l’odeur des planches de Samira Sédira

L’Odeur des Planches de Samira Sédira.

l'odeur des planches de Samira Sédira dans analyse de livre 31tou1tydsl._sl160_  Formée  à l’école de Saint-Étienne, elle a joué au Théâtre de la Colline, au T.N.P. de Villeurbanne, au Théâtre National de Strasbourg, etc… mais   puis peu à peu, les contrats se sont arrêtés… Et, comme il faut bien vivre, Samira Sédira fait des ménages, vit la fatigue et l’humiliation de devoir pénétrer  chez des inconnus, de nettoyer leurs toilettes, de ramasser leur linge sale.
Dans son livre,  elle met en parallèle son
histoire, celle de ses parents avec sa rencontre avec le théâtre et son besoin de créer. Grâce à une amie, elle avait découvert  le théâtre à l’université;  ses premiers mots sur scènes sont ceux du Roi Lear : »Je ne sais plus quels étaient ces mots, mais je reste à jamais marquée par le silence de mes partenaires, leur incroyable écoute, si dense. Une émotion fiévreuse avait jailli de moi, comme si je n’avais pas parlé depuis des années (…) Alors sous les regards médusés et l’éclairage artificiel que j’absorbais par tous les pores de ma peau, j’ai laissé venir les larmes, la douce, la profonde montée des larmes, des sanglots longs qui venaient de loin.
« J’étais devenue lumière, je me sentais riche, enfin, et cette richesse me servirait tout au long de ma vie. J’avais le pouvoir »
Ses parents n’ont pas tout de suite compris quel était ce métier, cette voie qu’elle choisissait mais ils l’ont soutenue et tout se passait bien dans ce qu’elle croyait être « la grande famille du théâtre ». Quand elle n’a  plus de  travail, elle se renferme, ne sort plus et reste discrète sur son travail. « S’il m’arrive de croiser quelqu’un que je connais, je préfère dire que je ne fais rien pour l’instant, plutôt que d’avouer que je fais des ménages. Ou alors,  je mens, je m’invente des projets, je dis que je donne des cours de théâtre, à des enfants, dans les écoles, je raconte n’importe quoi »
Avec les Tchehkov, elle dit souvent qu’elle « a mal à Platonov », des mots qu’elle comprend parfaitement dans sa situation, quand il devient difficile de s’apprécier et  de vivre avec soi. Mais Samira Sédira se dit qu’elle doit faire quelque chose, elle a cette qualité qu’ont les créateurs, la capacité d’utiliser les arts pour éviter un trop plein, pour partager aussi. Ce qu’elle fait dans ce livre, qui n’est absolument pas porteur de ressentiment, et n’est pas là pour  montrer son c.v. et retrouver des contrats.
C’est simplement une confession courageuse, douce et sincère, crue quand il le faut. Et il n’est pas question que de théâtre: sa vie familiale s’imbrique au fur et à mesure du récit. Elle crée des rapprochements avec sa mère, fil rouge de cette histoire, cette mère, qui a fait un  mariage arrangé avec  son père, sans amour.  Samira Sédira, elle, est consciente de la chance de ne pas avoir eu à subir tout ça, ni le déracinement qu’a vécu sa mère…
Un récit bouleversant où il est question de théâtre et de création, une belle démonstration de courage et d’opiniâtreté. On a beaucoup de plaisir à la lire, et on espère  revoir très vite Samira Sédira sur une scène. Si le théâtre, provisoirement, ne l’aime plus, elle prouve ici son besoin de vivre au théâtre.

Julien Barsan

Editions La Brune au Rouergue 16€


p3230549 dans analyse de livre

 

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