Acrobates

Acrobates de Stéphane Ricordel et Olivier Meyrou.

Stéphane Ricordel et Laurence de Magalhaes, qui ont repris la direction du Théâtre Monfort,  nous les avions découverts quand ils ont créé Les Arts Sauts,  compagnie de trapèzes volants qui a fait le tour du monde pendant dix-sept ans. Kayassine, Ola Kala et bien d’autres, ont enchanté des centaines de milliers de spectateurs. Mais la fin de cette compagnie a été  marquée par une tragédie! Fabrice Champion, l’un des trapézistes, est  resté tétraplégique après s’être cogné en plein vol. Malgré une rééducation courageuse, il est mort au Pérou en  2011, entre les bras  d’un chaman.
Stéphane Ricordel a longtemps porté Fabrice dans les airs, et il lui rend aujourd’hui  un hommage discret et bouleversant dans une mise en scène croisée avec des extraits de Parade, un  film qu’Olivier Meyrou a tourné sur leur camarade.
Mathias Pilet et Alexandre Fournier, deux élèves de ses élèves à l’École du cirque de Rosny  réalisent  une série invraisemblable et souvent comique de numéros acrobatiques, entrecoupés de séquences filmées sur Fabrice Champion, ses envols passés et  sa douloureuse tentative de rééducation. La salle pleine du Monfort retient son souffle. À la sortie, les spectateurs émus peuvent croiser  le père de Fabrice  qui fait l’éloge des poèmes de son fils retrouvés sur son ordinateur après sa mort.

Edith Rappoport

Acrobates sera repris à la rentrée 2013 au Théâtre Monfort.www.lemonfort.fr
Tigre-Poème a été édité par les éditions Alzieu admin@editions -alzieu.com. Prix: 12 €.

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Archive pour mars, 2013

Perte d’Innocence (Innocence Lost)

 

Perte d’Innocence (Innocence Lost) de Beverly Cooper, mise en scène de Roy Surette.

Perte d’Innocence (Innocence Lost)  innocence_prod1C’est l’histoire tragique de  Steven Truscott,  en 1959, à Clinton ,  une petite ville du  sud -ouest de l’Ontario.

Le jeune homme de  quatorze ans  avait été condamné à la peine capitale pour le meurtre brutal d’ une amie de douze ans et cette parodie de justice avait  laissé une  blessure profonde sur  toute la région. La Cour d’appel de l’Ontario a fini par acquitter en… 2007, Steven Truscott,  du meurtre de Lynne Harper.Aujourd’hui âgé de 66 ans, il a toujours clamé son innocence et a dû vivre une partie de  sa vie sous un nom d’emprunt…
La pièce, créée en 2008,  vient d’être remontée, coproduite par le Théâtre Centaur de Montréal et le Centre national des Arts d’Ottawa.  Dix comédiens jouent quelque trente-huit rôles dans cette pièce   fondée sur les archives du procès: témoignages, entretiens et articles de presse. dont s’est inspirée Beverly Cooper. Conçue en deux moments, la pièce de cette écrivaine canadienne est à la fois un drame historique et une œuvre de mémoire, narrée par la petite Sarah, l’amie fictive de Steven, qui rappelle l’affaire et nous en explique, de son point de vue, tous les détails.
La première partie illustre  la vie tranquille de Clinton où se trouve une base de l’Armée de l’air,  et où a eu lieu ce meurtre atroce. Les camarades d’école de Steven sont profondément bouleversés par les événements et, lors du procès qui clôt cette première partie, on voit  le procureur de la Couronne confondre les jeunes témoins de la défense, transformer  leurs déclarations en affirmations suspectes, pour appuyer les accusations  portées contre  Truscott.
Mais l’accumulation de détails de la vie quotidienne pèse trop lourd sur cette chronologie méticuleuse de la vie du jeune homme, et l’ambiance des années 50 est  traduite  de façon  trop monotone. Le recours aux plans filmés, projetés  en fond de scène,  aurait pu évoquer des inquiétudes, des débuts de tension qui  ne sont pas vraiment exploités. Même chose pour le procès qui aboutit à la culpabilité de Trusscott: ce qui avait  provoqué  une véritable onde de choc  à Clinton  mais qui n’a ici  aucune efficacité dramatique.
Toute l’accusation s’appuie sur des conjectures, des déclarations de  témoins déformées, voire des mensonges purs et simples. Mais le texte et la mise en scène n’insistent pas assez sur leur nature plus que suspecte et, à l’entracte, nous aurions dû  sortir outrés! En fait, c’est toute la relation de ce  procès qui ne fait pas ressortir la gravité de  cette affaire.
Et les quarante-cinq premières minutes  que dure  l’interrogation des témoins, auraient dû être concentrées pour rendre le procès plus intense, plus choquant, et éviter ainsi   cette illustration de la vie banale  à Clinton et les faiblesses d’un jeu trop réaliste.  Les quelques beaux effets d’éclairage et de scénographie  ne réussissent pas à  donner de l’intérêt à une mise en scène et à un texte qui  traduisent mal cette parodie  de justice.
Dans la deuxième partie, le rythme est plus soutenu, et le metteur en scène  utilise mieux l’espace pour évoquer la situation,  quand  arrive  une journaliste-jouée avec beaucoup de verve par Fiona Reid-qui mène une enquête sur les irrégularités du procès et qui veut  écrire un livre prouvant l’innocence du condamné.
Nous découvrons  ainsi  le désarroi de la pauvre Sarah qui  constate, après avoir soutenu son ami, qu’en fin de compte, Steven doit être reconnu coupable, puisque la Cour l’a déclaré coupable!  Ce qui fait froid dans le dos. Mais ce changement  important d’attitude chez Sarah n’est pas développé avec assez de clarté,  alors que s’accumulent les contradictions prouvant l’innocence de Truscott, d’autant plus que les jeunes témoins  ont refusé d’avouer qu’ils n’avaient pas dit la vérité devant la Cour.
Il devient  évident que Truscott est innocent mais on ne connaîtra jamais le nom du vrai coupable-et le pays  ne veut pas qu’il  soit officiellement déclaré innocent! Ce serait   reconnaître les failles du système juridique, idée impensable à l’époque…
C’est le moment  de la « perte de l’innocence »: on comprend alors que  la justice peut se tromper et la pièce révèle donc un grand problème de notre  société  qui n’osait pas, du moins à l’époque, remettre en question ce tabou. Mais  l’écriture trop lourde de Beverly Cooper  et la mise en scène trop timorée de Roy Surette ne nous permettent pas de cerner toute l’horreur et la complexité  de la situation.

