Oedipus/bêt noir

Oedipus/bêt noir oedipus_bet_noir

Oedipus/bêt noir, chorégraphie de Wim Vandekeybus, en flamand surtitré.

L’engagement physique des danseurs de Wim Vandekeybus est connu; au festival d’Avignon dans la carrière Boulbon en 2005, un danseur de sa compagnie Ultima Vez s’était blessé à la paupière juste avant la représentation. Le chorégraphe n’hésita pas à  demander,  avec l’accord tacite du danseur ! , qu’on le suture à vif immédiatement, ce qui ne fut quand même pas fait… Cela montre à quel point le chorégraphe aime à mettre en danger le corps du danseur.
Ce nouveau spectacle est le dix septième de lui présenté au Théâtre de la Ville et, là encore, l’énergie physique des danseurs est exploitée au maximum. Dans une adaptation d’Œdipe-Roi de Sophocle par Jan Decorte, Wim Vandekeybus joue et danse le rôle d’Œdipe, entouré de comédiens et de danseurs de sa compagnie, et de trois musiciens en fond de scène. Quelques panneaux gris ferment le plateau à jardin, et à cour, il y a une forme ronde d’une dizaine de mètres de hauteur, recouverte de lambeaux de tissus, où les danseurs s’accrochent.
Le début est surprenant: deux danseurs  parlent entre eux, grâce à une langue des signes élaborée à partir des pieds… L’association texte et danse, elle, n’est pas nouvelle mais, ici, a du mal à fonctionner en synergie. “Ce n’est pas une pièce de danse” précise Wim Vandekeybus. Durant les quarante-cinq premières minutes, le récit est interrompu par les mouvements des danseurs souvent figés dans des poses qui rappellent celles des corps fixés par la lave, lors de l’éruption du Vésuve à Pompéi.
Puis, le rythme et la musique s’accélèrent, et nous retrouvons la force de créativité de Wim Vandekeybus: courses folles, sauts et combinaisons de corps qui se croisent. Le chorégraphe, à bientôt 50 ans, accompagne avec joie la performance de ses danseurs. Ces parties dansées, comme cette ronde sauvage, soulèvent l’enthousiasme du public.
Vers la fin de spectacle qui dure cent vingt minutes, certaines scènes rappellent le travail de Jan Fabre. Par exemple,  quand le messager entre sur scène en fauteuil roulant… ou quand Tirésias tranche avec vigueur un quartier de viande.
Jocaste, la mère d’Œdipe, dit: “ Je suis morte, je n’ai plus rien à dire, sauf danser”. Cet aveu aurait dû être le fil conducteur du spectacle, efficace sur le plan chorégraphique mais décevant pour sa partie théâtrale.

Jean Couturier

Théâtre de la Ville jusqu’au 3 février  http://www.ultimavez.com » www.ultimavez.com


Archive pour 1 février, 2013

Oedipus/bêt noir

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Oedipus/bêt noir, chorégraphie de Wim Vandekeybus, en flamand surtitré.

L’engagement physique des danseurs de Wim Vandekeybus est connu; au festival d’Avignon dans la carrière Boulbon en 2005, un danseur de sa compagnie Ultima Vez s’était blessé à la paupière juste avant la représentation. Le chorégraphe n’hésita pas à  demander,  avec l’accord tacite du danseur ! , qu’on le suture à vif immédiatement, ce qui ne fut quand même pas fait… Cela montre à quel point le chorégraphe aime à mettre en danger le corps du danseur.
Ce nouveau spectacle est le dix septième de lui présenté au Théâtre de la Ville et, là encore, l’énergie physique des danseurs est exploitée au maximum. Dans une adaptation d’Œdipe-Roi de Sophocle par Jan Decorte, Wim Vandekeybus joue et danse le rôle d’Œdipe, entouré de comédiens et de danseurs de sa compagnie, et de trois musiciens en fond de scène. Quelques panneaux gris ferment le plateau à jardin, et à cour, il y a une forme ronde d’une dizaine de mètres de hauteur, recouverte de lambeaux de tissus, où les danseurs s’accrochent.
Le début est surprenant: deux danseurs  parlent entre eux, grâce à une langue des signes élaborée à partir des pieds… L’association texte et danse, elle, n’est pas nouvelle mais, ici, a du mal à fonctionner en synergie. “Ce n’est pas une pièce de danse” précise Wim Vandekeybus. Durant les quarante-cinq premières minutes, le récit est interrompu par les mouvements des danseurs souvent figés dans des poses qui rappellent celles des corps fixés par la lave, lors de l’éruption du Vésuve à Pompéi.
Puis, le rythme et la musique s’accélèrent, et nous retrouvons la force de créativité de Wim Vandekeybus: courses folles, sauts et combinaisons de corps qui se croisent. Le chorégraphe, à bientôt 50 ans, accompagne avec joie la performance de ses danseurs. Ces parties dansées, comme cette ronde sauvage, soulèvent l’enthousiasme du public.
Vers la fin de spectacle qui dure cent vingt minutes, certaines scènes rappellent le travail de Jan Fabre. Par exemple,  quand le messager entre sur scène en fauteuil roulant… ou quand Tirésias tranche avec vigueur un quartier de viande.
Jocaste, la mère d’Œdipe, dit: “ Je suis morte, je n’ai plus rien à dire, sauf danser”. Cet aveu aurait dû être le fil conducteur du spectacle, efficace sur le plan chorégraphique mais décevant pour sa partie théâtrale.

Jean Couturier

Théâtre de la Ville jusqu’au 3 février  http://www.ultimavez.com » www.ultimavez.com

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