L.A. Danse project.
Refelctions, Quintett et Moving Part par L.A Dance Project, conception de Benjamin Millepied.
Comme Serge Diaghilev, son prédécesseur au Châtelet, Benjamin Millepied va bientôt aller à l’Opéra, comme chorégraphe en mai prochain puis, comme directeur de la danse, en remplacement de Brigitte Lefèvre. A trente-six ans, il y a présenté deux de ses créations, tout en délicatesse, Reflections en première mondiale et une création récente Moving Parts. Et enfin Quintett, célèbre chorégraphie de William Forsythe, un maître dont il se revendique.
La transmission de la danse contemporaine est une forme de compagnonnage, et Benjamin Millepied a aussi un autre maître à penser qu’il admire: c’est Mikhaïl Baryschnikov. Et il dit de lui: « C’est un véritable apprentissage d’être son ami. Pour moi, ce n’est pas seulement le plus grand danseur de son époque, c’est aussi cette ouverture d’esprit, cette ténacité, il regarde toujours vers demain, pas derrière lui. C’est une inspiration énorme pour moi et d’autres actuellement. Aux Etats-Unis, il a créé l’un des rares lieux qui soutient une certaine danse, il rassemble ».
C’est dans cet esprit que Millepied a créé L.A Dance Project, une compagnie ouverte aux créateurs contemporains et vivant grâce aux revenus des tournées, de sponsors privés et d’un partenariat de Van Cleef & Arpels pour trois créations sur trois ans. Quintett est toujours aussi émouvant avec cette chanson répétitive Jesus’Blood Never Failed Me Yet, et les trois danseurs et les deux danseuses font renaître la même émotion que celle ressentie à la création, et sur cette même scène en 93.
Le talent des interprètes éclate dans les deux autres chorégraphies de Millepied. Avec Moving Part, la musique de Nico Muhly, jouée en direct, les emporte dans une succession de mouvements du solo au quintette qui évoquent des ruptures ou des rencontres. Sans que l’on n’entende le bruit de pas des danseurs, tous en chaussettes et genouillères...
Ils déplacent des panneaux mobiles recouverts de lettres et de chiffres, ce qui, associé aux variations des lumières, donne une sensation de permanente mobilité. Reflections est fondé sur une scénographie étonnante de Barbara Kruger qui a conçu un design de mots blancs sur fond rouge, placés en toile de fond et au sol et un troisième élément de décor mobile. Mais la sensation d’harmonie entre danse et images est ici moins évidente et la musique au piano d’Andrew Zolinsky est parfois dissonante.
Mais ce triptyque constitue une très belle soirée. Micha devrait être satisfait !
Jean Couturier
Au Théâtre du Châtelet du 23 au 25 mai.