Alvina Ruprecht

Centre national des arts à Ottawa jusqu’au 16 mars.

Cahier d’un retour au pays natal

Cahier d’un retour au pays natal cahier_d_un_retour

Cahier d’un retour au pays natal, d’Aimé Césaire, mise en scène  de Jacques Martial.

 

C’est un poème écrit à Paris en 39, à la veille de la seconde guerre mondiale. Césaire vient de quitter l’Ecole Normale Supérieure et  s’apprête à revenir à la Martinique, son île d’origine, pour y enseigner le français. De ce poème, il écrira une dizaine de versions, dont l’une sera dédiée à André Breton, venu le rencontrer à l’occasion d’une escale à Fort-de-France, sur le chemin de New-York : « La parole d’Aimé Césaire, belle comme l’oxygène naissant », dit le maître du surréalisme, qui préfacera l’édition de 47. Pour lui, « Césaire, c’est la cuve humaine portée à son point de plus grand bouillonnement, où les connaissances, ici encore de l’ordre le plus élevé, interfèrent avec les dons magiques ».
Ce grand poète de la langue française aurait eu cent ans en 2013 et ce Cahier, écrit à 26 ans est d’une poésie à l’état brut, subtile, violente et musicale. Dans ce texte fondateur, Césaire y exprime l’oppression, les revendications, le désespoir, les angoisses, la révolte et l’amertume  des Noirs dans la société, et leur redonne fierté et dignité : « Que de sang dans ma mémoire ! Dans ma mémoire sont des lagunes. Elles sont couvertes de têtes de mort. Elles ne sont pas couvertes de nénuphars… Ma mémoire est entourée de sang. Ma mémoire a sa ceinture de cadavres » !
Il fonde le mouvement de la négritude, avec d’autres écrivains noirs francophones comme Léopold Sédar Senghor, du Sénégal, René Depestre d’Haïti, ou Guy Tirolien, de Guadeloupe,  écrit de la poésie, du théâtre: Une Saison au Congo, La Tragédie du roi Christophe, des essais et des discours. Son Discours sur le colonialisme, publié en 50 dans la revue Présence Africaine qu’il a créée trois ans plus tôt avec Senghor, fait date. C’est une implacable dénonciation de l’idéologie colonialiste européenne, dont s’empare tout le mouvement. « A force de regarder les arbres, je suis devenu un arbre et mes longs pieds d’arbre ont creusé dans le sol de larges sacs à venin de hautes villes d’ossements» » écrit-il, dans ce Cahier.
S’il partage sa vie entre Fort-de-France et Paris, et s’oriente vers la politique (il sera maire de Fort-de-France pendant plus de cinquante ans), Césaire n’oublie pas ses origines modestes-il fait partie d’une fratrie de sept enfants- et sa famille est de Basse-Pointe : « Au bout du petit matin, une autre petite maison qui sent très mauvais dans une rue très étroite, une maison minuscule qui abrite en ses entrailles de bois pourri, des dizaines de rats et la turbulence de mes six frères et sœurs, une petite maison cruelle dont l’intransigeance affole nos fins de mois… Ici, il n’y a que des toits de paille que l’embrun a brunis et que le vent épile ».
D’origine guadeloupéenne, Jacques Martial s’est emparé du texte et le porte avec force et justesse. Il en assure aussi la mise en scène, disons, la mise en espace, assisté de Tim Greacen. L’acteur est sculptural et s’accroche à son Radeau de la méduse, sans emphase, ni théâtralisation, et avec conviction. « Au bout du petit matin, cette ville plate, étalée… » « Au bout du petit matin, la grande nuit immobile, les étoiles plus mortes qu’un balafon crevé. » L’essence des mots est là, l’acteur les livre avec vérité, en arpentant le grand plateau, accompagné des bruits de la ville et du tramway, qui ouvrent et qui ferment le spectacle.
Le traitement est un peu minimaliste et gagnerait notamment à avoir une création lumières plus élaborée, mais après tout, ce poème touffu et granitique, « le plus grand monument lyrique de ce temps » d’après Breton, se suffit aussi à lui-même : « Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n’est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l’audience comme la pénétrance d’un guêpe apocalyptique. Et la voix prononce que l’Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences, car il n’est point vrai que l’œuvre de l’homme est finie, que nous n’avons rien à faire au monde, que nous parasitons le monde… et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l’intelligence, de la force et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre éclairant la parcelle qu’a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite « .

