Une flûte enchantée

Une Flûte enchantée librement adaptée par Peter Brook, Franck Krawczyk et Marie-Hélène Estienne.

Une flûte enchantée unefluteenchantee1pascalvictor_artcomart-300x200Reprise de ce spectacle mythique et  diffusion sur Arte, le 3 juillet du film de son fils Simon Brook, Peter Brook sur un fil le 3 juillet... Peter Brook reste une idole toujours vénérée…
Accompagné au piano par Rémy Atsay, sur un plateau nu peuplé d’une forêt de hauts bambous, manipulés par les acteurs-chanteurs qui ouvrent des chemins, forment des labyrinthes, avec des bancs de sur-titrages latéraux très lisibles, cette Flûte enchantée n’a jamais été aussi claire, sans pour autant perdre son étrange mystère.
Comme pour La tragédie de Carmen et Impressions de Pelléas, Peter Brook qui avait depuis 1950 abandonné l’opéra après plusieurs expériences à Covent Garden et au Metropolitan Opera de New-York, « pris d’une haine absolue de cette forme figée (…) contre le système opéra qui bloque tout » a choisi de travailler longtemps avec de jeunes chanteurs.

Pour la première fois, cet opéra devient presque lumineux : la vengeance de la Reine de la nuit contre Sarastro qu’elle veut détruire, car il a enlevé sa fille Pamina pour la préserver du mal. Pamina est chargée par sa mère de tuer Sarastro, mais elle s’y refuse. Elle recherche Tamino, errant lui aussi avec Papageno dans un chemin initiatique. Les deux amoureux se retrouveront après avoir triomphé de l’empire du mal et Papageno trouvera sa Papagena.
Tous les grands airs sont interprétés ici avec une belle maestria par une distribution étincelante de simplicité, en particulier Alex Mansoori, magnifique Monostatos. Un seul défaut,  on peinait à entendre les séquences parlées, pour que le délice soit absolu.

Edith Rappoport

Théâtre des Bouffes du Nord jusqu’au 31 juillet, du mardi au samedi à 20 h 30, réservations 01 46 07 34 50 de 13 h à 18 h
http://www.bouffesdunord.com


Archive pour 2 juillet, 2013

journées de juin du cons; classe de nada strancar

Journées de juin au Conservatoire  national; classe de Nada Strancar.

journées de juin du cons; classe de nada strancar 605

©Anne Gayan

Cela ressemble à un marathon et c’est en est souvent un, d’abord pour les élèves et pour le public, prié de regarder presque en continu quelque trois heures d’un spectacle qui n’en est pas tout à fait un,  puisque ce sont, et annoncés comme tels, des  travaux dirigés  par l’enseignant.
A partir de textes pas faciles à dénicher, puisqu’il faut, et souvent en coupant, en montant/ montrant une ou deux scènes d’une pièce, accorder  à chacun des seize élèves son petit morceau d’entrecôte, tout en donnant  au public l’impression qu’il assiste quand même à un spectacle digne de ce nom. La solution: monter une pièce entière mais on retrouve alors la difficulté de trouver un véritable rôle pour tout le monde, et, si on en monte plusieurs, le travail devient  monstrueux!
Il faut aussi  que les metteurs en scène de théâtre et les réalisateurs de cinéma ou de télé puissent éventuellement y faire leur marché. Donc: la quadrature du cercle auquel professeurs et directeur sont, chaque année,  confrontés…

