Calme

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Calme de Lars Norén, d’après la traduction de Camilla Bouchet, adaptation et mise en scène de Jean-Louis Martinelli

Lars Norén, à soixante-huit ans, a écrit plus de quarante pièces traitant le plus souvent de maladies psychiques, perversions sexuelles et relations  conflictuelles, voire violentes, entre parents et enfants. Proche de Strindberg, Ibsen et Tchekov mais aussi de Bergman auquel il a succédé un temps à la tête du Théâtre National de Suède, il est maintenant bien connu en France et c’est sa quatrième pièce après Catégorie 3.1 en 2001 déjà, Kliniken (2007) et Détails (2008) que le directeur du Théâtre des Amandiers-Nanterre  met en scène.
Calme est une œuvre déjà ancienne que Lars Norén a écrite à cinquante ans en 84. « C’est, dit Jean-Louis Martinelli, la plus autobiographique et il applique à sa famille, le même traitement d’écriture que dans Catégorie1.3″. Au bout du compte, Calme serait comme un concentré d’une vie de famille sur une journée… Avec, bien entendu, une bonne dose d’autobiographie et John représente Lars à 25 ans : «J’ai peut-être continué à développer ça : un œil d’enfant qui espionne, le détective privé de la famille», dit le dramaturge qui a eu une triste enfance: un père alcoolique, une mère esseulée et qu’il perçoit distante, et un frère rival parce que plus aimé. Calme ? Oui,  après la tempête qui secoue les personnages de cette saga familiale, deux jours durant,  où ils se reprochent  leur solitude et  leur manque  d’amour. Mais, à la fin, pour  continuer à  vivre, seule solution: l’oubli : «On est obligé d’oublier. Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? »
On n’est pas dans le réalisme, ce sont des moments de vie accolés sans que  l’auteur nous raconte réellement une histoire. La pièce rappelle Automne et Hiver où Lars Norén analysait la vie de quatre personnages qui finissaient par révéler les non-dits jamais exprimés et enfouis dans leur inconscient: le père, la mère et les deux filles dont la plus jeune se révoltait.

Ici, cela cela se passe dans un hôtel-restaurant au bord d’une plage -les parents de Norén étaient restaurateurs- et quand la pièce commence, Ernst, le père qui a  la cinquantaine, téléphone à quelqu’un de sa famille pour le supplier de l’aider financièrement à renflouer son entreprise que les clients ont désertée. Au bord du dépôt de bilan, il lui faut très vite rembourser  3.000 couronnes, sinon, il devra vendre son unique bien. (Cela a des airs de La Cerisaie qu’une famille va être obliger de quitter… )
L’unique serveuse, comme on l’apprendra dans une scène suivante, n’a pas été payée depuis deux mois! Et Ernst, sans être jamais vraiment ivre, va trop souvent à la cave pour se consoler à coups d’aquavit. Sa femme, atteinte d’un cancer, sait qu’elle n’en a plus pour très longtemps. Quant à leurs fils,  John est vaguement  poète et vit à Stockholm, probablement d’expédients et Ernst lui envoie de l’argent en cachette. Ce que découvre et lui reproche avec violence Ingemar, son autre fils qui va emmener sa mère Léna à la clinique pour connaître le résultat de ses derniers examens. Bref, l’atmosphère est lourde dans cet hôtel déserté et un peu minable dont la salle à manger  donne sur la mer.

Ernst et Léna, un vieux couple n’a pas divorcé et les enfants devenus grands sont restés leurs enfants, même si John n’a pas donné de ses nouvelles depuis plusieurs mois et si Ingerman n’est pas spécialement tendre avec son père qu’il accable de reproches. Bref, que du très banal! Et il y a, dans cette longue journée, comme une sorte de catharsis familiale; tous les quatre auront pu enfin se parler et un indispensable dialogue aura eu lieu.
Rien, bien entendu, ne sera réglé pour autant mais la vie continuera, pas très brillante, avec sa cohorte de bonheurs et malheurs: Léna mourra dans quelques mois, c’est désormais une certitude. John restera sans doute un poète raté incapable prendre sa vie en mains, Ingemar aura le plus grand mal à  quitter cette maison qu’il a pourtant en horreur. Et Ernst restera jusqu’au bout avec sa femme désormais en phase terminale comme on dit… L’hôtel-restaurant fermera et la femme de chambre sera au chômage.

Mais, au moins, les choses auront été dites et comme le remarque finement Jean-Louis Martinelli: « C’est l’apaisement après la crise, parce que l’énonciation a pu se faire ». Bref, il y a de la fonction « phatique » dans l’air: on parle, on parle même beaucoup, presque toujours dans un dialogue à deux où  émergent alors tous les anciens non-dits jamais proférés comme  dans une famille après un décès. Mais ici, léger bémol: le décès n’a pas encore eu lieu…Et c’est passionnant et sans doute là, dans cette frange entre la vie et la mort, l’émotion est la plus palpable…

Après l’entracte, on retrouve la même famille mais sur la plage figurée par une grande toile-photo. La confrontation devient plus dure et tourne même au pugilat  entre les frères, devant une mère affaiblie qui distribue déjà ses vêtements et qui va trier ses papiers avant sa disparition programmée par les médecins. Même si Ernst lui dit qu’ils auront de petits enfants et qu’il fera tout pour qu’elle s’en sorte…  Mais y croit-il lui-même? On ne le saura jamais. Une des dernières phrases de Léna à son fils fait froid dans le dos:  » Je vais mourir, John et tu vas être obligé de te débrouiller tout seul ».