 

Brigitte Rémer

 

 

Vu le 20 février, au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine.

Collaboration

Collaboration de Ronald Harwood,  texte français de Dominique Hollier, mise en scène de Georges Werler.

 Collaboration  dsc_5845-300x200 C’est une reprise de cette pièce qui avait fait quelque bruit en 2011 mais dont les représentations avaient dû s’arrêter à cause d’un accident -Didier Sandre s’était fait renverser par une voiture!
Auteur passionné par la période de la deuxième guerre mondiale, Ronald Harwood avait déjà fait parler de lui  en 99  avec  À torts et à raisons (Taking Sides) , une pièce sur le célèbre chef d’orchestre allemand Wilhelm Furtwängler pendant la période nazie en Allemagne.  Il est aussi l’auteur du  scénario du film Le Pianiste de Roman Polanski. Ici, avec Collaboration, il met en scène Richard Strauss (1864-1949), compositeur important de lieders, poèmes symphoniques, etc..mais  surtout connu en France  pour des  opéras comme Elektra, Le Chevalier à la rose ou Ariane  à Naxos composés dans les années 1900, sur des livrets d’Hugo von Hofmannsthal, autre écrivain viennois mort en 29.
Strauss aura une position, comme bien d’autres,  quelque peu ambigüe face au régime hitlérien qui,  comme toutes les dictatures, avait  besoin de cautions artistiques.  Comme  li une belle-fille Alice qui est juive, il fera évidemment tout pour la protéger ainsi que ses petits-enfants… et ira jusqu’à se compromettre avec les nazis, en particulier avec Goebbels, antisémite notoire qui avait fomenté la trop fameuse nuit de cristal… Il  composera même  un Hymne Olympique pour les Jeux de Berlin de 36…
Mais  le compositeur ne veut en aucun cas renoncer à son indépendance et décide quand même de travailler  avec  Stefan Zweig(1881-1942), écrivain autrichien de confession juive, pour  La Femme silencieuse, opéra-bouffe inspiré de Ben Jonson  dont il lui a commandé le livret et  qui sera  créé en 35.
Le nom de Stefan Zweig  fut  enlevé de l’affiche  avant la première à Dresde; Strauss furieux, réussira quand même à le faire remettre mais le spectacle sera interdit deux jours après! Le compositeur se croit tout puissant et ne veut pas de mêler de politique. Mais  Goebbels le fera plier et  il sera obligé d’ abandonner  ses fonctions de président de la Reichsmusikkammer. Strauss y survivra mais, bientôt, incapable d’en supporter davantage, Zweig s’exilera au Brésil avec sa secrétaire qu’il épousera entre temps et, accablé par la malédiction qui pesait sur l’Europe, se suicidera avec elle…
Reste à savoir comment on peut traiter un tel thème qui peut ouvrir les portes aux pires  cliché … dans lesquelles Ronald Harwood s’engouffre allègrement et sans état d’âme. Cela commence avec des discussions plus que longuettes sur l’art, la musique et la politique; Tels qu’il les voit, Richard Strauss est  assez sûr de lui et de sa place de grand compositeur allemand, et Stefan Zweig, écrivain  autrichien fragile et  lucide, est de plus en plus inquiet quant à la tournure que prennent les événements.
De temps en temps pour aérer ce dialogue, Pauline, l’épouse de Strauss, soprano à la limite de la  Castafiore,  vient faire un petit tour sur scène.Et, bien entendu, il y a aussi la jeune assistante de Zweig qui provoque les remarques ironiques de Pauline, alors que l’écrivain vient de se séparer de son épouse. Heureusement, cette scène très  boulevard  ne dure pas! En fait, Harwood, qui n’a quand même pas dû s’épuiser à la tâche, peine à avoir un langage théâtral vraiment convaincant dans cette succession mal ficelée de tableaux qui se succèdent tant bien que mal,  et plutôt mal que bien! On n’échappera évidemment pas à la scène de Zweig et de sa femme exilés au Brésil, avant qu’il décident de s’empoisonner  …
