PANORAMA DES CHANTIERS DE LA F.A.I.A.R
Michel Crespin, fantastique bateleur, présentait à Aix, Ville Ouverte aux Saltimbanques, belle opération que Jean Digne avait lancé en 74, avec son Théâtracide, La famille Eustache Amour, aux côtés d’autres compagnies comme Blaguebolle, Jacky Beffroi, le Théâtre de l’Unité, etc… Michel Crespin a toujours voulu transmettre ses passions, après avoir créé à Aurillac, le festival européen de théâtre de rue qu’il dirigea de 86 à 93, et avoir fondé Lieux Publics à Marne-la-Vallée qu’il implanta ensuite à Marseille. Il y créa, en 95, avec Pierre Berthelot, la Cité des arts de la rue dans une immense friche industrielle, quartier des Aygalades, au nord de la ville, friche dont la rénovation est désormais achevée.
Michel Crespin a obtenu de l’État et des collectivités territoriales, une reconnaissance spécifique » Arts de la Rue », et a mis en place la F.A.I.A.R, une formation européenne de dix-huit mois qui a déjà accueilli trois promotions de quinze apprentis en 2005, 2007, et 2009.
Dominique Trichet, son successeur, dont c’est le dernier mandat, a mené la quatrième promotion à son terme, et cinq candidats ont été présélectionnés pour le remplacer. Nouveau pari pour cette institution: elle va inscrire un cursus diplômant, en collaboration avec l’Université d’Aix-Marseille et l’association Circostrada/Hors les murs pour ce qui concerne les relations internationales.
Pour ce quatrième Panorama des Chantiers 2013, quatorze projets personnels de création étaient présentés par les apprentis de la dernière promotion. Chaque matin, nous assistions à une présentation orale du parcours de chacun, et de son projet, soutenu par un tuteur, puis nous allions en voir un « Reflet » à la Cité des Arts de la Rue, ou dans d’autres espaces de l’agglomération marseillaise. Quinze membres du jury: journalistes, urbanistes, universitaires, sociologues, ou diffuseurs professionnels français et étrangers étaient chargés d’analyser chacun des cinq projets et trois observateurs, à la fin, faisaient part de leurs conclusions.
Etat des lieux:
L’Heure exquise de Ioana Arufat, co-fondatrice de la compagnie Du O des branches (France, Espagne, Suisse), 14 mars.
Ioana Arufat a mené un travail sur la mémoire et la transmission. Après une formation en sociologie et à l’Ecole de théâtre Jacques Lecoq, elle a joué en France et en Pologne avec un collectif d’artistes autogéré, dont le nom est né de l’absence de salle, et qui ne sont jamais redescendus de leurs branches. Nous sommes guidés vers le lieu-dit « La Cascade », lieu délaissé depuis de longues années, alors qu’il est inscrit dans le Plan d’Occupation des Sols de la Cité.
Après un long travail dans les maisons de retraite et les clubs de loto, pour y sélectionner des bénévoles susceptibles de participer à cette Heure exquise, et le défrichage des abords d’une belle et poétique cascade, lieu de loisirs vers 1900, Ioana Arufat est parvenue à transmettre la nostalgie d’un passé évanoui.
Nous marchons sur un sentier escarpé à travers un jardin, où l’on voit une grand-mère sur une balançoire, et un groupe, avec des enfants guidant un poulain, et une licorne blanche. Nous descendons jusqu’à la porte d’une grotte, où un vieux grand-père lit une lettre, à côté d’une brouette remplie de livres: « Je rêve de voir mes parents vieillir heureux ensemble et dans la tendresse ». Une femme pédale sur un vélo, une petite fille serre sa Bécassine contre son cœur.