La mise en scène de Jean-Louis Martinelli est exemplaire d’intelligence et de  précision et sa direction d’acteurs sans défaut. C’est un beau travail sur le texte et sur l’interprétation que l’on peut en donner: Delphine Chuillot, Jean-Pierre Daroussin, Alban Guyon, Christiane Millet et Nicolas Pirson sont tous les cinq remarquables de vérité. Aucune criaillerie, aucun effet inutile, aucun cabotinage mais la vérité d’une vie familiale recréée à quelques mètres de nous. Les spectateurs, très attentifs,  écoutent ces discussions comme celles de proches parents…
Sur le grand plateau de Nanterre, le metteur en scène a réussi à créer une sorte d’intimité entre les personnages mais aussi une belle complicité avec le public. Mais l’entracte, sans doute nécessaire vu la longueur du texte, casse le rythme et la dernière heure, malgré la montée des antagonismes, peine à trouver son rythme. Sans doute, tout a été dit et on a un peu de mal à garder son attention une heure de plus. Mais la tentative de ces êtres pour parvenir à une sorte de vérité personnelle est tout à fait impressionnante et l’on sort de Nanterre, comme libéré et  finalement assez heureux.
Vraiment, allez-y (neige ou pas neige, la navette fonctionne bien) et vous ne le regretterez pas.

Philippe du Vignal

Théâtre des Amandiers-Nanterre, ( Hauts-de-Seine) jusqu’au 23 février.


Archive pour janvier, 2013

Intégrale Buchner Woyzeck, La Mort de Danton, Léonce et Léna

Intégrale Büchner  Woyzeck, La Mort de Danton,  Léonce et Léna, traduction de Jean-Louis Besson et Jean Jourdheuil, mise en scène de Ludovic Lagarde.

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© Pascal Gely/Pascal Gely/ArtComArt

Büchner né en 1813 et mort du typhus vingt trois ans plus tard seulement-n’aura eu que peu de temps pour écrire ses trois pièces qui sont devenues depuis mythiques, sorte de phares de la création théâtrale contemporaine, et que tout metteur en scène rêve un jour de monter.
D’une intelligence et d’une sensibilité hors du commun, ancrées dans leur temps et pourtant d’une étonnante modernité, elles ne cessent de nous fasciner à la fois par leur scénario  et  leur dialogue. Et elles auront influencé nombre d’auteurs dont Brecht…

Woyzeck, la dernière (1837)- malheureusement laissée inachevée mais sans doute  la plus montée,- a été inspirée à Büchner par un fait divers: l’histoire d’un crime passionnel, celui commis par un pauvre homme, simple soldat et amoureux d’une jeune femme,  qu’ilva finir par la tuer à coups de couteau. Woyzeck,  comme le dit très justement Ludovic Lagarde,  est une exclu de la société comme on dirait maintenant, il n’a ni la culture ni le langage donc pas le pouvoir des mots des  chanceux qui ont suivi des études. Ce n’est pas pour rien que les ouvriers typographes ont toujours été à l’initiative des mouvements révolutionnaires et  une pièce de Dario Fô, un siècle plus tard  aura pour titre: L’ouvrier connaît trois cent mots, le patron 1.000; c’est pour cela qu’il est le patron.
Le meurtrier Woyzeck, pauvre et désemparé face à l’injustice, comme le génial Büchner l’avait  bien analysé, est la victime d’une société conformiste et obéissante aux  principes moraux de l’Eglise toute puissante à l’époque: « Pauvres gens que nous sommes… Voyez-vous, mon Capitaine, l’argent… l’argent ! Celui qui n’a pas d’argent… Allez donc mettre un enfant au monde avec de la morale ! »
Il y a aussi chez le tout jeune auteur allemand d’étonnantes intuitions quand il cherche à  peindre  Woyzeck: « Chaque homme  est un abîme, on a le vertige quand on se penche dessus ».