Nous n’avons pu voir que cette seule séance-sur les quatre du travail proposé par Nada Strancar-avec des élèves de chacune des  trois années: Pauline Bayle, Simon Bourgade, Idir Chender, Maxime Coggio, Emilien Diard Detoeuf, Pierre Duprat, Alex Fondja, Elsa Guedj, Nassim Haddouche, Karim Khali, Inga Koller, Morgane Nairaud, Anne-Clotilde Rampon, Loïc Riewer et Jenna Thiam) avec  des textes peu joués de Brecht, comme La véritable vie de Jacob Geherda, Celui qui dit oui, celui qui dit non, Le Mendiant ou le chien mort, Marie Stuart,  et, en point d’orgue,  Marie Stuart de Schiller dont Brecht s’était inspiré…
La Vie de Jacob Geherda a pour thème l’activité  en déclin d’un restaurant  touché par la crise économique et sociale de 29  qui secoua durement l’Allemagne. Métaphore pour Brecht de la société de son époque, juste avant que le nazisme ne sévisse.Le fiancé d’une serveuse vient se plaindre au patron de ce restaurant, parce qu’elle aurait été importunée, lui a-t-elle dit, par de jeunes et riches clients, membres d’un club nautique.
Vérité, mensonge ou demi-vérité?  Ses camarades de travail indifférents ou ayant peur de perdre leur emploi refusent de témoigner en sa faveur; Jacob Geherda, seul contre tous voudrait, lui,  dire ce qui s’est passé en réalité mais il n’en a pas vraiment le courage et s’imagine alors en chevalier noir, capable de défendre ceux qui souffrent d’injustice.  Mais le rêve et la réalité font mauvais ménage!
La pièce-55 minutes seulement-démarre bien mais s’essouffle vite; elle  permet toutefois d’employer quatorze élèves, la plupart dans de rôles mineurs et cela s’apparente donc ici à un exercice de style. Inga Koller dans le rôle travesti du patron s’en sort bien,, même avec quelques facilités,  et on remarque surtout Loïc Riewer (Jacob Geherda). Elsa Guedj, (la réceptionniste) qui tire constamment sur sa très mini-jupe), cabotine un peu mais déclenche les rires  facilement…
Ce sont des travaux dirigés de bonne tenue, mais  il n’y a pas vraiment  de parti-pris de mise en scène. La diction des apprentis-comédiens est impeccable, c’est la moindre des choses mais la gestuelle, bizarrement, est  bien peu rigoureuse comme souvent au Conservatoire!  Dommage…Et Nada Strancar a eu la curieuse idée façon brechtienne- d’aligner sur les côtés, assis sur des chaises, les élèves qui ne participent pas à la scène et qui… se moquent éperdument de regarder jouer leurs copains. Comme si on était déjà dans le vedettariat! Cela se voit et ce n’est pas bien du tout! La solidarité en scène, cela fait pourtant aussi partie du métier, de comédien,  non ? Allez, Daniel Mesguish, un petit rappel à l’ordre sous forme de note de service  du directeur, cela ne serait pas un luxe… 

Celui qui dit oui, celui qui dit non est au  nombre de  ces pièces de Brecht au côté  didactique et préchi-précha un peu laborieux mais elle permet de bien mettre en valeur deux élèves de troisième année Louise Coldefy et Pauline Bayle (déjà auteur et metteur en scène voir Le Théâtre du Blog), toutes  deux absolument impeccables dans le rôle de l’instituteur et  de l’enfant: présence sur le plateau, diction, gestuelle. Visiblement, Nada Strancar les a bien dirigées.
Le Mendiant ou le chien mort  ne mérite guère que l’on s’y attache; et la soirée se termine avec une scène de  Marie Stuart inspirée  de Schiller, une querelle entre deux poissonnières, Madame  Zwillich (Louise Coldefy) et  Madame Scheit (Morgane Nairaud), et enfin la fameuse scène entre les deux reines Mary d’Ecosse et Elisabeth d’Angleterre  de la pièce de Schiller où Pauline Bayle-encore elle!-est tout à fait à la hauteur.du rôle. Anne-Clotilde Rampon a de bons moments mais semble encore un peu fragile pour le rôle.