Et côté mise en scène? Werler fait le boulot mais de façon, là aussi, un peu conventionnelle. Entre chaque tableau-on passe de l’appartement de Strauss avec grand piano à queue au bureau de Zweig en Autriche- sur un rideau noir, s’affiche l’année: 1934, 1935, etc… Ce qui n’est sûrement pas la meilleure idée du spectacle. Le décor d’ Agostino Pace est beau, trop beau, bien noir, comme s’il était besoin de surligner le tragique de la période, et il y a régulièrement des airs de Strauss. pour donner un petite respiration..
Il y a quand même deux  belles scènes quand l’envoyé de Goebbels, sanglé dans son impeccable uniforme nazi, vient mettre les choses au point. Eric Verdin, on l’avait vu excellent en  Nekrassov dans le rôle-titre de la pièce de Sartre, mais il est ici formidable et impressionnant de cynisme. Soudain, dans cette confrontation sans pitié, le théâtre apparaît et retrouve ses droits.
Et Werler a réussi à bien diriger  ces deux grands et solides comédiens que sont Michel Aumont et Didier Sandre qui ont une expérience  et un métier fabuleux. Ils ont, tous les deux, travaillé sur les textes classiques ou contemporains avec les meilleurs metteurs en scène. Ici, ils sont une fois de plus d’une justesse et d’une précision comme on  en voit rarement,  ils sont vrais, loin de toute prétention  et bouleversants,  dans une connivence immédiate et  imposent tout de suite leurs personnages. Et il en faut de la force. et de la présence…pour rendre crédible cette peinture laborieusement pédagogique de deux destins qui se croisent d’un pays à l’autre!
Même dans les scènes les plus conventionnelles, et malgré un dialogue qui n’est pas du bois dont on fait les flûtes, ils arrivent quand même à rester convaincants. Werler a laissé Christiane Cohendy en faire beaucoup dans le genre démonstratif mais, en grande comédienne qu’elle est, elle a compris le danger et sait s’arrêter juste à temps…
Au total, un théâtre un peu poussiéreux, un peu moralisateur, du genre; « ne vous trompez pas, braves gens, ce n’est pas si  facile d’éviter la collaboration dans des circonstances pareilles ». Et  la mise en scène trop sage, trop appliquée, ne parvient pas à vraiment sauver des dialogues  bavards et  décevants.
Alors à voir? Cela dépend de votre degré d’exigence mais certainement pas pour le texte que les ouvreuses  peinent à  vendre à la sortie, mais pour la performance exceptionnelle de Michel Aumont et Didier Sandre. L’auteur leur doit beaucoup parce que sans eux, on se demande ce qui se passerait!
Mais va-t-on au théâtre pour saluer une performance d’acteurs? C’est une autre question mais pourquoi pas?  Et les élèves de toutes les écoles de théâtre de Paris devraient s’y précipiter pour voir Michel Aumont et Didier Sandre: c’est une grande  et magnifique leçon de théâtre mais… les bonnes places sont à 54€ + 4 € de frais de réservation!


Philippe du Vignal

Théâtre de la Madeleine à  20h30 du mardi au samedi, à 17h00 le samedi et le dimanche.

Ita L. née Goldfeld

Ita L. née Goldfeld  d’Eric Zanettacci,  mise en scène de Julie Lopes Curval et Hélène Vincent.