Cette intégrale Büchner n’obéit à aucune  raison valable- on n’en voit pas bien le fil rouge- et dire que la première des trois pièces est maltraitée par Ludovic Lagarde est un euphémisme! Imaginez une scène-déjà trop vaste pour l’accueillir mais on aurait pu quand même la réduire  et c’est un travail de scénographe qui n’ pas été fait- encombrée d’un décor sans intérêt: un salon bourgeois, avec quelques meubles et quelques chandeliers  qui semblent perdus dans ce trop grand espace où il  y a côté cour, un lit  et une pianiste qui joue quelques airs-on se demande bien pourquoi, et,  côté jardin, le grand  bureau du médecin joué ici par une comédienne! Sans doute un clin d’œil freudien? Et, comme un bébé cela pleure, allons-y, les cris de celui de Marie sont sonorisés, même s’il couvrent parfois les  dialogues.Si, si c’est vrai!
Dans le fond de scène, il y a une large bande, censée sans doute représenter l’extérieur,  séparée par un écran de tulle/miroir sans tain, où quelques jeunes gens, à un moment, marchent au pas en file indienne et où aura lieu, dans la brume et les grondements de tonnerre, le meurtre de Marie. Les voix sont souvent sonorisées, ce qui renforce encore la distance et l’absence de corps des personnages  que les comédiens, dans ces conditions , ne peuvent rendre crédibles un instant. Laurent Poitrenaux et Servane Ducorps, au demeurant excellents acteurs-mais ici peu ou pas dirigés par Lagarde qui semble s’être davantage préoccupé de faire de belles images-ne sont ici que l’ombre d’eux-mêmes. Cela dure l’éternité alors que la montre n’affiche que soixante minutes!
Cette mise en scène indigente dans un décor presque luxueux , alors que nombre de jeunes metteurs en scène ont monté la pièce avec trois bricoles mais non sans succès, est à la fois aussi peu intelligente que prétentieuse. On a échappé provisoirement aux images  vidéo mais on ne perd rien pour attendre…
En fait, tout se passe comme si Lagarde, au lieu de faire simple, avait voulu faire compliqué et avait fait joujou avec la pièce, ce qui  est  très à la mode… Et donc rien, pas la moindre petite émotion, n’arrive à passer! Bref, un cas d’école pour tout apprenti metteur en scène. Livchine aurait sans doute dit: « Trois mois de prison sans sursis ». Nous ajouterons « avec obligation de regarder chaque matin de cette intégrale Büchner! ».

leonce-300x191Après  nous avons eu droit à vingt minutes d’entracte (il faut bien changer le décor!)  puis le spectacle a repris avec La Mort de Danton, qui ne fut créée qu’en 1902 mais qui  a été souvent montée, en particulier et superbement par Georges Lavaudant (voir Le Théâtre du Blog).
Sur le plateau, le même fond de scène ou à peu près, avec à la face, une porte à deux battant surmontée d’un œil-de-bœuf où on verra successivement en vidéo un œil humain inquisiteur qui regarde la scène,  une cocarde tricolore, un vrai œil de-bœuf ou du moins d’animal, une trèfle puis un pique de carte à jouer et un couperet de guillotine… Et ,  l’image est agrandie en fond de scène quand on ouvre les portes pour que le public voit bien le dessin. Aussi bête que pathétique! Lagarde aurait pu avoir la gentillesse de nous les épargner ces ridicules petits inserts vidéo! Aurait-il  eu peur que le public, sans doute considéré comme un grand benêt, ne comprenne pas bien que cette  pièce en quatre actes traite des enjeux de la Révolution et de la Terreur des années 1790?Dans une chambre, il y a un lit très grande taille avec quatre oreillers où toute l’action va  se jouer.

La pièce, construite en quatre actes,  fait revivre Danton et  Robespierre dont le positions révolutionnaires n’étaient pas identiques. Et  Robespierre décidera, sans être vraiment sûr du bien-fondé de sa décision, d’éliminer son rival. Mais Danton, peu clairvoyant, est à peu près sûr que la Convention n’osera pas prendre une telle mesure contre lui et dit à son épouse qu’il a des remords quant aux massacres. Emprisonné, il devra en répondre devant les députés, et Robespierre et Saint-Just feront pencher le peuple contre  lui dont le programme ne leur parait pas applicable. Danton et tous ses amis seront donc condamnés à mort. Sa femme Julie s’empoisonnera  et Lucie, celle de Camille Desmoulins guillotiné à 34 ans,  devenue folle,  criera: « Vive le Roi » signant ainsi son exécution qui eut lieu un semaine plus tard…
La mise en scène de Lagarde-soyons honnêtes- a un peu plus de vie que Woyzeck mais reste statique, les personnages féminins sont ectoplasmiques comme les jeunes amis de Danton, et  seul Laurent Poitrenaux a parfois de beaux moments, surtout vers la fin. Mais les environnements sonores des cris à la Chambre des députés qui se répètent, tournent au procédé.
De nouveau vingt minutes d’entracte, et on en revient  à une scénographie comparable à celle de Woyzeck, pour  Léonce et Léna, une sorte de conte  non dénué d’amertume sur le sentiment amoureux racontée avec beaucoup de sensibilité par Büchner. Dans un royaume de fantaisie, Léonce, fils d’un  roi   un peu gâteux,  fait une fugue pour ne pas être contraint d’épouser Léna, une princesse héritière qui a fui également sa famille. Büchner nous invite  à une réflexion sur le pouvoir et sur l’amour à la Shakespeare.
Mais les deux héros finiront quand même par se marier. »Toutes nos vacations sont farcesques,  disait déjà Montaigne « . Et La pièce est écrite dans un style tout à fait étonnant, loin de tout romantisme fleur-bleue:  » Et maintenant, attention, mesdames et messieurs, les voilà à un stade intéressant, le mécanisme de l’Amour commence à se manifester. Plusieurs fois déjà, le monsieur a porté le châle de la dame, et plusieurs fois la dame a tourné vers le ciel un regard éperdu. A maintes reprises, tous deux ont déjà chuchoté : foi, charité, espérance ! Tous deux, déjà, donnent l’image d’un accord parfait, il ne manque plus que ce tout petit mot : amen ».