On aperçoit un bel étang en contrebas d’ une cascade, une femme et un enfant y jouent avec des bouteilles. Dans un fauteuil, une vieille femme se tord les mains, puis danse avec un jeune homme qui se rapproche d’elle, et qui la hisse sur son épaule. Conviés à danser avec les acteurs, nous montons ensuite les escaliers pour regagner la Cité des Arts de la Rue en traversant, un par un, une vieille passerelle rouillée. Cette traversée d’un lointain passé s’est déroulée dans un profond silence…
ioana.arufat@yahoo.fr
Trip(es) ou mes parents n’ont pas eu les couilles de faire des enfants, banquet familial participatif d’Alix Montheil, (France),.Cette fois, on nous conduit en bus jusqu’à un vaste espace désertique, paysage magnifique donnant sur la mer, mais… dont le talus, au loin, est jonché d’ordures. Dans sa présentation, Alix Montheil s’est défini comme » théâtrier » dès sept ans, mais son père qui exerçait un métier technique n’a jamais assisté à l’un de ses spectacles. Alix s’est ensuite rapproché de lui justement par la technique.
Trip(es), c’est un jeu d’enfant autour du vrai et du faux. On nous conduit, l’un derrière l’autre, jusqu’à une longue table où il y a des boissons et des chips, et autour de laquelle nous devons nous asseoir. Un vent, à décorner les bœufs, souffle en rafales. Alix accueille les invités » membres de sa famille « , et nous distribue les personnages: un sniper, un cochon, un clown, un cousine…
Il nous félicite et nous intime l’ordre de manger et de boire! Mais en vain,en effet tout s’envole. On s’attend à des révélations lors de ce repas familial qui rappelle Festen, mais on voit au loin une voiture qui arrive sur nous, et qu’un fou furieux casse à coups de massue, dans une ambiance de western.
Une belle fille nue surgit, chevauchant une mobylette, puis met un manteau de fourrure pendant qu’on observe un homme surgissant d’une baignoire pleine de boue. Des voitures rugissent dans un bruit d’enfer, et on craint un accident! Où tout cela va-t-il finir ? Épuisés par le vent, et à la recherche d’un sens impossible à saisir, nous regagnons, perplexes, la chaleur bienfaisante du bus!
Deux jours plus tard, nous sommes revenus une deuxième fois voir ce « Reflet » qui nous avait laissé des images fortes mais dont on n’avait pu saisir le sens. Le vent n’est pas tombé, mais ce que nous avions vu, s’est resserré dans l’espace et le temps. La belle fille nue, était, en fait, le personnage d’Aurélie Filipetti en manteau de fourrure, qui décernait des prix, et le grand-père, couvert de caca, ne sortait plus de sa baignoire. Alix et ses compagnons, eux, fracassaient des assiettes sur la table et enfouissaient un personnage sentencieux sous un amas de débris.
Bizarre, bizarre! Ce « Reflet », non dénué d’ un humour féroce, laissera des traces.
contact alix.montheil@gmail.com
Champ de bataille de Rocio Berenger (Espagne), Cité des Arts de la Rue, 14 mars, tuteur Mickaël Allibert, directeur de la compagnie Trucmuche.
Devant l’impossibilité à trouver un lieu public qui garantisse la sécurité pour les techniciens et les danseurs, Rocio Berenger a présenté son « Reflet » à la Cité des Arts de la Rue. C’est une performance urbaine de flamenco qui commence dans la pénombre par un discret zapateado, une recherche sur la relation au corps, « une écriture poétique devenue politique « . Pour parler de l’aliénation politique des corps qui, pour elle, ont deux peaux, l’une visible et l’autre sensible.
Dans ces non-lieux sans passé comme, entre autres, les aéroports, les citoyens sont devenus des passants et des consommateurs. Pendant que les danseurs de flamenco se défient, de grandes projections sur le bâtiment, renvoient les images de caméras de surveillance. Pour Rocio, qui dit s’être appelée Antonio jusqu’à l’âge de quatorze ans (on peine à le croire devant sa féminité…), le corps est un non-lieu, et, seule, l’approche médicale ou policière en est possible. Nous sommes regardés en permanence, et cela nous conditionne. Dans l’obscurité, l’ émotion surgit.
