Horizons, exposition des photographies de Gabriel Figueroa Flores
Horizons, exposition de photos de Gabriel Figueroa Flores.
La nature mexicaine comme théâtre et le sable à perte de vue habitent les photos de Gabriel Figueroa Flores qui raconte, avec ses grands formats en couleurs ou en noir et blanc, l’immensité des déserts, la complexité des végétaux, la profondeur des reflets et l’illusion. Bordées de découpes et d’échancrures, ses photos sont parfois déchirées en leurs bordures, ou fissurées en leur centre, ce qui oblige à une concentration du regard.
Mangroves et baobabs, variations de sépia à orange vif, strates de minéraux, arbres secs perdus dans des décors naturels et le silence, tout invite à la méditation. Fleur de Meztilán, un long cactus, s’étire dans une diagonale, et chacune des ses piques est d’une parfaite netteté ; Paysage lunaire montre des strates de pierres penchées gris anthracite ; des Arbres à carquois en rouge laissent le vent effleurer le fin duvet des herbes au soleil couchant, et les restes d’un arc-en-ciel ; Death Valley se compose de quatre segments en dégradé où le regard fouille le paysage, palier par palier, dans une gamme de gris ; Taus mountains, en noir et blanc, s’élancent aussi haut que les grandes Jorasses helvètes, à en toucher le ciel ; dans Le Bois de Pont Lobos s’entremêlent souches et racines au sol, couchées par le vent, à deux pas de la mer ; dans Les Dunes de Sossuvlei, le sable est orange et le ciel nuageux ; Les Xalames, imposants baobabs aux troncs millénaires, ressemblent aux éléphants. Et l’imaginaire se met en marche quand on regarde ces photos où l’emporte la perfection de la composition et du détail, quand il capte la pureté de ces paysages sans âme qui vive. Mélancolie et poésie sont la quintessence de son œuvre.
Diplômé en arts visuels de l’université de Westminster, Gabriel Figueroa Flores se dit influencé par Ansel Adams, son professeur, écologiste et photographe américain connu pour ses paysages et une singulière sensibilité aux espaces ouverts, et qui lui en a donné le goût. Il est aussi le dépositaire et restaurateur de l’héritage photographique de son père, Gabriel Figueroa, un chef-opérateur des plus connus au Mexique, et il s’est lancé, à son tour, depuis une douzaine d’années, dans la réalisation de films. Avec en 2007 : Un portrait de Diego, la révolution du regard, documentaire long métrage sur Diego Rivera, Gabriel Figueroa et Manuel Álvarez Bravo, à partir d’archives filmées en 49 par les artistes eux-mêmes.
Gabriel Figueroa Flores ne retouche pas ses photos, ainsi la prise de vue est-elle très méticuleuse, comme le choix de l’appareil. Il met un soin particulier à réaliser des tirages numériques sur des toiles à base de lin, retenues par des œillets et de discrets tendeurs.L’accrochage, très sobre, a été réalisé dans le bel espace de l’Instituto cultural de México dont la nouvelle directrice, Sara Valdès, est diplomate et connaît bien les rouages de la politique française pour avoir fait des études en conception, décision et gestion culturelle », programme mis en place par Jack Lang.
Cela laisse présager des projets de coopération de forte intensité. M. Agustin Garcia-Lopez Loaeza, ambassadeur du Mexique et Jose Luis Martinez, directeur général des affaires internationales au ministère mexicain de la culture, ont rendu hommage à l’œuvre du photographe. »Les mains vides je suis venu au monde, pieds nus, je vais le quitter. Ma venue, ma sortie, deux simples choses entremêlées tout au long du chemin», dit Kozan Ichikyo. « Avec un appareil photo » ! ajoute Gabriel Figueroa.
Brigitte Rémer
Instituto Cultural de México, 119, rue Vieille-du-Temple. Métro : Filles du Calvaire, jusqu’au 20 juillet, ouvert du lundi au vendredi de 10h à 13h et de 14h30 à 18h ; le samedi de 15h à 19h ; fermé le dimanche et les jours fériés. (www.mexiqueculture.org)