Altérité, chorégraphie de Bouziane Boutelja.

Altérité, chorégraphie de Bouziane Boutelja.  alterite

Altérité,  chorégraphie de Bouziane Bouteldja.

Au festival d’Avignon,  il existe un lieu destiné exclusivement à la danse contemporaine et au hip hop: Les  Hivernales où  la compagnie Dans6T propose  Altérité, une chorégraphie d’inspiration hip hop de  Bouziane Bouteldja qui rencontra  Coraline Lamaison.
Lui,  est un danseur hip hop dans la plus 
pure tradition, notamment auprès de Kader Attou et s’est formé à la danse contemporaine avec Preljocaj.
Elle,  a dansé avec  Jan Fabre et a créé ses propres pièces. 
Comme son nom l’indique  Altérité  propose des rencontres qui tournent souvent à la confrontation. Quand on entre dans la salle,  les danseurs s’échauffent mais c’est déjà le début du spectacle. Quelques clichés ne sont pas évités, comme  l’attitude hip hop, un peu caricaturale avec la capuche baissée en dessous du niveau des yeux.
Le début du 
spectacle tient de ça puis nous embarque peu à peu vers autre chose, la musique change,  se fait plus contemporaine, voire même classique et la danse évolue elle aussi vers une partition contemporaine qui réserve quelques fulgurances.
La danse  de Bouziane Bouteldja impressionnent particulièrement par la beauté et le côté posé du geste. Dans son  premier solo, il est comme ivre, va titubant sur le plateau, traversé de convulsions, le regard dans le vague. Dans le  second, les mouvements de bras,  lents et gracieux,  s’accélèrent et les jambes s’agitent dans un mouvement de  derviche tourneur très envoûtant. Les autres danseurs montrent muscles et tatouages,  et lui, danse, tout  simplement.
Quelques séquences peuvent aussi décevoir, il y a forcément (puisqu’on parle d’altérité) un moment 
féminin-masculin incarné par un danseur qui revêt une perruque et mets ses mains dans des escarpins rouges  (symbole ultime, s’il en est, de la féminité …). C’est un peu convenu, et même si il rugit très bien, ça n’apporte pas  grand chose. Idem quand un autre danseur fait le singe:  on ne sait en plus pas vraiment à qui cela s’adresse.
La danse est syncopée, maîtrisée, et, quand  les garçons se jettent par terre, on entend la peau qui claque sur le sol, des râles  d’efforts et leurs visages sont alors marqués par la souffrance. Malgré ce bel engagement, le rythme du spectacle et la  diversité des chorégraphies proposées on pioche certaines scènes et on en laisse d’autres…
On retiendra 
quelques très belles parties et une volonté de quitter le hip hop « pur et dur » pour tenter de  l’emmener vers autre chose. Rien que pour cette volonté,  le spectacle mérite d’être encouragé.

Julien Barsan

Les Hivernales,  jusqu’au 21 juillet à 15h 30.


Archive pour 15 juillet, 2013

Peter Brook, sur un fil

Peter Brook, Sur un fil, documentaire de Simon Brook.

