La Mort de Marguerite Duras
La Mort de Marguerite Duras d’Eduardo Pavlovsky, traduction de Françoise Thanas , mise en scène de Bertrand Marcos.
Eduardo Pavlovsky , psychiatre argentin, (79 ans) est aussi acteur, et a écrit quelque vingt pièces, régulièrement jouées en Amérique latine et en Espagne mais très peu connues chez nous, à part Potestad et La Mort de Marguerite Duras qui ont été traduites en français. Le théâtre de Pavlovsky est teinté d‘absurde et marqué par une réflexion sur la violence institutionnelle de groupes paramilitaires et des officiers qui avaient pris le pouvoir dans son pays en 76.
On retrouve ici ce même sentiment d’absurde dans la vie de ce vieux boxeur qui médite sur la condition humaine et la mort, en regardant l’agonie d’une mouche qu’il va appeler Marguerite Duras. Après la disparition de Wladsilaw Znorko et de Jérôme Savary il y a quinze jours, cela fait une occasion de plus de nous rappeler que nous sommes tous mortels …Le vieil homme à la barbe blanche, pieds nus en grand manteau noir ,nous parle de moments de sa vie passée: d’abord ses débuts dans la boxe, puis un séjour à l’hôpital mais aussi ses amours, à l’érotisme violent, avec une très jeune fille, et du cauchemar de la dictature.
Dans un beau décor-imaginé par Jean-Luc Chanonat: sept panneaux gris qui laissent passer des raies de lumière-il y a un seul comédien, Jean Paul Sermadiras qui dit, avec beaucoup de pudeur et une heure durant, les angoisse du vieil homme face à la mort. La voix est parfois off et il y a juste un dialogue-très juste et très poignant- avec la voix enregistrée de sa femme jouée par Anouk Grinberg.
Ce n’est peut-être pas un immense texte mais on découvre un auteur à l’humour parfois cinglant, et on se laisse prendre au jeu précis et sensible de Jean-Paul Sermadiras, bien dirigé par Bertrand Marcos, jeune metteur en scène.
Bon voilà! Cela peut faire quelques raisons de monter, un dimanche soir, jusqu’à ce petit théâtre, calme et propice aux confidences de ce genre.
Philippe du Vignal
Manufacture des Abbesses 7, rue Véron 75018 Paris M° Abbesses au 24 avril 2013. Les dimanches, lundis, mardis , mercredis à 21h T: 01.42.33.42.03