Rêveries d’une jeune fille amoureuse
Rêveries d’une jeune fille amoureuse d’Arthur Vernon.
A la Folie-Théâtre, le rouge des fauteuils de l’accueil rappelle celui du rideau utilisé comme élément de transition pour ce spectacle imaginé par Arthur Vernon à qui va bien le rouge du rituel et de la provocation.
Ce jeune homme, de bonne famille comme on dit chez Labiche, veut permettre au corps et aux fantasmes féminins de s’exprimer en toute liberté.
“Cette pièce militante, dit-il, avec son interprétation presque exclusivement féminine, veut décomplexer la société et les femmes en particulier pour qu’elles puissent se réapproprier leur corps. Elle s’inscrit dans la mouvance des féministes pro-sexe: le sexe pour le sexe”.
Ambitieux projet! Sa propre écriture côtoie en effet celle de Victor Hugo, de Saint-Augustin et de l’ auteur inconnu du Godemichet royal (1789). Ces textes rappellent l’éternelle opposition entre le sexe à but de procréation et le sexe pour le plaisir.
Arthur Vernon met en scène un seul comédien et six jeunes actrices d’une vingtaine d’années, qui donnent toute leur énergie à ce spectacle sans temps mort. Pour certaines, c’est leur première expérience professionnelle sur scène.
La musique, constamment présente, oscille entre des morceaux du très “mode” Sébastien Tellier à Brahms avec ses Danses hongroises. Serge Gainsbourg est aussi mis à contribution avec trois chansons, lors d’un duo réussi entre deux comédiennes, dont l’une joue le rôle de “Serge. Des lumières tamisées accompagnent les rêveries de cette jeune fille. La chorégraphie, sur les conseils de Nasser Martin-Gousset, est inspirée de Loï Fuller et d’Isadora Duncan, véritable défi dans cet espace limité à quelque quatre mètres de profondeur pour une ouverture de sept…
L’ensemble du spectacle est un peu disparate, on passe d’une scène romantique à une scène burlesque, ou à une autre carrément provocante. En particulier, ce rituel d’ondinisme de la jeune fille, moment qui serait sans doute applaudi dans un centre d’art contemporain mais qui peut surprendre ici… Certains regards de spectateurs n’osent s’aventurer sur le corps totalement nu de la comédienne.
Dans cette auberge espagnole, chacun peut trouver son interprétation. Une première création qui ne laisse pas indifférent et dont les spectatrices sortent plutôt joyeuses .
Jean Couturier
La Folie-Théâtre