Ita L. née Goldfeld 858661919 On est le 12 décembre 1942. Rappel des faits de cette époque noire. Depuis mai 42,   le gouvernement  de Vichy oblige les Juifs à porter l’étoile jaune ; en juin,  Laval, président du Conseil sous Pétain déclare souhaiter la victoire de l’Allemagne! En juillet, la » France libre » devient la « France combattante » et la liaison se fait entre résistance intérieure et extérieure au pays mais c’est aussi la tragique rafle du Vel d’Hiv à Paris et 13.000 juifs sont arrêtés par la police française!
En novembre, les Allemands envahissent la zone sud de la France et occupent Toulon où la flotte française se saborde… Et l’amiral François Darlan, grand initiateur de lois anti-juives en France, que Pétain avait remplacé par Laval comme vice- président du Conseil, prend le pouvoir en Afrique du Nord.  « L’Allemagne sera vainqueur. Si nous ne collaborons pas avec elle, nous ne serons plus rien. Quant à moi, j’ai choisi la collaboration ». Il conserve le commandement des armées de Terre, de l’Air et de Mer. Et, en novembre 1942, suite au débarquement allié, il prendra le pouvoir en Afrique du Nord avec le soutien des Américains, mais est abattu le 24 décembre à Alger.

Cette période noire, ce n’était pas, il y a trois siècles-Hélène Vincent marchait à peine-mais un an et demi avant la libération de Paris en août 44. Ita L. Goldfeld vit à Paris dans le rue du Petit Musc, dans le Marais. Elle avait dû déjà fuir les pogroms de la Moldavanka en Ukraine où une partie de sa famille avait été massacrée, et voilà qu’à nouveau l’histoire bégaie. Cette femme seule, que l’on sent épuisée par les privations et par le froid, ne comprend pas: pourtant, Salomon,  son mari qui avait été gazé à la guerre de 14, est  décédé depuis; il lui avait pourtant bien dit que la France était une terre d’accueil et qu’elle ne risquait rien à Paris. Deux de ses enfants ont été envoyés en zone Sud mais elle n’a aucune nouvelle de l’aîné qui a été déjà emmené à Drancy, de sinistre mémoire, pour des trains sans retour.
 Mais elle voit bien que ses voisins -enfin pas tous heureusement- ne veulent pas être vus avec elle et qu’elle ne pourra pas compter sur grand monde en cas de coup dur. Ita voudrait encore croire à quelque chose mais lucide, elle  a l’intuition qu’elle sera emmenée comme les autres pour un voyage dont on ne revient pas. Des policiers sont venus et vont revenir la chercher dans une heure, le temps qu’elle,prépare sa valise. Elle pourrait s’enfuir mais où et  comment?
On la sent  désespérément seule, résignée incapable de résister à la folie qui s’est emparée de l’Europe… C’est son arrière-petit-fils, Eric Zanettaci , qui a voulu lui redonner vie, une heure durant, seule sur un plateau de théâtre. Et elle raconte son mariage avec Salomon, ses joies et ses peines et sa vie dans un Paris occupé déjà depuis deux ans, dans un des hivers les plus durs depuis le 19 ème siècle, celui  de  l’hiver précédent 41-42.
Elle non plus, une fois emmenée par des fonctionnaires de l’Etat français , ne reviendra jamais!
Sur la petite scène, un petit bureau, et  quelques chaises en bois, mais Hélène Vincent est là , dès la première minute où elle entre, face public, humble mais déterminée à faire entendre la voix de cette cette femme, sans rajouter quoi que ce soit d’inutile dans la voix comme dans les gestes,  pour nous faire entendre un texte qui n’a sans doute rien de génial mais qui, dans son humilité, dit  beaucoup de choses sur cette époque douloureuse qui fait partie de l’histoire et sur laquelle on a déjà tellement écrit!
Hélène Vincent  dit les choses calmement, simplement, ce qui rend encore plus bouleversant son personnage… On oubliera quelques erreurs de mise en scène mais, en soixante-dix minutes, c’est vraiment de la grande interprétation, mise au service de  la mémoire de ces années terribles pour qu’elles ne soient jamais oubliées.

Philippe du Vignal

Théâtre du Petit Saint-Martin jusqu’au 14 avril,  du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 15h.T: 01 42-08-00-32

«KHHHHHHH» Langues imaginaire et inventées

«KHHHHHHH» Langues imaginaires et inventées Le nouveau festival du Centre Pompidou.

«KHHHHHHH» Langues imaginaire et inventées con-khhhhhhh20132_normalTandis que le public se presse à l’exposition Salvador Dali, le Nouveau Festival tient sa quatrième édition, investissant l’espace 315 et le sous-sol du Musée. Une exposition  qui tente de récapituler -si cela est possible, tant ils sont nombreux à travers les âges- les langages imaginaires ; elle s’accompagne de conférences, lectures, performances, films…
De la langue des Martiens ou des héros de Star Trek à celles de Finnegan’s Wake ou de Tolkien, en passant par les glossolalies du Moyen Âge, l’oralité, la musique, une spatialisation innovante sont convoquées.

