L’impossible procès
L’Impossible Procès, texte et réalisation de Bruno Boussagol.
Bruno Boussagol, nous l’avons suivi avec intérêt depuis une vingtaine d’années dans ses aventures théâtrales courageuses à Clermont-Ferrand où il développe un travail avec des handicapés mentaux et sa lutte déterminée contre les ravages du nucléaire. Il continue de se rendre régulièrement à Tchernobyl. On se souvient de La prière pour Tchernobyl, de La supplication de Svetlana Alexeïevitch, d’Elena ou la mémoire du futur et surtout de Women 68 en 2008 au Festival d’Aurillac…
Cet Impossible Procès, c’est celui que personne ne pourra livrer contre l’État français pour nous avoir vendus, pieds et poings liés, à l’industrie nucléaire. Nicolas Lambert avait déjà dénoncé ce risque terrible auquel nous sommes soumis dans Avenir radieux, une fission française, où il interprétait tous les présidents de la République de De Gaulle à François Hollande, faisant un choix radical qui hypothèque définitivement notre avenir énergétique au nom d’une énergie « propre » et moins chère.
La Cour pénètre en scène pour juger d’un accident nucléaire survenu en 2015 : Un Boeing 747 d’Air-Maroc s’est écrasé sur la centrale nucléaire du Blayais à proximité de Bordeaux, aucun survivant parmi les 150 passagers et onséquences incalculables: on a réussi à évacuer les environs proches, mais il n’en est pas question pour les habitants de la métropole bordelaise qui sont trop nombreux.
Le procès voit s’affronter une procureure déchaînée (remarquable Véronique Pilia) contre l’avocat doucereux de Monsieur de Pressac, président du très Haut Commissariat à l’énergie nucléaire civile, interprété par Bruno Boussagol portant des lunettes noires, antipathique à souhait et mutique la plupart du temps, cumulant tous les pouvoirs au nom du Secret-Défense. Le procès est arbitré par un juge qui tente de faire son travail, mais qui ne pourra prononcer aucune condamnation de l’État pour dommage infligé à la population.
L’instruction est fouillée, les personnages plus vrais que nature, c’est parfois drôle mais le plus souvent terrifiant On annonce 613 victimes, il y en aurait en fait 300.000, pour ne parler que des années proches. Des témoins venus d’associations antinucléaires sont appelés à la barre. Dans cette salle prêtée par la Ville de Paris, les spectateurs, pour la plupart militants de la cause, se terrent dans leurs fauteuils.
Edith Rappoport
Le 20 avril à Montélimar, puis Strasbourg, Kaysersberg, Bure, Darnieulles, Golfech, Toulouse, Gaillac, Colmar, Angoulême, Embrun, et Paris.
Edith Rappoport
http://www.brut-de-beton.net