POST cirque bang bang

POST-Cirque Bang Bang, conception, mise en scène et jeu d’Elsa Guérin et Martin Palisse.

POST cirque bang bang postUn petit chapiteau chaleureux avec des gradins en bois de deux cent places que ces  jongleurs transportent au gré de leurs tournées. Au sol, un tapis de danse en carré blanc, et quatre petits projecteurs à chaque angle,  et quelques autres en haut des mâts. C’est tout de suite-on le perçoit très vite-dans un univers très pictural proche de celui du l célèbre peintre polonais-russe Kasimir Malevitch mort en 1935, et  son Carré noir  sur fond blanc n’est jamais très loin. Elsa Guérin a été quatre ans élève de l’Ecole des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand et cela laisse d’excellentes traces! C’est assez rare de voir un  spectacle aussi bien maîtrisé sur le plan plastique.
 Ils viennent de Cébazat  dans le Puy-de-Dôme et sont tous les deux, pieds nus, en pantalon et tee-shirt bleu foncé. Avec trois balles chacun.
En général, quand on nous propose un spectacle de jonglage, on est souvent méfiant et le dernier spectacle de Jérôme Thomas- trop long, mal ficelé et mal mis en scène au Festival A Corte de Turin 2012-ne nous avait pas fait changé d’avis!  Mais, ici,la rigueur de la mise en scène, la précision et la beauté  des images, l’intelligence  des lumières: tout est mis en œuvre pour que ces soixante minutes fonctionnent sans aucun accroc.
Cela commence par un duo de boules dans le noir puis ils s’entortillent de ruban rouge plastique, de façon à ce que leur chevilles et leurs bras soient immobilisés et arrivent à rattraper les boules qu’il se repassent. Il y a aussi un moment tout à fait étonnant où ils jouent à rattraper les boules au sol, alors qu’ils ont les yeux bandés.
Mais jamais n’est mise en valeur une quelconque virtuosité mais bien plutôt la relation entre un homme et une femme avec ses tensions et surtout le bonheur d’être à deux sur ce sol blanc immaculé mais aussi la solitude  de chacun dans ce couple jonglant avec  ces boules qui les unit.
Allongés par terre, absolument droits debout, ou bien encore, dans la seconde partie, en position déséquilibrée l’un soutenant l’autre ils continuent à jongler  de façon quasi-obsessionnelle dans  un rapport exigeant à l’espace …

Ce qu’il y a de formidable aussi et de rarement vu, c’est la fascination qu’ils arrivent à créer sur le public, en  induisant une autre relation au temps, presque magique, et simplement grâce à six pauvres petites boules. Tous les gens qui nous bassinent, à longueur de spectacle, avec d’inutiles et coûteuses images vidéo feraient bien d’en prendre de la graine
L’image la plus fabuleuse est sans doute cette course en rond finale -chacun dans un sens- où ils continuent  toujours et encore à jongler…
Avec accompagnement de post-rock qui a le mérite de rompre avec les éternelles musiques de Chopin…  Post rock un peu envahissant et mal maîtrisé au début mais qui  se calme heureusement ensuite pour faire place à un beau silence. Un des grands mérites d’Elsa Guérin et Martin Palisse est d’avoir su utiliser le jonglage, avec  une traduction graphique du corps,  dans ses valeurs les plus primitives de verticalité ou d’horizontalité pour parvenir à une création non figurative, par le biais d’une » organisation esthétique de la réceptivité primaire’ » comme le disait Pierre Kaufmann dans L »Expérience émotionnelle de l’espace. Mais sans pour autant que la spatialité émotionnelle abandonne ici la spatialité esthétique dans un de leurs allers-et-retours permanents pendant soixante minutes.

Post est en fait un spectacle qui peut être perçu selon plusieurs niveaux d’approche, et c’est une de ses plus grandes forces. Le tout petit monde de ce carré blanc avec ses deux protagonistes est une sorte de métaphore du grand monde de la réalité qui nous entoure.En ce froid et neigeux dimanche de février, le public d’Antony, tous âges confondus, dans  ce petit chapiteau bourré, ne boudait pas son plaisir… Et en tout cas, si Post débarque près de chez vous, n’hésitez surtout pas.

Philippe du Vignal

Spectacle vu à l’Espace Cirque d’Antony le 24 février. puis le 15, 16 mars (en salle) / Théâtres en Dracénie scène conventionnée / Draguignan ;le  22 mars (en salle) / Hall de Paris – Service culturel / Moissac ; le 25 avril (en salle) / Le Champ de Foire / St André de Cubzac ; du 29 avril au 20 mai (en salle)  Festival Polo Circo à Buenos Aires, Argentine  ; en juillet/ Festival Off d’Avignon (Ile Piot): les 16, 17 novembre / Le Cloître scène conventionnée / Bellac ; du 22 au 25 novembre / Théâtre Jean Lurçat scène nationale / Aubusson (option) ;  et le 22 mars 2014 (en salle) / Théâtre de Brétigny sur Orge ;avril 2014 / Saison culturelle / Issoire.

 

 

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