Un espace est consacré à Guy de Cointet, maître ès cryptographie, à qui l’on doit notamment plusieurs pièces de théâtre dont De toutes les couleurs, créée au Théâtre du Rond-Point en 1982, mis en scène par Yves Lefebvre avec Sabine Haudepin, Fabrice Luchini, Violeta Sanchez et Véronique Silver.
On peut entendre ses textes en lecture tous les jours à 15 heures 30…Yves Lefevre, qui a par ailleurs traduit Un capitaine from Portugal du même Cointet, travaille à la mise en scène d’une version courte de cette pièce*
On retrouve aussi Isidore Isou, et son comparse Maurice Lemaître, présentés à la Colline le mois dernier dans Le Cabaret discrépant, Dada et bien d’autres inventeurs d’idiomesDe vieilles connaissances, et des découvertes.

Un voyage dépaysant !

 

Centre Georges Pompidou jusqu’au 11 mars 2013. Entrée libre

 

Et aussi

Comme il est blond !… 

Version courte de la pièce « De toutes les Couleurs » de Guy de Cointet (1934-1983)

 

 

http://www.dailymotion.com/video/xxvthq

 

 

Grand Fracas issu de rien

Grand fracas issu de rien, cabaret spectral de Pierre Guillois, interprétation numérique de Claire Berdainne, gymnatique de Younesse El Hairi, chant de  Sevan Manoukian, jonglage et informatique d’Adrien Mondot, sur des textes de Valère Novarina.

Pierre Guillois, nous l’avons suivi sans jamais être déçue depuis ses premiers pas il y a une vingtaine d’années à l’Hôpital Éphémère avec sa compagnie Le Fils du Grand Réseau pour Roméo et Juliette déjà avec Axel Aust . Beaucoup de souvenirs hilarants avec Les caissières sont moches au Théâtre du Rond Point puis au festival de Chalon-dans-la-rue, et au Théâtre du Peuple de Bussang dont il a assumé la direction pendant six ans avec, entre autres,  Le gros,la vache et le mainate, Un coeur mangé.
Ce cabaret spectral jongle avec les mots dans une magie informatique jamais vue: des pluies de mots  tombent en déluge sur les acteurs, un gymnaste s’envole au trapèze et sur les barres parallèles. Et il y a aussi le foisonnement furieux du verbe de Valère Novarina superbement mâché par Dominique Parent, les musiques de Purcell, Gounod, Bernstein chantées par Sevan Manoukian drapée dans une série de robes rouges ou noire qui apparaissent comme par magie.
Ce nouveau cabaret ravit la salle pleine de la Maison de la musique qui a repris ce cabaret spectral créé à Bussang mais seulement  pour deux représentations. Pierre Guillois est désormais artiste associé au Quartz de Brest.

Edith Rappoport

Maison de la Musique, Nanterre

http://www.lequartz.com/content/pierre-guillois

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le dernier dodo

 

Le dernier Dodo d’après Gilles Clément, mise en scène de Christophe Laluque.

 

le dernier dodo dodoL’Amin Théâtre fondé par Christophe Laluque à Viry-Chatillon, dispose depuis début 2012 de la Friche des Lacs de l’Essonne, où la compagnie fait ses créations, anime des ateliers, et accueille d’autres  troupes.
Le dernier Dodo, inspiré des travaux de Gilles Clément sur le jardin planétaire , met en scène un conquistador du XVIIe siècle, sur l’Île Maurice,  face à un Dodo,  bel et gros oiseau pataud incapable de voler, qui se nourrit des dures noix du Tambalacoque, un arbre en voie de disparition.
Le conquistador fait sa démonstration sur un tableau lumineux: « Nous construirons des routes sur les mers « …,dans un nuage de fumée,  on voit la caravelle qui s’avance. Le gros Dodo en tablier rayé  pose une maquette de son île : « Ils ramassent tout ce qu’ils trouvent, mais pas ce qu’ils cherchent (…) l’homme vole les trésors de la nature ! « .
En effet les Dodos qu’on chassait pour se nourrir, ont été entièrement exterminés en quelques années, ce qui a eu un effet désastreux sur la flore, puisque les Tembalacoques dont le bois très dur était recherché, ne pouvaient pousser qu’à partir des noix que seuls les Dodos pouvaient casser avec leurs gros becs. »Nous faisons tous partie d’une même famille avec ses trente millions d’espèces ! « . On énumère la longue liste de ceux qui ont disparu, ce qui a le don d’émouvoir les enfants…  et on les interpelle: « Tu peux sauver le Tembalacoque, regarde ce jardinier, il n’est pas tout seul à jardiner ! « .

Edith Rappoport

Théâtre Dunois jusqu’au 8 mars. T:  01-45-84-72-00

Vivre ensemble la banlieue : Le Théâtre et l’Art

Vivre ensemble la banlieue : le théâtre et l’art, dans le cadre des débats du Nouvel Obs, à La Commune.