Ludovic Lagarde se sort un peu mieux de cette comédie, les personnages sont un  peu  plus vivants  mais  mieux vaut avoir déjà lu ou vu Léonce et Léna, si on veut comprendre un peu ce dont il s’agit… On regarde les scènes se succéder sans que là encore rien ne passe vraiment. Une bonne partie  du public a déjà déserté;  ce qu’il en  reste pendant cette cinquième heure  semble  comme anesthésié. Les applaudissements ont été assez maigres et il y eut même quelques sifflets. Ce n’était pas volé…
C’est la même équipe de comédiens qui a officié dans les trois pièces pendant presque cinq heures et on ne peut que saluer leur travail. Mais plus jamais Lagarde avec Büchner! Maintenant si le cœur vous en dit… Mais vous n’y trouverez qu’une très pâle et mauvaise copie de ces trois pièces. Que sauver d’un tel désastre? Pas grand-chose sinon quelques belles images sur papier glacé! C’est, en tout cas, plus que dommage d’infliger un tel traitement  à l’œuvre de celui que Jean-Christophe Bailly qualifie avec raison de « comète de la littérature allemande ».

Philippe du Vignal

Théâtre de la Ville jusqu’au  25 janvier.

La Nef-Manufacture d’Utopies

La Nef-Manufacture d’Utopies à Pantin.

Le lieu qui abrite la  compagnie, tous deux dirigés par Jean-Louis Heckel, a ouvert ses portes en 2007 dans une ancienne briqueterie de Pantin.  Actuellement directeur pédagogique de l’Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézières a le parcours d’un pigeon voyageur,  puisqu’il a constamment développé son art de la marionnette, quel que soit son lieu de nidification. Il avait  découvert le jeu théâtral à l’Ecole Jacques Lecoq à Paris, il intègre la compagnie Philippe Genty et part en tournée dans le monde entier pendant dix ans.
Après un passage au théâtre du Rond-Point chez Jean-Louis Barrault, il crée en 1986 la compagnie du Nada-Théâtre avec Babette Masson, et il prend avec elle  la direction du Centre culturel des Ulis de 97 à 2005. La Nef a déjà une histoire, puisqu’elle a déjà accueilli plusieurs projets en résidence, des stages de formation professionnelle et les dernières créations de Jean-Louis Heckel, La Grande Clameur et Profession Quichotte.
Aujourd’hui, l’espace  de quelque 300m2,  mis aux normes de sécurité, peut recevoir une soixantaine de spectateurs. La Nef-Manufacture d’utopies fait partie des cinq structures en Île de France missionnées par le Ministère de la Culture pour promouvoir les arts de la marionnette qui va rencontrer ici, la danse, le théâtre de texte, la musique et les arts plastiques.
La Nef intègre un atelier de fabrication, et  va poursuivre son accueil de projets,  pour les présenter aux professionnels et au grand public. Lieu de création, de vie et de compagnonnage,  lieu d’utopies en tout genre, la Nef veut redonner de la valeur à l »action culturelle », terme  trop souvent synonyme dans le passé de non-professionnalisme.
Les membres de la Nef, pour cette fête de la réouverture, vont construire un mur d’utopies, aidés des spectateurs,  qui sont invités à venir,  avec des morceaux de papier peints, constituer une fresque;  d’autres animations auront lieu ces trois jours consécutifs. Situé dans la rue Rouget de Lisle, tout un symbole ! La Nef  va connaître un beau début d’année, au public de Pantin  venu la découvrir.

Jean Couturier

Fête de réouverture de la Nef : les 18, 19 et 20 janvier.

L’émission

L’Emission de Sabine Revillet, mise en scène de Johanny Bert.

Avant de s’installer  au Théâtre Mouffetard à l’automne 2013, le Théâtre de la Marionnette à Paris a eu la bonne idée d’inviter Johanny Bert, nouveau directeur  du Centre Dramatique de Montluçon, à présenter L’Emission, un spectacle en appartement dont la première a eu lieu hier à Malakoff.
L’équipe  installe une nappe blanche  immaculée sur une grande table autour de laquelle on a installé vingt  spectateur, et un petit écran de  télévision qui surplombe ce plateau où  Valérie Vivier et Laetitia Le Mesle manipulent de minuscules figurines, des jouets d’enfants en plastique.
Un drame terrifiant va se jouer  aux antipodes du réalisme: un couple est en train de dîner: John est scotché devant la télévision et sa femme le harcèle avec des questions qui le laissent indifférent. Obsédée par ce qu’elle a acheté pour le repas, elle est terrifiée par les insectes qu’elle sent rôder dans l’appartement. Un couple d’amis-lui est devenu célèbre car il a perdu sa jambe pour remporter le prix du jeu de l’émission-s’ébat dans un salon.
Et, sur un écran de  télévision, on voit  les concurrents d’un jeu qui  sacrifient leur vie pour  conquérir la célébrité. On ne vous en dira pas plus: les deux dénouements sur le plateau comme sur l’écran  sont effroyables et  il vaut mieux éviter les commentaires sur les ravages de l’audiovisuel! Big Brother pourrait nous anéantir…
C’est bien réalisé par Johanny Bert et interprété avec une belle maîtrise par  les deux comédiennes. Après le spectacle, le public se réunit autour des bouteilles et des petits plats qu’il avait  apportés …

Edith Rappoport

A Malakoff, le 15 janvier.

http://www.theatredelamarionnetteaparis.com T:  01- 44-64-79-70

 

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La Vie est un Rêve

La Vie est un Rêve  vida

©Pierre Grosbois

La Vie est un Rêve de Pedro Calderón de la Barca, texte français de Denise Laroutis, mise en scène de Jacques Vincey.

