Festival d’Avignon: Orlando Guy Cassiers
FESTIVAL D’AVIGNON 2013
Orlando de Virginia Woolf, traduction en néerlandais de Géraldine Franken, adaptation de Kateljine Damen, mise en scène de Guy Cassiers.
Vincent Baudriller et Hortense Archambault, le directeurs du Festival dont la mandat s’achève cette année, ont souhaité accueillir des metteurs en scène reconnus qui ne pouvaient être présents cette année, de venir avec une réalisation qui serait présentée une fois ou deux: lecture, film, performance, ou spectacle. Après Guy Cassiers, programmé plusieurs fois au Festival, auront manifesté ainsi leur attachement au Festival, entre autres: Alain Platel, Christof Marthaler, Peter Brook avec le film de son fils sur lui, Claude Régy, Thomas Ostermeier, Wajdi Mouawad, Patrice Chéreau…
Guy Cassiers a, lui, porté à la scène le grand roman de Virginia Woolf-dédié à Vita Sackville-West, dont l’auteure anglaise était amoureuse- et qui ne cesse de fasciner les metteurs en scène, depuis que Bob Wilson s’en était emparé avec Isabelle Huppert.
Orlando? Pas vraiment un roman, plutôt un sorte de biographie fictive sur quatre siècles. Avec, un personnage principal androgyne, jeune courtisan de la reine Elisabeth d’abord qui refuse tout mariage . Orlando aura eu avant de nombreuses aventures; amoureux de la fille d’un ambassadeur de Russie, il sera lui-même diplomate en Orient.
Il changera brutalement de sexe au XVIII ème siècle et vivra en compagnie de Tziganes puis retournera à Londres où elle fréquente à la fois les aristocrates et le peuple. L’histoire s’achève en 1928 quand elle reçoit un prix littéraire pour un long poème Le Chêne.
C’est Kateljine Franken qui retrace cette étrange aventure, avec une belle présence pendant presque deux heures. On retrouve ici la maîtrise incomparable de Guy Cassiers, passé comme bien d’autres metteurs en scène contemporains par une école d’art, qui a tricoté tout un environnement vidéo ressemblant à une somptueuse tapisserie. Comme cela se passe dans l’écrin de l’Opéra-Théâtre, on est à la fois surpris et fasciné par les personnages que joue Kateljine Franken…
Le système scénique mis en place par Cassiers fonctionne bien, du moins au début, mais l’emploi de micro H.F. n’en finit pas de faire des ravages comme dans Par les villages monté par Nordey (voir le prochain article de Véronique Hotte), ou le sous-éclairage presque constant et surtout le surtitrage- indispensable pour entendre un tel texte quand on n’a pas le bonheur d’être néeerlandophone? En tout cas, une douce torpeur finit envahir la salle. Malgré, encore une fois, le caractère exemplaire de cette réalisation. Mais nos amis belges et néerlandais avaient l’air assez contents…
Philippe du Vignal
Spectacle vu à l’Opéra-Théâtre d’Avignon le 6 juillet.