 

Vivre ensemble la banlieue : Le Théâtre et l’Art dans actualites banlieue

Ville symbole s’il en est, en termes de développement culturel, sous l’impulsion de Jack Ralite puis de ses successeurs – dont l’actuel Maire, Jacques Salvator-, tous deux présents, Aubervilliers n’a eu de cesse de tisser des liens avec ses habitants, de donner dignité à chacun et de créer des passerelles pour contredire l’effet centre et périphérie, avec un label qualité dans toutes les propositions artistiques et culturelles portées par la ville.

Le Théâtre de la Commune d’Aubervilliers a ouvert ses portes en 65, sur un concept de théâtre populaire. Gabriel Garran l’a lancé  puis dirigé pendant plus de vingt ans. « Le Théâtre a fait bouger la ville et irradiait la liberté » dit  Jacques Ralite.
Devenu Centre dramatique national en 71, ses missions de service public, au plan local, territorial et national, se sont confirmées. Après l’avoir dirigé pendant quinze ans et au moment de passer la main, Didier Bezace,
par cette journée qu’il organise avec son équipe, pose un «dernier geste d’affection sur le territoire» en invitant artistes, opérateurs culturels, représentants d’associations et politiques, autour de quatre tables rondes.

 Désacraliser le théâtre en travaillant également hors-les-murs, partager les biens communs, permettre la rencontre des cultures et le vivre ensemble, respecter la dignité de tous et de chacun, tels sont les objectifs évoqués par les associations, et ce pourquoi elles agissent. En ce sens, les débats proposés aux habitants d’Aubervilliers par le Collège de France, mettant en action la recherche en train de se faire dans divers lieux de la ville et avec différents partenaires, ont permis à la population de discuter avec de grands intellectuels jugés souvent intouchables : ainsi Jean-Pierre Vernant, historien, spécialiste des mythes grecs, avait  donné sa dernière conférence, sur L’Odyssée, dans le cadre des Lundis du Collège de France, un avant sa mort, en  octobre 2006, au lycée Le Corbusier.
La table ronde sur le travail et la création a redéfini l’art, ainsi que le travail dans ce qu’il y a de plus profondément humain. Le constat de sa désintégration, comme celui du refoulement de la créativité dans l’institution ou dans l’entreprise, appelle à rechercher ses antidotes : et si on ré-enchantait le social ? Et si l’on faisait cause commune entre le monde du travail et celui de la création ?
Cette journée de réflexion a permis de poser les rapports entre l’artiste et le prince, une nouvelle fois, repartant de la répartition des compétences et de la transversalité des politiques publiques, de la question de la gouvernance, du rôle économique de la culture, sur le territoire (quarante communes en Seine-Saint-Denis), affirmant la culture comme outil d’émancipation politique. La banlieue ne devrait pas poser de problème à la société mais un problème de société, dit Patrick Braouezec, ancien maire de Saint-Denis travaillant actuellement sur le concept de Paris Métropole.
Les artistes implantés sur le territoire et participant aux différentes tables rondes (Mathieu Bauer, Judith Depaule, Nicolas Frize, Laetitia Guédon, Ahmed Madani, Christophe Rauck et Mohamed Rouabhi) parlent de phénomène d’identification, de coupure, d’écoute, de solidarité, d’identité, de recherche du sens et de la rencontre avec l’œuvre. Nicolas Frize évoque la mise en œuvre plutôt que l’œuvre et la culture pour tous ; il propose de penser la culture à l’intérieur du politique, et de rester mobile dans sa pensée : «La culture est tout le contraire d’un lieu de contemplation, de normalisation, de décompensation» dit-il…
La réflexion sur la notion de résistance fut un des points majeurs de la dernière table ronde. Aurélie Filipetti, Ministre de la Culture et de la Communication, la reconnaît comme «un élément dynamique, à l’inverse de la défensive», et elle a rappelé la nécessité de mettre en place des politiques volontaristes tout en préservant la capacité d’intervention.
Bertrand Tavernier proposa, comme priorité, la lutte contre les dictatures : celle de l’argent, des fondamentalismes, de l’ignorance ou de l’instant présent, et l’importance de parler du passé, pour lutter contre le présent imposé. Le réalisateur reconnaît à l’art «la faculté d’ouvrir les esprits et de permettre le changement, les œuvres d’art faisant figure d’œuvres de construction massive».
Jack Ralite déterminé, comme on aime à l’entendre, a parlé aussi de bataille pour la liberté et contre la dictature des médias ; des biens communs que sont  » l’art et la culture, ni à nationaliser, ni à privatiser, ni à marchandiser », et invitant à se mettre en état de veille et de résistance.
Par images interposées, d’autres artistes participaient à la rencontre entre clins d’œil et liberté d’opinion, entre autres: Pierre Arditi, Ariane Ascaride, Patrick Catalifo, Fellag et François Morel. La recherche de sens et la convivialité furent à l’ordre du jour, dans le droit fil du travail artisanal réalisé par Didier Bezace, pour qui « il n’y pas de conclusion, juste une ouverture » et qui reconnaît : « Non, la banlieue n’est pas grise ». La rencontre des cultures, le sens des symboles et l’exigence artistique, sont, à Aubervilliers, au cœur du sujet.