C’est peut-être le hasard puisque nous n’avons pas tout vu mais les filles, comme d’habitude au Cons, nous ont semblé plus mûres, plus à l’aise que les garçons-corrects mais souvent un  peu éteints! et surtout sans grande envie d’en découdre.
On se demande toujours ce que vont devenir maintenant ceux des élèves qui sortent, et on essaye de les imaginer en 2023… Mais mieux vaut ne  rien prédire de leur parcours;  en général,  on a tout faux…

 

Philippe du Vignal


Séance du 27 juin en soirée

Il Mondo della luna

Il Mondo della luna, musique de Joseph Haydn, livret de Carlo Goldoni, direction musicale de Guillaume Tourniaire, mise en scène de David Lescot

Il Mondo della luna ilmondo-300_nd38048 Le ciel est étoilé et le restera au cours des trois actes, et la lune tient le rôle de prima donna. Dans la fosse, l’Orchestre-Atelier OstinatO, composé de jeunes musiciennes et musiciens de haut niveau, en position d’insertion, est au complet, sous la baguette du dynamique Guillaume Tourniaire. Sur le plateau, les solistes de l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris, jeunes chanteurs en début de carrière, incarnent, en alternance et avec aisance, les rôles écrits par Carlo Goldoni. C’est sa sixième coproduction avec la MC93 qui avait à l’affiche, l’an dernier La Finta Giardiniera, de Mozart.
Inventeur d’un télescope dont il est fier, Ecclitico observe la lune à partir de son observatoire situé sur le toit d’une vielle camionnette. Plus mystificateur qu’astronome, ce professeur nimbus prétend avoir vu, sur la lointaine planète, quelques ravissantes lolitas en habit d’Eve, et nourrit les fantasmes de quelques-uns, dont Buonafede, un passionné d’astronomie. Rempli d’admiration face à ce spectacle inédit, le naïf va se faire manipuler, car la lunette est truquée. Avec ses deux compères -le chevalier Ernesto et son serviteur Cecco-, Ecclitico tourne le télescope vers de petits personnages, qui se projettent sur une banderole : point de nymphettes, en fait. Et chacun y va de sa petite histoire, dans une atmosphère électrique : «Qu’avez-vous vu» ? se demandent-ils les uns aux autres.

Absorbé par ses grandes découvertes, Buonafede ne voit pas ses trois filles se mutiner, au fond d’une vieille roulotte, posée dans un terrain vague couvert de détritus (scénographie d’Alwyne de Dardel et lumières de Paul Beaureilles): elles se pomponnent et marivaudent, annonçant haut et fort leur quête d’un mari. «Trouvez-moi un parti qui me convienne ou bien laissez-moi faire», s’insurge Lisetta.
Et le stratagème se poursuit, mené par Ecclitico et ses complices : Buonafede qui y croit dur comme fer,  achète, à prix fort, un élixir capable de le propulser sur l’astre magique. Le puissant somnifère agit et les compères transforment en paysage lunaire plein de cratères, le terrrain vague, recouvrant le plateau d’un tissu écru, au-dessus de la décharge. «Adieu monde, je m’envole», jubile-t-il.
La suite se passe sur la lune où le Grand empereur, attend notre héros. La terre est une petite boule lointaine. Les costumes se transforment en parodie XVIIIe, avec crinolines et collerettes version plastique et manteaux papier-nylon très inventifs. Fabriqués avec des matériaux de récupération, ils ont un petit air d’inachevé et sont signés de Sylvette Dequest, réalisés pour l’acte II, par les étudiants costumiers du Lycée La Source de Nogent-sur-Marne.
Les elfes, vêtus de tuniques grises en plastique-poubelle, portent avec élégance et maîtrise, leurs chapeaux en tuyaux d’évacuation, ou carcasses d’abats-jour. «Tout est plaisir, tout est beauté» dans ce nouveau pays. Des fleurs magiques poussent comme par magie et disparaissent aussi vite, parfait mirage. Et les couples se forment : Cecco et Lisetta, sacrée «reine lunatique» dans une robe à cerceau très courte, Ecclitico et Clarice, Ernesto et Flaminia. Happy end, version grande crétinerie. «Je pardonne à tout le monde» lâche à la fin Buonafede, conscient enfin de la supercherie, qui visait aussi au mariage de ses filles.
Plus opérette qu’opéra, l’argument traîne en longueur et la lune a perdu de sa magie. L’écriture scénique de David Lescot, auteur, metteur en scène et musicien, œuvre dans ce mélange des disciplines, heureusement, la grosse machine ne se prend pas trop au sérieux et relève plutôt de la farce de potache.
Entre l’envers et l’endroit, on se laisse donc balader gentiment.