Pedro Calderón de La Barca  (1600-1681)-dramaturge très chrétien et favori de la cour du roi Philippe IV qui fut ordonné prêtre à cinquante et un ans- est l’auteur de quelque deux cent  pièces, dont certaines bien connues en France comme  L’Alcade de Zalamea,  Le Prince constant,  Le Médecin de son Honneur, La Dévotion de la croix, Le Magicien prodigieux et La Vie est un rêve, plus connue sous son titre habituel: La Vie est un Songe  et 70 auto-sacramentales.
 La pièce mythique, sans doute inspirée d’un conte des Mille et une nuits, est l’une des plus célèbres du théâtre  européen, mais  aussi l’une  des plus difficiles aussi à monter. Avec un thème universel-Calderón est assez  proche de Shakespeare-l’illusion permanente où nous vivons. C’est sans doute l’un des mots les plus fréquents de la pièce, et l’incapacité fréquente des êtres humains  » à distinguer nettement  la veille d’avec le sommeil ». Ce que   constatait aussi René Descartes à la même époque. Incapacité aussi  à trier le vrai du faux dans leur vie quotidienne alors que  le monde change, que les repères basculent, et que la  jeunesse s’enfuit. « Les années nous viennent sans bruit »,  disait déjà Ovide.
On est dans une Pologne imaginaire. Et dans une histoire de pouvoir royal qui tourne mal. Alfred Jarry connaissait-il la pièce quand il écrivit Ubu-Roi? Le roi Basile a vu dans le ciel des signes funestes,  à la naissance de son  fils Sigismond, et pour qu’il ne devienne un jour un tyran, il va le faire enfermer, seul, enchaîné dans une tour perdue dans les montagnes. Enchaîné, couvert de poussière et violent, il ressemble alors autant à une bête qu’à un homme Quand la pièce commence, Rosaura, une jeune fille séduite et abandonnée, est  arrivée en Pologne, déguisée en homme, pour se venger de son séducteur.
Sigismond que son père fait droguer et  met tout d’un coup sur le trône royal comme pour le tester, en lui faisant croire qu’il s’agit d’un rêve. En effet, Basile, comme pour mieux conforter cette sensation de rêve, le fera ensuite ramener dans la tour. Et l’on viendra ensuite  lui proposer de prendre le pouvoir, mais il a déjà pris assez de distance vis-à-vis de ses perceptions pour se méfier, et en effet le traitement que l’on lui fait subir, a de quoi rendre fou. Et le roi va être rattrapé par son destin, ce qui est aussi un thème de la pièce. Pour compliquer encore un peu les choses-la pièce a plusieurs intrigues secondaires-Sigismond va découvrir l’amour avec Rosaura qui a réussi à pénétrer dans le palais royal où vit celui qui l’a déshonorée.

Le rêve, comme le disent bien Jacques Vincey et son dramaturge Vanasay Khamphomala, est comme chez Shakespeare, autorise les déferlements les plus violents et les plus bestiaux… et le surgissement de visions terrifiantes dont tout l’enjeu sera de savoir de quelle manière et à quel prix les personnages, et avec eux, les spectateurs parviendront à se libérer. D’ailleurs, écrit Calderón, « l’expérience prouve que l’homme dans sa vie rêve ce qu’il est jusqu’à son réveil. Le roi se rêve roi et vit dans cette erreur en ordonnant, en disposant, en gouvernant. Et cette gloire qu’il reçoit en prêt, il l’écrit sur du vent, et la mort le réduit en cendres : Malheur terrible ! Dire que des hommes font tout pour régner, voyant qu’ils se réveilleront dans le rêve de la mort ! Le Riche rêve sa richesse, qui l’étouffe sous les ennuis. Le pauvre rêve qu’il subit sa pauvreté et sa misère. On se met à prospérer ? Rêve! On s’efforce, on s’agite ? Rêve ! On blesse, on fait du mal ? Rêve !Dans le monde, en conclusion, tous, nous rêvons ce que nous sommes et aucun ne s’en rend compte. »
La langue de Calderón,  foisonnante et haute en couleurs, bien traduite ici par Denise Laroutis, est l’une des plus magnifiques qu’on ait jamais écrites pour le théâtre, et plus de trois siècles après, continue à nous enchanter.
 La mise en scène de Jacques Vincey est tout à fait remarquable dans sa rigueur et sa précision- d’aucuns disaient hier soir une certaine sécheresse-et on a rarement entendu le texte de Calderón sonner aussi bien,  même si on peut avoir quelques réserves.
Vincey a intelligemment imaginé une seule pièce où toute l’action se passe, ce qui évite des changements de décors approximatifs. Mais Matthieu Lorry-Dupuy lui a construit un décor dont les portes s’abattent en avant, dans la poussière et le bruit pour laisser entre les personnages. Chic et choc, mais pas très malin, puisqu’ensuite les dites portes, une fois par terre, gênent la marche des acteurs, dont l’unité de jeu, par ailleurs, n’est pas toujours évidente. Avec, d’un côté, trois vieux routiers du théâtre qui connaissent bien leur métier: Philippe Duclos impeccable (Clotalde), Morier-Genoud (le Roi) tout aussi impeccable mais qui en fait parfois un peu beaucoup,  et Vieux, tout à fait étonnant dans le  rôle du fou Clairon, et une  bande de jeunes comédiens énergiques et pleins de vie: Antoine Kahan (Sigismond), Florent Dorin (Astolphe) qui se tirent bien de rôles pas faciles et Noémie Dujardin (Etoile) et Estelle Meyer, disons plus… inégales. A leur décharge, il faut dire que l’on se demande comment elle peuvent respirer, enfermées dans des bustiers très laids. Les autres costumes-un mélange bizarre d’armures et de vestes d’aujourd’hui imaginés par Olga Karpinsky- ne sont pas non plus des  plus réussis.

