L’Uruguayen
L’Uruguayen de Copi, adaptation de Claire Ruppli, mise en scène de Roberto Platé.
Dans le roman, Copi, écrit depuis Montevideo, à son « cher maître » L’accablant d’insultes, il lui donne régulièrement des nouvelles de l’Uruguay, pays qui n’arrête pas de rétrécir, sorte de désert de sable menacé par la mer et dont les habitants meurent, puis renaissent, sous la férule d’un président sodomite manipulé par le pape d’Argentine… Accompagné d’un chien qui finira bientôt empaillé, il y fait son trou parmi les poulets rôtis qui s’égayent alentour et les Uruguayens qui n’ont pas plus de trois mots pour parler. Copi, lui, en a à revendre des mots. Et des images aussi, du pays où il a vécu enfant une dizaine d’années, après que ses parents eussent quitté l’Argentine et avant qu’ils ne s’installent en France.
C’est de cette langue bizarre-écrite en français mais pensée et rythmée en espagnol- et de cette imagination hallucinée que Claire Ruppli s’empare, travestie en Copi. Petit bonhomme tout en nerf, elle virevolte, facétieuse, autour d’un grand phallus doré, devant d’immenses pages imprimées qui s’affichent au fur et à mesure que le roman s’invente. Son interprétation débridée donne une théâtralité à un texte a priori non destiné à la scène et ressuscite, tout en restant à distance, un auteur tapageur qu’on a aujourd’hui tendance à oublier, et dont on méconnaît l’œuvre romanesque.
Copi dédia son premier roman, L’Uruguayen, à Roberto Platé, plasticien et scénographe argentin, membre du TSE, l’irrévérencieux et célèbre groupe théâtral. Platé, devenu aussi metteur en scène et trouvant une similitude entre son ami disparu et Claire Ruppli, il lui a demandé de porter le texte à la scène. » L’idée de faire porter ce texte par Claire, dit-il, est au cœur de l’écriture de Copi qui, sans cesse, se transformait en femme ».
Heureuse initiative qui remet au jour l’univers déjanté de Copi et donne envie de relire ses romans et ses bandes dessinées… A la parution de L’Uruguyaen, Michel Cournot, disait déjà, dans le Nouvel Observateur en 1973 : » Il écrit des choses étonnantes, des choses qu’on n’a jamais lues nulle part et qu’on ne veut surtout pas rapporter, pour laisser au texte de Copi tout son effet ».
Et l’’affiche du spectacle est signée Topor…
Mireille Davidovici
Théâtre du Petit Hébertot jusqu’à fin juillet, 78 Bd des Batignolles 75017 Paris. T: 01- 42- 93-13-04.