Tleta de Djamel Afnaï, Fragments d’une biographie sous silence, (France) cité des Aygalades, 15 mars, tuteur Koffi Kwahulé.
Djamel Afnaï, d’origine kabyle, est né français en 83. Comment, dit-il, transmettre son histoire quand on a oublié de vous la raconter ? Il a suivi une formation d’acteurs, d’abord au Théâtre du Passage avec Niels Arestrup, puis à l’Ecole du Théâtre National de Chaillot. Puis il a collaboré depuis plusieurs années avec la compagnie Acidu, et, avec Iano Iatridès, chorégraphe, au sein du groupe Écarlate.
Tleta ( 3 en arabe): trois générations: son grand-père, son père et lui-même. Djamel Afnaï, campé devant une petite caravane tapissée de sacs Tati, attelée à une vieille 4 L, incarne trois générations, « neuvième d’une famille de quinze enfants, dit-il, c’est une force! ». Il campe d’abord son grand-père, né en 1883, ancien spahi de l’empire colonial, vieil homme fragile appuyé sur sa canne qui a dû prendre sa retraite militaire en France, laissant derrière lui la boue et les morts de Verdun, et décédé en 76. » Me suis arrangé pour rien leur laisser, pas même un livret de famille ! ».
Djamel Afnaï sort de la 4 L tout un barda, dont des gâteaux préparés par sa mère… Puis, il parle de lui, Djamel, né dans la Cité des Peaux Rouges à Montigny. Il interprète trois générations avec une simplicité désarmante, dans un langage direct où l’on retrouve l’humour de Kateb Yacine. Djamel Afnaï avait mené un travail avec l’association de la cité des Aygalades pour se débarrasser du ressentiment et de la colère, mais personne dans le public ne semble issu de cette cité. Dommage !
djamel.afnai@free.fr
No visa for the contry d’Alix Denambride, (France), tuteur Christophe Modica, artiste sonore et faiseur d’images, 14 mars.
Alix Denambride après un master d’études théâtrales, fonde la RMBC ( Royal Magic Beans Company). Elle a travaillé auprès d’Alexandre del Perugia, Guy Naigeon et Yves-Noël Genod, et a ressenti le besoin d’ouvrir sa fenêtre dans l’espace public. Fascinée par l’affaire Gregory, elle a mis en scène la recherche d’une certaine Jeanne Canary, personnage fictif disparu sans laisser de traces.
Nous attendons un bus qui doit nous emmener pour une destination inconnue. Plusieurs avis de recherche sont apposés dans les environs: Jeanne Canary portait un chapeau de cow-boy, et était munie d’une valise. Il y a justement une jeune femme blonde répondant à ce signalement qui attend avec nous. On nous a muni d’écouteurs à mettre en route, dès que notre bus aura démarré.
Une fois embarqués, nous pouvons entendre les appels désespérés de la famille et des amis de Jeanne, inquiets de son silence, réclamant des nouvelles.Nous arrivons au Grand Littoral, immense centre commercial surplombant la mer; nous suivons la jeune fille au chapeau dans le dédale des allées, et sommes troublés par l’apparition d’autres jeunes femmes portant aussi un chapeau de cow-boy, qui se multiplient au fil du parcours, pendant que les appels angoissés sur le répondeur de Jeanne se poursuivent.
Il ne faut pas baisser la garde, ne pas se perdre dans cet espace anonyme, et poursuivre la quête de Jeanne. Cette solitude urbaine est angoissante: être seul ensemble, c’est quand même être seul tout seul! Nous finissons par descendre dans un grand parking vide donnant sur la mer, où l’on aperçoit, non plus une, deux, trois, dix, mais une vingtaine de Jeanne qui se lancent dans une danse country, moment de rupture, régénérant et insolite
Bizarrement, notre groupe de la F.A.I.A.R n’ pas été suivi par les badauds du Grand Littoral… Ce projet devait être réalisé à la gare Saint Charles, mais l’autorisation n’avait pu être obtenue et c’est le bienveillant directeur du Grand Littoral, espace privé, qui l’a accueilli.