 Malgré ces réserves, le travail de Vincey est brillant et savoureux. Même si le début est un peu lent et si le spectacle-sans entracte en deux heures et demi-a quelques creux, on écoute fasciné par la fable de Calderón sur les valeurs  trompeuses auxquelles obéit  toute vie humaine.
Tiens, justement, une idée de bonne soirée pour Carla et Nicolas: Malakoff, en  voiture ex-présidentielle, n’est qu’à un quart d’heure de la Muette…

Philippe du Vignal

 Théâtre 71 de Malakoff puis à Nantes du 5 au 13 février; à l’Hexagone de Meylan,l e 21 février; au Perreux-sur-marne, les 28 février et 1er mars; à Draguignan le 5 mars et à Mulhouse les 21 et 22 mars.

Marilyn était chauve

Marylin était chauve, cabaret de crise par la compagnie Octavio.


Jean-Mathieu Fourt, Sophie Cusset et Gilles Ostrowsky, ces trois acteurs-clowns de grand talent nous ont régalés depuis 99 de spectacles singuliers. Ils ont accompagné Pierre Guillois au Théâtre du Rond-Point et au Festival Chalon dans la rue dans Les Caissières sont moches. Ils ont aussi conçu avec lui et  d’autres artistes Hop-Là Fascinus, joué  au Théâtre du Peuple de Bussang et à la Grande Halle de la Villette.

Ici, pour ce « cabaret de crise », les trois complices ont déployé une série de numéros  où ils osent aller jusqu’au bout du ridicule  avec  un pot-pourri de leurs numéros. Emmenée par Jean-Mathieu Fourt devant un rideau en lamé, une superbe Marilyn en robe de strass qui déploie toute sa séduction, et embauche dans le public un régisseur qu’il appelle Christian,  » puisque tous les régisseurs s’appellent Christian »…
Gilles Ostrowsky apparaît en ours énorme sur  un plateau  inondé de confettis, ses complices se servent de  tous leurs anciens  accessoires, osent présenter des numéros de tarte à la crème et de vieux  sketches de clowns, jusqu’à un étonnant numéro dans une baignoire.
« Les clowns, des fois, c’est drôle, parce que c’est pas drôle ! « 

 

Edith Rappoport


Théâtre de Belleville, 94 rue du Faubourg du Temple 75011 à 21 h, jusqu’au 18 février, uniquement les dimanches et lundis soir. T: 01-48-06-72-34 

 

Tristesse animal noir

Tristesse animal noir d’Anja Hilling, traduction de Silvia Berutti-Ronelt, mise en scène de Stanislas Nordey

 

Tristesse animal noir tristesseAnja Hilling, est à trente sept ans l’une des auteurs les plus appréciés d’Allemagne. Avec Mon jeune cœur si jeune si fou, Sens, Anges ou encore Bulbus, elle s’est vite distinguée par l’originalité de sa dramaturgie.
Et cette pièce ne déroge pas à sa manière singulière:
un récit où alternent didascalies et dialogues de six quadras urbains qui  débarquent un soir d’été caniculaire dans une forêt, pour s’offrir un barbecue.
L’écriture, comme une caméra embarquée, capte, par le menu, la forêt desséchée par la chaleur, ses bruissements, couleurs et odeurs, le contenu du minibus et le déballage du pique-nique. Ou les conversations révélant les liens amicaux  ou familiaux entre les protagonistes, leurs impressions intimes, leurs échanges acidulés comme leurs désirs exacerbés par l’alcool  et leur émerveillement devant la nature.
Ils  citent la célèbre maison sur la cascade de Franck Lloyd Wright ou Walden de Thoreau… Ils s’endorment à la belle étoile, bercés par Always on my mind d’Elvis Presley que fredonne le chanteur de la bande.
Mais, au deuxième acte, cette comédie de mœurs vire à la tragédie. Le feu couve tel « un animal silencieux « …  « Au début, on le savoure », puis: « On se sent comme un œuf dans un tourbillon de phosphore ». Cris, peur, panique, chaleur, sueur, douleur et soif…  C’est le sauve qui peut. Dans une épopée hallucinée que l’écriture déroule au plus près des sensations, fouillant les corps comme le font les flammes. Les comédiens s’en emparent et transportent le spectateur dans le  « giron du feu » . Une pluie de suie noire et argentée  envahit bientôt le plateau.
Au troisième round, on compte les victimes, on enterre les morts (bêtes et humains) on soigne les plaies qui ne se refermeront pas. Les vies partent en lambeaux, comme la peau des brûlés… Le désespoir de l’homme est insondable face à la nature qui « est bien plus simple » et qui prend ici sa revanche.

