Plus que le tumulte des eaux profondes
Plus que le tumulte des eux profondes, texte et mise en scène de Godefroy Segal
La théâtre du Fil de l’Eau, installé au bord d’un canal,accueille des compagnies en résidence. Nous avions découvert Godefroy Segal dans Gringoire de Théodore de Banville, et apprécié La Peau de l’ours d’après Cendrars à Lilas-en-Scène. Il a aussi monté Quatre vingt-treize de Victor Hugo récemment à la Maison de la Poésie Il a pu répéter ici sa dernière création sur les débuts du christianisme en Occident, fondé sur la transe et l’illusion, entre le reflet et l’image.
Cette épopée sanglante interprétée par huit acteurs, hommes en jupettes noires aux torses nus étrangement grimés, femmes drapées dans des robes aguichantes sur un dispositif en croix dévalant sur une baignoire, pourrait prêter à sourire.Mais le spectacle est équilibré par un chœur amateur d’une vingtaine de chanteurs en fond de scène qui donne à cette belle partition un éclairage de fresques du Moyen Âge. Il y a un étrange mélange entre l’humour de la bande dessinée et la gravité des tableaux de grands maîtres.
La fable: Gradlon, puissant souverain a perdu sa femme adorée Aïfé, qui est morte en accouchant de sa fille Ahès. Devenue femme, Ahès séduit tous ses prétendants, organise des orgies, et transforme le château en lupanar. Mais le christianisme commence à faire des adeptes, et on finira par punir un père laxiste et la ville d’Ys sombrera sous les eaux.
Grâce à une bonne distribution: Éric da Silva en narrateur,et Laurent Desponds (Gradlon), et Nathalie Hanrion ( Ahès et Aïfé), qui dévalent tous avec allégresse dans la baignoire, on supporte la durée de ce spectacle étrange.
Edith Rappoport
Théâtre du Fil de l’Eau à Pantin jusqu’au 28 février et les 10 et 11 avril l’Espar, scène conventionnée du Mans
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