Dans cette quête impossible d’une disparue, on pense aux vers de Rainer Maria Rilke : « Ou bien est-ce l’angoisse qui m’étreint,/l’angoisse profonde des trop grandes villes/Où tu m’as enfoncé jusqu’au cou… ».
denambride.alix@orange.fr
Absolument rien, de Sun-Ha Cho, mime corporelle, (Corée du Sud), tuteur Sylvie Faivre, Cité des Arts de la rue, 14 mars.
Sung-Ha Cho qui avait travaillé comme mime avec la compagnie Homo Ludens auprès de retraités dans un parc à Séoul depuis 2002, a rencontré Ilotopie lors d’une de leurs tournées en Corée en 2008. Elle les a suivis en France pour travailler avec eux dans Les Gens de couleur et avec la compagnie des Transformateurs, le Théâtre Nomade et Blöffique Théâtre, avant d’intégrer la F.A.I.A.R. Elle se déclare étrangère à l’étranger. Sung-Ha Cho a mis deux ans pour maîtriser le français, et souhaite trouver une compagnie théâtrale qui travaille avec les images.
Absolument rien, c’est un chemin initiatique, un travail sur l’image figée et vivante, une déambulation silencieuse dans un site de verdure vallonné que nous parcourons en quatre stations, un étrange chemin funéraire bien que le mot ne soit jamais prononcé.
Nous suivons un sentier bordé de pierres, le long d’un bâtiment de la cité où sont collées des photos. Appelés à gravir une colline en suivant un chemin lumineux, nous apercevons Sung-Ha Cho, au pied d’un arbre violemment éclairé. Elle empoigne un micro, mais aucune parole ne surgit, hormis quelques borborygmes. Incident technique, parole impossible, on ne sait ? C’est le moment de la solitude.
Nous sommes loin d’elle vêtue de soie blanche qui flotte dans le vent furieux, c’est le moment de la peur. Elle s’éloigne, nous la suivons pour nous rapprocher. Elle se saisit d’accessoires, c’est le moment de la joie…Nous la suivons encore, elle grimpe sur un container, et un homme en blanc apparaît. Ils se rapprochent puis s’éloignent, et, dans le vent toujours furieux, se lancent des poignées de poussière colorée, nuages poétiques amoureux. C’est le moment de l’amour.
Ils disparaissent et nous restons là, un long moment, émus, malgré le vent qui souffle. » L’ordinaire pour quelqu’un devient/L’extraordinaire pour quelqu’un d’autre./La normalité devient l’anormalité./La banalité devient l’étrangeté ».
cho-ssung@hotmail.com
Tell from the Grave de Raphaël Joffrin, (France) tuteur Stéphane Filloque, Cité des arts de la rue 15 mars.
Raphaël Joffrin, passionné par la bande dessinée dès l’enfance, exerce d’abord le métier de charpentier puis devient chauffeur pour des groupes de rock et rencontre l’entreprise Sud Side, à proximité de la Cité des Arts de la rue où il va travailler. Au festival de la B. D. du Perthuis, il rencontre la compagnie de rue Generik Vapeur. Qu’est-ce qu’un technicien, qu’est-ce qu’un artiste ?
Tell from the Grave, c’est la visite d’un cimetière où l’on peut écouter sur chaque tombe la musique de trois rockers du groupe Electrolux, disparus dans un accident de voiture. Raphaël Joffrin, très grave et vêtu de noir, nous guide à flanc de colline pour aller devant chaque tombe, et nous retrace les circonstances de cet accident. On nous offre une canette de bière qu’on nous invite à jeter sur chaque tombe, la dernière est une tombe-canapé, où nous pouvons nous asseoir. Raphaël Joffrin évoque le contact des corps dans les groupes de rock, le problème de place dans les HLM, et… dans les caveaux des cimetières.
