’objet est personnel, singulier mais il reste muet, fermé, presque autiste et a des airs de se prendre au sérieux. Le tout est un peu glacé, plutôt cérébral et assez lointain, le devoir appliqué du perfectionnisme. Le final l’habille de pince-sans-rire sur fond de valse et d’un peu de vie, ce qui fait défaut avant.
Dernière illusion : l’Autre, apparaît au salut, copie conforme de l’Un, à moins que ça ne soit le contraire. Martin Firket signe avec Claudio Stellato, scénographie, costumes, son et lumières. Et comme le dit Albert Camus : « Sisyphe regarde alors la pierre dévaler en quelques instants vers ce monde inférieur d’où il faudra la remonter vers les sommets. Il redescend dans la plaine…Il faut imaginer Sisyphe heureux ».

Brigitte Rémer

Le Tarmac, du 18 au 21 décembre. Jeunes publics, à partir de 7 ans.


Archive pour 27 décembre, 2012

« …A la Française

…A la Française !  d’Edouard Baer.

Avec cette nouvelle création,  Edouard Baer a fait le pari que son public, le temps d’une soirée, retomberait amoureux de la France. Il  joue le rôle de Luigi, lequel personnage  est mandaté par le Ministère des Affaires étrangères pour organiser une soirée du G20 à la gloire de l’ l’hexagone.
 C’est une sorte de cabaret satirique avec une succession de numéros mais c’est aussi un hommage au music-hall du passé et aux chansonniers. Avec, comme décor, juste un châssis mobile,  une porte tournante et, en fond de scène,  quelques affiches des anciens spectacles de l’artiste.
Les personnages se succèdent en chantant leur amour de la France. Cela va d’évocations quelque peu caricaturales  du passé de la France-les amoureux de Peynet et le pays aux  365 fromages- à des références plus sérieuses et plus personnelles chères à Edouard Baer,  comme la délation et les sombres heures de l’Occupation  allemande. Tout cela en chansons. Le public voyage ainsi à travers l’histoire de notre pays.
Edouard Baer   s’est entouré de  Philippe Duquesne et d’Atmen Kelif qui débordent d’énergie. Leïla Bekhti (qui joue en alternance avec Léa Drucker) est juste et authentique. On peut aller voir cette  satire de la France et de ses contradictions,  si on aime le personnage d’Edouard Baer  au côté  dandy parisien et à l’humour caustique qui déclare volontiers :  » Je suis un artiste, je n’ai pas demandé à venir au monde,  et il y a un moment où il faut me ménager » !!!

Nathalie Markovics.

Théâtre Marigny jusqu’au 26 janvier .

Exposition Music Hall

Exposition Music Hall au musée des Arts forains.

Exposition Music Hall  photo-1Comme chaque année, au moment des fêtes de Noël, le musée des Arts forains ouvre ses portes au public pour quinze jours.  Il avait accueilli, l’an passé quelque  50.000 visiteurs.
Cet ensemble privé   de 5000 m2, dans le parc de Bercy à Paris  et unique en France,comprend trois espaces: le musée des Arts Forains, les salons vénitiens et le Théâtre du merveilleux.
Jean-Paul Favand,  son  président  n’aime pas l’immobilisme des musées, et a constitué au fil du temps un ensemble d’exposition/spectacle composé de manèges, de boutiques foraines, d’automates et de différentes attractions qui « permet au public de faire une visite à vivre et à respirer» » Comme un autre « faiseur de rêve », Philippe Genty, il considère l’objet comme un acteur à part entière. Ici induit l’imaginaire, et le public peut  le manipuler. Jean-Paul Favand souligne l’importance des lumières et des vidéos projetées dans les espaces d’exposition, où l’on découvre l’objet autrement.
Avec lui,  quatorze  personnes font vivre cet endroit. Pour cette fin d’année, paillettes et plumes du music-hall ont envahi les trois espaces. Chevaux de bois avec des couronnes de plumes, anciens mannequins poussiéreux aux  costumes en strass dessinés par les créateurs des Folies-Bergère, comme, entre autres, le russe Romain de Tirtoff dit Erte et le hongrois Michel Gyarmathy.
Le public pourra découvrir la dernière robe portée par Joséphine Baker en 1975 à Bobino,  dont le nom et celui  des Folies-Bergère  évoque les grandes heures du « music-hall, » terme  qui a toujours réuni les différents arts d’un  spectacle avec des numéros de cirque  et  les revues. Et où des marionnettes croisaient des chanteurs de variété plein d’avenir ou des danseuses de french-cancan. Zizi Jeanmaire, qui dansait sur une chorégraphie de Roland Petit et des costumes d’Yves Saint-Laurent, était programmée en même temps que Jacques Brel et Michel Legrand à l’Alhambra en 57…
Gérard Sety, transformiste connu, passait de l’Olympia aux Folies-Bergère et jouait le même soir que Les Autruches de Philippe Genty,  court spectacle qui était inséré dans la revue Folie je t’adore en 78. Pendant quinze jours, le public pourra  découvrir un peu l’âme de ces lieux parfois disparus aujourd’hui. Pour l’occasion, trente-cinq intermittents du spectacles viennent animer toute les demi-heures les Salons Vénitiens, (un spectacle de vidéo, des automates ou un numéro de magie), et le théâtre du Merveilleux qui accueille  aussi  un spectacle vidéo, un numéro aérien ou de jonglage, ainsi que des « chansons d’Hier et de Toujours ». Dans ce dernier lieu, les costumes des Folies-Bergère sont très joliment mis en valeur, en même temps que les costumes des « Oiseaux de Paradis « , une troupe qui,  depuis 81, perpétue par ses actions l’esprit du Music Hall. Ces costumes entourent des instruments automatiques en fonctionnement, comme, entre autres, un piano à queue ou un carillon musical. Une femme automate juchée sur un éléphant, observe le public.
Enfin, dans l’espace du musée des Arts Forains, le public peut enfourcher les chevaux de bois ou les vélocipèdes de deux manèges. Il y a aussi une marionnette géante, dans les allées de Bercy, sous le regard protecteur des membres de la sécurité civile, dont la présence est indispensable, vu le nombre de visiteurs attendus  chaque jour. et  il y en a déjà eu 4.800 le premier jour d’ouverture!
« Moi j´aime le music-hall, Ses jongleurs, ses danseuses légères, Et le public qui rigole, Quand il voit des petits chiens blancs portant faux col. Moi, j´aime tous les samedis, Quand Paris allume ses lumières, Prendre vers huit heures et demie, Un billet pour être assis, Au troisième rang pas trop loin, Et déjà voilà le rideau rouge, Qui bouge, qui bouge, bouge …comme  le chantait  Charles Trenet.

Jean Couturier

Musée des arts forains  jusqu’au 6 janvier, de 10h à 18h sans réservation. Tarif : 12 euros, réduit : 10 euros, enfant jusqu’à 11ans : 5 euros

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