Münchausen, le spectacle
Münchausen, le spectacle, écriture collective dirigée par Julien Luneau, mise en scène collective dirigée par Elsa Robinne.
Karl Friedrich Hieronymus Freiherr von Münchhausen combat pendant dix ans dans l’armée russe et est nommé, en 1750, capitaine de cavalerie. Revenu en Allemagne, il confie à l’écrivain Rudolf Erich Raspe ses aventures: il aurait voyagé sur la lune sur un boulet de canon et dansé avec Vénus. Outre-Rhin, cet officier nostalgique de ses prétendus exploits est un archétype bien connu (déjà Le Miles gloriosus de Plaute!), et un héros légendaire, un peu à la manière de Tartarin de Tarascon ou de Cyrano de Bergerac, affabulateur, et un peu dérangé. Un héros dont le nom a été donné à un syndrome psychique où les victimes simulent tous les symptômes d’une maladie afin d’attirer l’attention des médecins.
En 1785, Rudolf Erich Raspe publie en anglais ces récits (du vivant du baron de Münchausen) qui furent ensuite traduites en allemand-mais remaniées dans un style plus satirique-par le poète Gottfried August Bürger (1747-1794). Puis ces Aventures furent traduites en français par Théophile Gautier(fils), avec les illustrations bien connues de Gustave Doré. Elles donnèrent lieu aussi à une dizaine d’adaptations au cinéma dont la première en 1911 par Georges Méliès, puis plus récemment au théâtre.
Ce Baron fantasque est prisonnier de son manoir comme des pages du livre de ses récits. Et, en proie à l’alcool, il ressasse ses histoires mais plus personne ne l’écoute…. Karl le majordome du baron est le témoin impuissant de ses délires et de sa descente aux enfers. Puis ce Baron, imbu de lui-même, vantard et grand menteur devant l’éternel, comprendra qu’il n’a plus rien à gagner à n’être qu’un personnage de papier et décidera de sortir de cette situation inconfortable… quitte à être obligé de
Le collectif qui s’est emparé de cette œuvre insolite, a, pour le raconter, choisi de la traduire à travers une exploration de son for intérieur » et de représenter le baron avec six personnages qui vont livre les différents visages du baron ». Accompagnés par un accordéoniste et batteur, et avec une scénographie et des lumières très simples de Nicolas Hubert soit une série de seize cubes qui leur servent à construire un trône, un muret,etc… et qu’ils manipulent souvent-un peu trop souvent mais de façon assez ludique. La diction et la gestuelle des jeunes comédiens sympathiques sont d’un niveau tout à fait correct, les costumes plutôt fins et frôles, la scénographie assez futée, et il y a un bon rythme, du moins, au début…
Et cela fonctionne? Non, pas vraiment. Cette adaptation, issue d’une écriture collective, est bien trop bavarde, il y a peu de véritables dialogues, et il manque une véritable dramaturgie pour que l’on s’y intéresse un peu plus longtemps que, disons, les vingt premières minutes. Les déplacements sont plutôt bien dirigés mais on ne sait pas trop où ce collectif veut en venir, et l’ennui est vite au rendez-vous. Tout est trop flou! Les jeunes comédiens font ce qu’ils peuvent mais, à l’impossible, nul n’est tenu!
En fait, tout se passe comme si ce collectif- mais, au fait, qui a fait quoi dans ce collectif?- avait été séduit par ce personnage mythique sans trop savoir comment arriver à raconter une histoire philosophique où « l’imaginaire et le pouvoir se disputent le pouvoir ».
Le jury de présélection a trouvé que « la proposition de mise en scène était tenue et maîtrisée », peut-être… mais pas sur une heure et demi; et, désolé, ce texte redondant ne possède guère de vertus théâtrales…
Philippe du Vignal
Spectacle joué au Théâtre 13 Seine les 18 et 19 juin.