Brigitte Rémer

MC 93 Bobigny, 9 Bd Lénine, du 22 au 28 juin, à 20h, en italien surtitré. www.MC93.com Tél : 01-41-60-72-72

love and money

Festival des jeunes metteurs en scène au Théâtre 13. Love and money de Denis Kelly, traduction de Philippe Lemoine, mise en scène de Benoît Seguin.

Dennis Kelly  a 43 ans est né et a grandi à Londres dans une  famille  irlandaise de cinq enfants, où  son père était conducteur de bus.  Dennis a quitté l’école à seize ans et a  travaillé dans des supermarchés, puis il a  découvert le théâtre en intégrant une jeune troupe, The Barnet Drama Centre. A trente ans, il  écrit sa première pièce, Débris; il est aussi l’auteur,  entre autres,  d’ Osama the hero, Blackout, After theend, White pig, Orphans,  ou  Taking care of baby, qui a  été mise en scène par Olivier Werner en 2011 à la Colline et en Europe, mais aussi au Japon et aux Etats-Unis et au Canada… C’est aussi un auteur de télévision.
Love and money a aussi été montée plusieurs fois en France; ce n’est pas une pièce des plus faciles… Ecrite en sept tableaux,  on dira,  pour  faire simple,  que c’est l’histoire d’un jeune couple; Jess et David qui se bat assez mal  contre un dette écrasante qu’a contractée Jess. Mais il y a aussi nombre d’autres personnages, tous représentatifs de la société contemporaine. Un père et une mère qui parlent de la tombe de leur fille, un chœur d’hommes et de femmes parlant, à coup de petites phrases courtes business,  intérêts d’emprunts mais aussi  boudhisme et idée de cheminement. Et Val,  une jeune cadre de banque, au cynisme et au langage des plus crus, qui propose à son ancien petit ami  David un travail bas de gamme:  » Jess ou toi, pourriez sucer des bites, vous prendre en photo et les vendre sur internet. DAVID. Non, je ne vais pas sucer des bites. VAL. Je sais bien. Je sais bien David.
Il y a aussi Debbie: la jeune  femme va finir  par enlever sa culotte pour l’offrir à Duncan, qui le lui demande; c’est  un pauvre type imbibé d’alcool qui se raconte des histoires en n’omettant surtout pas d’en  raconter aux autres et qui la drague dans un café.

 Là aussi, les frontières entre  envies forcenées  de réussite sociale et pulsions sexuelles sont des plus floues. L’écriture  de Love and money, assez inégale a sans  doute été  influencée par celle de PInter.  Et, même si  la construction par fragments de la pièce exige du spectateur qu’il recompose le puzzle qu’il lui propose, après un un monologue interminable au début, les choses sont  ensuite plus claires et  les dialogues à deux ou trois personnages sont  d’une grande justesse et tout à fait somptueux dans leur violence glacée! 
Le travail sobre et efficace de Benoît Seguin a surtout des qualités plus que  les défauts d’une première mise en scène: il ne tombe pas dans la caricature et  il maîtrise bien l’espace et le temps( aucun cabotinage et pas de courses effrénées dans la salle ou autres bêtises) mais fait preuve au contraire  d’une grande  rigueur. Et  il sait diriger  ses sept acteurs, dont certains possèdent une belle  présence et sont remarquables de  force et de vérité :Emilie Cazenave, Fiona Chauvin ( Debbie) et  Cédric Colas. Dès qu’ils apparaissent sur scène surtout Emilie Cazenave, il se passe quelque chose: c’est assez rare pour  être signalé…