Nous aurions aimé que la forêt, soit plus présente telle que la décrit l’auteure avec minutie: un univers bruissant de mille-pattes, scarabées, écureuils, martres, chevreuils… La grande et belle photo en fond de scène et les mille petites ampoules qui flamboient sur le plateau n’y suffisent pas. Pas plus que le tableau en relief du grand animal qui tombe des cintres.
La mise en scène de Stanislas Nordey  est mécanique et raide. Il révèle le talent incontestable d’Anja Hilling et fait entendre son écriture si précise, si profonde, mais sa réalisation linéaire peine à trouver son espace et son rythme. Les acteurs, notamment Valérie Dréville, Thomas Gonzalez, Vincent Dissez, et Laurent Sauvage  sauvent  le spectacle de la platitude: ils habitent le texte et portent parfois les émotions à leur incandescence.
Reste un texte à lire comme un roman.

Mireille Davidovici

Théâtre de la Colline, 18 rue Malte-Brun, Paris ( XX ème) jusqu’au 2 février. T: 01 44 62 52 52.

Espace Malraux Chambéry : T. : 04 79 85 55 43.

Le texte est publié aux Editions Théâtrales et en version bilingue aux Nouvelles Scènes, Théâtre de la Digue.

 

Peut-être, ça va arriver

Peut-être, ça va arriver, création musicale de Nicolas Frize avec les Musiques de la Boulangère, texte de Marie Desplechin.

Nous arrivons en car depuis la station Saint-Denis Université  au gymnase où les Musiques de la Boulangère donnent leur deuxième concert  avec 66 amateurs passionnés et six musiciens professionnels. Assis sur de petits gradins ou sur des tabourets, nous sommes dispersés parmi les chanteurs et les musiciens, et on distribue à quelques-uns d’entre nous un mot et une phrase à prononcer pendant le concert.
Nicolas Frize, elfe joyeux,  fait face à la salle  devant son étonnante partition, secondé dans la salle par un deuxième chef musicien.
Et on se laisse vite engloutir dans cette musique généreuse, faite de froissements, d’éclatement de papiers à bulle, de frottements d’objets divers, de montées chorales lyriques,  ironiques et splendides à la fois. On note quelques phrases du beau texte de Marie Desplechin qu’on nous a distribué à l’entrée sur les souvenirs d’enfance : » Qui connaît ses enfants ? (…) ma tête est un moulin (…) peut-être, mais quand j’étais petit… « .
Toujours précis, Nicolas Frize danse devant son pupitre, et les musiciens et chanteurs très concentrés le suivent avec attention. Il y a des omissions, nous devions crier Che Guevara et on ne nous a pas fait signe…Et Omar Ould Areski qui a quand même exécuté sa partition après s’être blessé en tombant de son estrade,  a dû être évacué par les pompiers à la fin du spectacle.
Nicolas Frize, on l’aime depuis trente ans avec Le plus bel Âge de la vie du Théâtre de l’Unité  au dépôt de locomotives de Trappes en 1981. Il y a eu aussi ses concerts de jouets, de savants, de chair, de voitures,etc… et nous l’avions suivi dans le Bazar d’Istanbul où il enregistrait les bruits des marchands. Plaisir insolite et rare !

 

Edith Rappoport

Gymnase du SIVOM de Stains; prochain concert: samedi 26 janvier à 20 h 30, salle de la Légion d’Honneur à  Saint-Denis

http://www.nicolasfrize.com

La Vénus au Phacochère

La Vénus au Phacochère de Christian Siméon, mise en scène de Christophe Lidon.

