Festival de Teatro Memoria de Santa Cruz
Festival de Teatro Memoria de Santa Cruz de la Sierra en Bolivie : El Naufragio de Nuflo de Chavez mise en scène de Marcos Malavia
C’est à l’Ecole Nationale de Théâtre que ce spectacle a été joué avec les élèves de quatrième année. Pour parvenir à l’Ecole depuis Santa Cruz de La Sierra, il faut faire 45 mn de route goudronnée (la plupart des autres chemins partant de cette route principale sont en terre !) qui fait penser à un paysage urbain d’il y a cent ans…
Petites boutiques ouvertes sur la rue, infirmeries, cabinets d’avocat ou de médecins côtoient les échoppes de réparateurs de voitures et des bazars en tout genre. Pas de taxis mais des carrioles à chevaux…
Puis, au milieu de nulle part , on découvre cette récente Ecole Nationale de Théâtre dirigée par Marcos Malavia, voisine de l’Université catholique de Bolivie.
Avec les structures d’une école moderne: salle de spectacle de cinq cent places, plusieurs salles de répétition au nom d’Antonin Artaud et de Marcel Marceau, une bibliothèque, des ateliers de fabrication, et des bâtiments pour les pensionnaires.
Cette école a comme spectateurs fidèles, les élèves des écoles environnantes. Marcos Malavia monte avec ses quinze élèves une adaptation scénique d’un texte de José Sanchis Sinisterra qui nous conte l’aventure de Nuflo de Chaves et des conquistadors venus comme lui d’Espagne pour envahir les terres indiennes à la recherche d’or, dans des combats sans pitié avec les populations indiennes.
En 1544, il participe à la révolte contre le gouverneur espagnol et, en 1561, fonde Santa Cruz de la Sierra du nom d’une petite ville espagnole dont il était originaire. L’énergie de jeu des jeunes comédiens, comme souvent pour des présentations d’élèves, est ici bien réelle. Les lumières et les musiques, (le metteur en scène n’hésite pas à reprendre la musique d’Ennio Morricone pour Mission de Roland Joffé !) contribuent à créer un spectacle très cinématographique constitué d’une succession de scènes rappelant parfois des tableaux de Géricault.
Mais paradoxalement, Marcos Malavia se refuse à user d’une mise en scène traditionnelle, et plusieurs scènes, pleines d’ironie, viennent briser l’identification, avec un jeu au second degré, d’où une certaine confusion dans la mise en scène.
Malgré ces réserves, le public du festival semblait conquis par le spectacle qui a le mérite de donner à voir un épisode constitutif de l’histoire de la Bolivie, ce qui explique aussi l’extrême motivation des comédiens.
Jean Couturier