  Les  autres comédiens sont  moins convaincants et  la diction n’a pas  été vraiment prioritaire dans l’enseignement qu’ils ont reçu! Allez,  Martin-Barbaz encore un effort! Sur ce point, Benoît Seguin aurait intérêt à resserrer les boulons d’urgence.  Et il vaudrait mieux aussi qu’il évite de placer ses comédiens alignés face public comme Nordey  a la manie de le faire. Mais cela dit, il a aussi  un autre atout et non des moindres: la scénographie épurée de Charlotte Maurel  est intelligente et  fonctionne bien avec ses propositions dramaturgiques; on voit qu’il  a  dû mettre toute son énergie et ses petits sous dans l’aventure, cela se sent et c’est toujours agréable. En tout cas, chapeau.
Qu’il ait le Prix des jeunes metteurs en scène ou non, peu  importe, sa mise en scène intéressera plus d’un directeur de théâtre.

Philippe du Vignal

Spectacle vu au Théâtre 13 le 26 juin.

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, d’après Stéfan Zweig, mise en scène de René Loyon.

 

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme rene-loyon-met-en-scene-vingt-quatre-heures-de-la-vie-dune-femme-de-stefan-zweig-242x300 C’est un bref récit aux angles aigus qui rapporte le coup de folie d’une femme, observant les tables de jeux, un soir, au Casino, et qui s’immobilise face à l’un des joueurs en train de perdre, puis de gagner, puis de tout perdre à nouveau, définitivement. Cette observation du jeu, puis du joueur, dans ses accès de pertes et de gains, l’électrise, elle, veuve, d’ordinaire si sage et si rangée :
« Jamais encore, je n’avais vu un visage dans lequel la passion du jeu jaillissait si bestiale dans sa nudité effrontée… J’étais fascinée par ce visage qui, soudain, devint morne et éteint tandis que la boule se fixait sur un numéro : cet homme venait de tout perdre ! Il s’élança hors du Casino. Instinctivement, je le suivis… Commencèrent alors 24 heures qui allaient bouleverser mon destin » !
C’est ce basculement que décrit Zweig, ce moment où elle perd le contrôle et laisse aller son désir, moment d’une brève rencontre. Mais c’est aussi et surtout le récit de la passion du jeu, dévorante, à côté de laquelle la passion tout court s’efface. Zweig écrit la nouvelle en 27, à Salzbourg, après un parcours de littérature et de poésie, de traductions et de voyages, dans un contexte intellectuel effervescent, où Freud et sa révélation de l’inconscient, donne de nouvelles idées.
Le récit est ici à peine théâtralisé. Marie Le Galès qui en a assuré l’adaptation, l’interprète. Elle met des mots sur la passion et refait devant nous, mentalement, le chemin de la tentation. René Loyon la met en scène, avec discrétion, c’est le moins qu’on puisse dire. Une table, une chaise, un personnage digne et hiératique qui fait sa confession. On peut fermer les yeux et écouter. Que demander d’autre ?

Brigitte Rémer

 

Théâtre du Lucernaire, 53, rue N.D. des Champs, métro Vavin, du 5 juin au 7 septembre, du mardi au samedi à 20h, les dimanches à 15h. Tél : 01-45-44-57-34. www.lucernaire.fr

L’Insurrection par la Communauté invouable

L’Insurrection par la Communauté inavouable, d’après L’Insurrection qui vient du Comité invisible, du Manifeste des  Pussy Riots et autres textes, sous la direction de Clyde Chabot.