La Vénus au Phacochère  vpChristian Siméon, à quelque cinquante-trois ans, est à la fois sculpteur et auteur d’une quinzaine de pièces dont Le Cabaret des Hommes perdus,  pour laquelle il avait reçu le Molière de l’auteur en 2007.
Cette Vénus au phacochère (2012), écrite sous forme de lettres, retrace l’histoire de Misia Godebska, pianiste célèbre et épouse de Thadée Natanson qui avait fondé La Revue Blanche.
Misia s’était mariée trois fois et avait été l’amie-excusez du peu- de Lautrec, Vuillard et  Renoir mais aussi de Jarry et…  de Bergson que Thadée avait refusé d’engager pour tenir la chronique philosophique comme elle le lui avait pourtant demandé. Alors que Thadée Natanson  avait fait paraître De l’infériorité de la femme, un texte de Strindberg qui était  très misogyne comme nombre de ses contemporains.
Le grand  dramaturge n’hésitait pas à prétendre que « la femme n’est que le complément de l’homme. Que les inférieurs dépendent des supérieurs, c’est un bonheur pour le progrès et pour eux » (Sic). Un autre dramaturge, le grand espagnol Félix de Lope de Vega, un peu plus lucide, avait lui, écrit deux siècles avant: « La femme est le meilleur de l’homme »…
En 1896, crise dans le couple: à la première d’ Ubu-Roi au Théâtre de l’Oeuvre, Misia rencontre le richissime patron de presse Alfred Edwards qui veut absolument la séduire à tout prix, même si elle  ne supporte pas bi son cynisme ni sa  vulgarité.  Il lui offre sans arrêt colliers et bijoux comme si elle était à vendre. Mais on sent que Misia va  être obligée de faire le grand écart entre les deux hommes et c’est le début d’une histoire de séduction qui va évidemment tourner mal.
Elle finira par divorcer de Thadée Natanson et par épouser… Alfred Edwards. Le thème avait de quoi séduire un dramaturge comme Siméon et une actrice comme Alexandra Lamy qui avait déjà joué une pièce de lui. Elle interprète donc seule trois personnages: Misia, son mari Thadée et Geai Simson, une amie, créatrice de mode,  en lisant un ensemble de lettres qu’elle « découvre » un peu partout sur des chaises dorées de cocktail accumulées sur la scène.
Alexandra Lamy, sympathique à la scène comme dans ses films et très à l’aise, possède  une excellente diction, ce qui est toujours un atout non négligeable et avait, de toute évidence, l’envie de se confronter en solo à ce texte, ce qui est aussi un autre atout non négligeable.  Soixante minutes durant, elle s’adresse au public avec un savoir-faire certain. Mais si la forme du texte de Siméon peut rappeler Les fameuses Liaisons dangereuses, cet échange de lettres a quelque chose  de bien artificiel et l’énumération fastidieuse des dates d’envoi n’arrange pas les choses.
Alexandra Lamy s’en sort comme elle peut, c’est à dire difficilement. Mal dirigée par Lidon,  elle essaye d’être convaincante en en  faisant  des tonnes sur les plans vocal et gestuel. Ce que l’on apprend justement à tous les élèves-comédiens à ne pas faire, c’est le ba-ba du métier!
Mais miracle: comme cela arrive parfois au théâtre, dans le dernier quart d’heure, elle devient presque d’un seul coup, plus discrète et  plus juste dans son jeu; très émouvante, elle finit alors par nous emmener dans son aventure.
Alors à voir? A vous de décider. Mieux vaut quand même le savoir avant d’aller rejoindre le magnifique petit théâtre de Charles Dullin à Montmartre: les places sont  à 35, 28 et 15€! On ne voudrait pas être mesquin mais cela fait quand même cher pour un quart d’heure de qualité !  Enfin, si vous aimez beaucoup Alexandra Lamy… Quand on aime, on ne compte pas, comme disaient nos grands-mères…


Philippe du Vignal

Théâtre de l’Atelier, jusqu’au 16 février  du mardi au samedi à 20h  et samedi à 17h.

l’apéro mathématiques

 L’Apéro Mathématiques,  conçu par Mickaël Chouquet, Balthazar Daninos et Léo Larroche, mise en scène de Catherine Pavet et d’Anaïs Pélaquier.

 « Si on pouvait mettre les pieds dans la tête de chercheurs en mathématiques, à quoi ça pourrait ressembler ?  » Titre étrange  adossé au nom des Ateliers du spectacle dirigés par  Jean-Pierre Larroche: une nouvelle génération se pose de vraies questions scientifiques  qui rejoignent étrangement les questions artistiques. Les trois compères (Mickaël Chouquet, Balthazar Daninos et Léo Larroche) ont fait appel à vingt mathématiciens qu’on peut voir sur un grand écran, et qui vont répondre aux questions de Léo Larroche aux manettes de l’ordinateur.
On craint d’abord le pire, une conférence rasante sur vidéo  quand on voit ces chercheurs aligner des opérations incompréhensibles à la craie sur un tableau noir, mais, très vite,  ils déclarent tous qu’ils ne trouvent rien dans le secret de leurs laboratoires. « Les mathématiciens écrivent à la craie, mais ont-ils les mains blanches ? « .
Pour trouver une réponse à cette question,  ils font appel par Skype à deux chercheurs pour découvrir  » l’espace qu’on a dans la tête et la façon dont on se déplace « .  Mais personne ne répond! Nous devons quitter la salle à la recherche de leur « médote » , poursuivant notre enquête sur les gestes des chercheurs, pour nous retrouver face à face dans une galerie où deux cuisiniers préparent à toute vitesse  boissons et petits zakouskis avec un arsenal  de mixers et  de machines  dont il se servent  avec une étonnante dextérité.
Nous changeons plusieurs fois de salle, laissant la place à d’autres spectateurs, pour « aller chercher des choses qui ne sont pas là « . Un très beau final agreste avec une manipulation étonnante de plantes, nous rassemble tous. Les chercheurs pour chercher n’ont pas besoin d’un lieu particulier et cette très sérieuse question, posée avec beaucoup d’humour, se termine  à l’entrée de la salle par la dégustation d’un  jus de carottes et de délicieux zakouskis flambés…

Edith Rappoport

Anis Gras, 55 rue Laplace Arcueil, jusqu’au 19 janvier. T:01-49-19-03-29,
http://www.lelieudel’autre

ateliersduspectacle.org

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