Brigitte Rémer

Théâtre de la Commune –Centre Dramatique National  d’Aubervilliers, samedi 23 février

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Les secrets du Palais Garnier

Les secrets du Palais Garnier

Les secrets du Palais Garnier dans actualites atelierDès neuf heures trente dimanche dernier,  les abonnés de l’Opéra de Paris étaient présents dans la « Rotonde des abonnés »pour une visite de près de deux heures, dans les espaces habituellement interdits au public.  Située sous la salle, cette rotonde accueillait justement il y a bien longtemps les abonnés qui arrivaient en fiacre!
Seize groupes de trente personnes vont se succéder toute la journée pour cette découverte à part que nous  débutons au quatrième étage, (à la hauteur des cintres) par la visite du Studio Marius Petipa. Al’origine,  c’était, quand le   Palais Garnier fut construit en 1875, un espace vide qui servait à évacuer les gaz de combustion du grand lustre de huit tonnes à travers une grille dans le plafond.
Mais le gaz qui servit à éclairer le théâtre jusqu’en 1881 avait entraîné la dégradation prématurée de la peinture de Lenepveu, (dont une réplique de petite dimension est visible dans la bibliothèque-musée de l’Opéra), et on décida de la mise en place en 1964 d’une nouvelle peinture- controversée-de Marc Chagall au-dessus du lustre.
La grande coupole du studio Petipa est repérable de tout Paris par sa position centrale, mais  ne devint une salle de répétition qu‘en 1960 en particulier pour l’école de danse de l’Opéra de Paris, (jusqu’à son déménagement à Nanterre en 1987).  et c’est est un des rares endroits ou l’on peut voir la charpente métallique de l’édifice. La pente du studio est de 4%, identique à celle de la scène.
Nous découvrons les ateliers de costumes, point névralgique de l’Opéra. Ici, on entend par costume tout ce qui est porté par les artistes. Le « central costumes »qui accueille les costumes prêts avec leurs accessoires avant les entrées en scène,  est impressionnant,avec ses beaux placards en bois et sa hauteur  sous plafond qui permet l’accrochage des tutus tous suspendus à l’envers.
Les costumes de danse sont gardés à l’Opéra Garnier, et les autres à  l’Opéra-Bastille. Les ateliers tailleur créent les costumes des hommes, et l’atelier flou  ceux des femmes.
Les ateliers modiste s’occupent de la confection des chapeaux et de tous les éléments coiffants. Christine Neumeister, la chef-costumière, nous reçoit dans l’atelier décoration  destiné à la bijouterie, la confection des masques, les teintures et les peintures des costumes. Les masques des petits rats de Casse-Noisette côtoient les couronnes de strass des princesses, un rêve à portée de main.
Nous rejoignons l’historique Foyer de la danse, en arrière de la scène, qui permet d’avoir au besoin une profondeur de cinquante mètres! Des chorégraphes  comme Jiri Kilian ont utilisé cette perspective pour leur mise en scène, perspective utilisée chaque année lors du défilé du corps de ballet. C’est un espace de répétition richement décoré qui comporte vingt médaillons ovales où sont représentés les plus grandes danseuses de l’Opéra depuis sa création…
Le plateau a une surface de 1200 m2,  ce qui fait de l’Opéra la plus grande scène de théâtre à l’italienne en France. La salle de 2027 places, vue de la scène, est remarquable : sa pente de 4% crée une vraie sensation de proximité pour les artistes malgré ses dimensions. imposantes. La visite se poursuit par la rotonde de l’Empereur et la salle de lecture de la bibliothèque-musée (dépendant de la Bibliothèque Nationale de France) qui renferme les archives de l’Opéra depuis trois siècles.
Nous terminons cette découverte par un des endroits les plus photographiés, le grand escalier de marbre d’une hauteur de trente mètres, conçu par Charles Garnier comme un théâtre dans le théâtre: des balcons tout autour, on peut en effet observer le public qui  monte les marches. Cette visite passionnante apporte encore plus de magie au lieu et survient à peine une semaine avant l’ouverture au public des abonnements pour la saison 2013-2014.
A la hauteur de ses ambitions, Charles Garnier disait  de ce palais historique:  » Il n’y a pas à choisir entre les arts, il faut être Dieu ou architecte ».

Jean Couturier

www.operadeparis.fr

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