Heureusement, l’accident est fictif, et, le soir même, on peut entendre les rockers lancer leur musique aux abords du cimetière. Les visiteurs qui l’écoutent auprès de chaque tombe, plus vraie que nature, qui n’ont pas cru vraiment à cette histoire, restent quand même silencieux et recueillis…
riff.raf@laposte.net
I.P.I., Institut de Psychopompes Funébrisme International d’Elsa Mingot, (France), tuteur Laurent Petit, Cité des Arts de la Rue, 14 Mars.
Après des études d’histoire et un travail d’enseignante en français/ langue étrangère, Elsa Mingot part pour le Mexique en 2004 où elle assiste à la fête des morts. Elle entreprend un travail sur le suicide en 2009, à partir de trois axes de recherche : un « crash-test » pour un suicide dans un espace public, le suicide dans les médias : pourquoi je ne me suis pas suicidée, et la création d’une agence des suicides avec des ateliers pédagogiques sur » comment ne pas se rater « …
Avec un sérieux imperturbable, Elsa Mingot évoque sa mission: « Apprendre aux gens à mourir dans la bonne humeur ». Elle décrit les outils de son Institut: site communautaire sur Internet, séances d’entrainement funéraire en France et à l’étranger, vente de produits dérivés sur le marché (cercueils d’occasion, urnes et linceuls…), implantation de cimetières festifs au cœur des villes. Elle pose très sérieusement la question de la disparition des rites funéraires dans notre société laïque, et le triste recours aux anciens rituels religieux. Sous des allures scientifiques empreintes d’un humour des plus noirs, Elsa Mingot expose ses axes de recherche : 1) Un axe ethno-anthropologique avec voyages au Mexique, à Madagascar et en Inde pour créer ensuite un rituel laïque par excellence. 2) Un axe technique, avec formation à la thanatopraxie et à l’embaumement. 3) Un plan quinquennal d’entrainement funéraire…
Le « Reflet » d’Elsa Mingot se déroule dans un vaste bâtiment circulaire, « mausolée du souvenir partagé » édifié par l’I.P.I pour accompagner qui le souhaite aux funérailles d’un proche. On peut y célébrer aussi la mort des mots et des idées, et des funérailles d’habitations !
Nous sommes rassemblés autour d’un vaste cercle: il y a les rires de morts, debout dans leurs cercueils, et, au centre, neuf personnages en pleurs. Elsa Mingot, en grande prêtresse laïque, est l’ordonnatrice de la cérémonie, aidée de deux disques-jockey.Interloqués, nous errons autour du cercle, puis la libération arrive: on nous demande d’aller écrire les noms de nos morts sur les murs, avec une craie qu’on nous distribue. Pour nous ce sera celui de Wladyslaw Znorko, excellent créateur de théâtre et poète en chef de la Gare Franche,disparu le 4 mars, à quelques encablures de la Cité des Arts de la Rue, et celui d’ autres morts que nous n’avons pas toujours pu accompagner.
Après un instant d’hésitation, tout le monde se met à écrire rageusement sur les murs, c’est une libération! Et on nous invite à pénétrer en musique dans le cercle pour une danse régénérante. Sous des allures fantasques, Elsa Mingot a réalisé une belle mise en espace des rituels indispensables que nous avons à imaginer pour accompagner nos morts. Au moment où le droit à mourir dans la dignité commence à s’imposer, elle a réalisé une performance qui marquera les mémoires. Elle poursuivra ses efforts, nous dit-elle, pour développer son Institut, à la suite de sa nomination au poste de » directrice de l’Antenne Sud de l’I.P.I. »!
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