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Cela se passe au 6 b à Saint-Denis dans les anciens ateliers de la société Alstom.  Le 6B est né du rassemblement  d’ artistes  qui y ont  créé des espaces de travail. Initiative privée, il est auto-géré et met à la disposition de ses membres: créateurs, architectes, musiciens, éditeurs, cinéastes, graphistes. Avec plus d’une centaine d’espaces privatifs- ateliers ou bureaux-sur 3500m2 et  sur six étages … Et un restaurant associatif, une salle de concert (200 places),  un cinéma  (50 places assises)  et une salle d’exposition modulable de 350m2.
Le 6B  a les soutiens de la Mairie de Saint-Denis,  de Plaine-Commune , des Canaux de Paris d’ Alstom  et de la DRAC Ile-de-France, du département de Seine-Saint-Denis et de la Région Ile-de-France

Depuis 1992, au sein de La Communauté inavouable, « compagnie théâtrale expérimentale », Clyde Chabot  monte, elle,  des spectacles qui mettent en jeu les rapports entre le texte, les acteurs, les spectateurs, l’auteur, les techniciens et le metteur en scène. Avec des créations  interdisciplinaires (théâtre, danse, vidéo, musique, arts numériques)   sur des textes d’Hubert Colas, Robert Pinget, Heiner Müller, Yan Allegret, Alain Béhar et d’elle-même…
L’Insurrection se passe dans une surface d’une centaine de m2, éclairée par de grandes baies vitrées donnant sur les berges du canal et par juste une baladeuse. Les sept intervenants, en jeans et tee-shirt, resteront debout ou  parfois allongés. Au fond,  il y a  sur un écran relié par Skype,  un complice québécois, André-Eric Létourneau. Seul, un guitariste est assis sur un tabouret.
Clyde Chabot annonce chacun des cinq rounds de douze minutes. Il y a une trentaine de spectateurs assis sagement dans des fauteuils de cinéma. Les textes sont « travaillés comme matière poétique et politique, rythmique et scénique, au travers du souffle et du corps des comédiens, et soutenus et interrogés par les compositions musicales réalisées ou improvisées par les musiciens ». Sic.

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©’Emmanuel Rioufol

En fait, cela donne quoi?  Il y a la douce tiédeur de juin, le silence paisible du lieu, et la fatuité de la plupart des textes, sauf celui des  Pussy Riot  (émeute de chattes), groupe de punk-rock féministe russe  créant des performances artistiques non autorisées pour promouvoir les droits des femmes en 2012, contre  la campagne de Poutine.  À la suite d’une « prière punk »  dans une église orthodoxe, elles avaient été condamnées à deux ans de camp de travail, pour  vandalisme et  incitation à la haine religieuse.
Est-ce l’inanité de la réalisation, et l’écran souvent vide de la relation Skype, la petite musique à la guitare, ou encore les fragments de textes dits avec lenteur? Mais tout, ici, invite au profond sommeil…

« L’Insurrection, une soi-disant performance, est d’une rare prétention et « interroge l’actualité et l’obsolescence de discours politiques contemporains, sur un plateau de théâtre du côté de la performance ». Cela rappelle les happenings et performances des années 70 qui fleurissaient dans des galeries, ateliers ou usines désaffectées. Mais  Clyde Chabot distille un ennui singulièrement efficace. En une heure, c’est quand même un exploit!  D’autant plus qu’il n’y a ici ni plateau de théâtre, ni véritable performance. On peut juste sauver de cette chose, la belle présence  de Catherine Ducastel.
Pour le reste, autant en emporte la brise qui soufflait sur le canal, et sur l’étonnant bidonville qui,  lui, « interroge vraiment l’actualité »,  comme dirait Clyde Chabot qui proposait une rallonge avec d’autres rounds précédents. Tous aux abris! N’écoutant que notre courage, nous avons donc fui rapidement!

Philippe du Vignal

« La création finale du spectacle » (sic) aura lieu les 8 et 9 octobre dans le cadre du festival ZOA,
77 rue de Charonne, Paris XIème.

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