Peter Brook, l’icône de la pédagogie du théâtre et une légende vivante du théâtre contemporain depuis cinquante ans en France; on l’ avait déjà vu dans des films expliquer le pourquoi d’une mise en scène à un groupe de lycéens fascinés par un des plus grands metteurs en scène vivants qui a eu tellement de réussites à son actifs: entre autres: La Cerisaie, La Conférence des oiseaux, La TempêteLe Mahabharata… mais jamais on ne l’avait encore vu aussi longtemps diriger des exercices d’improvisation dans  un atelier de recherche qui est, par définition,  fermé au commun des mortels, avec autour de lui,  une dizaine d’acteurs et musiciens de différents pays.
C’est ici,  son fils Simon qui a réalisé ce documentaire exceptionnel où on le voit,  calme et attentionné diriger,  de main de maître,  différents exercices. A plus de quatre quatre vint ans, il a une lucidité exceptionnelle et une rigueur absolue dans le travail que pourraient lui envier nombre de jeunes metteurs en scène. Corriger, corriger encore corriger, c’est l’essentiel d’une pédagogie artistique mais Brook le fait avec beaucoup d’humilité, et souvent en ajoutant quelques réflexions personnelles pleines d’humour sur l’art et la pratique du théâtre.
La projection du films à l’Opéra-Théâtre d’Avignon commence par une formidable ovation quand il se dirige avec son fils sur la scène. « Très bonne précaution d’applaudir avant! mais attendez la fin. Je ne suis que le père. Et pour l’instant, nous n’avons rien à dire! ».
Brook fait faire à ses comédiens le fameux et très difficile exercice de la marche sur un fil qui n’existe pas: il y faut un calme qui est essentiel pour lui mais aussi une concentration,  une disponibilité physique extrêmes. Une comédienne indienne se lance, sous son regard exigeant mais bienveillant.
Brook insiste sur un point crucial pour lui: « Au théâtre, dit-il, c’est toujours l’imagination qui travaille ». L’exercice se prolonge avec d’autres comédiens et avec la scène de La Tempête entre le roi Prospéro et sa fille. C’est aussi brillant qu’intelligent et loin de toute prétention.    C’est un enseignement  comme on aimerait en voir dans les écoles de théâtre, et que nous  n’avons pas vue souvent, à l’exception  d’Andrewj Seweryn … qui fut longtemps comédien chez Brook.Quelle intelligence, par exemple,  de faire travailler ses acteurs avec l’aide d’un pianiste ou d’un batteur qui sont partie prenante dans cet acte pédagogique!

Le metteur en scène et enseignant chevronné insiste plusieurs fois sur le fait que » ce qui nous intéresse, c’est d’aller plus loin mais aucune de ces expériences n’a encore la qualité de ce que vous cherchez ». Brook n’est pas dupe et souligne que  » les écoles ont leur utilité mais jusqu’à un certain point ». C’est évident: Brook croit au travail d’une équipe mais aussi,  comme Jacques  Copeau,  à l’éclosion de la personnalité d’un comédien.  Il conclura en disant: « L’essentiel n’est pas d’avoir maîtrisé quelque chose mais de repartir le cœur plus léger ». Quelle leçon de théâtre!
  Le film de Simon  va à l’essentiel sait capter le regard de  Peter quand il parle au groupe. C’est un beau travail et d’une qualité d’images à la hauteur  de la pensée de Brook.  Cela aura été une des rares bonnes surprises de cette 67 ème édition d’un festival assez décevant.Le public  qui ne s’y est pas trompé,  a applaudi  les Brook père et fils, pendant de longues minutes… Enseignant de théâtre ou non, vous  aurez droit à une belle rencontre avec un homme exceptionnel. Offrez-vous ce DVD, vous le regretterez pas.

Philippe du Vignal

DVD 1h 26, coproduit avec Arte.

http://www.dailymotion.com/video/x11ael4

Festival d’Avignon: La Dispute de Marivaux.

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Festival d’Avignon : La Dispute de Marivaux mise en scène de Vincent Dussart

voir l’article d’Elise Blanc du 30 janvier 2011 dans Le Théâtre du Blog. http://theatredublog.unblog.fr/2011/01/30/la-dispute-2/

Théâtre des Lucioles 10, rue du Rempart Saint-Lazare, jusqu’au 28 juillet à 21h (relâche le 22 juillet)  T:  04 90 14 05 51.  Durée 1h

Festival d’Avignon: Shéda

Festival d’Avignon : Shéda, texte et mise en scène de Dieudonné Niangouma.

Depuis 84 et Le Mahabharata de Peter Brook, la carrière de Boulbon est devenu un lieu incontournable du Festival mais l’ouverture du plateau est d’une quarantaine de mètres! Il faut donc savoir l’apprivoiser. Le grand metteur en scène russe Anatoli Vassiliev avec un chant de l’Iliade, œuvre collective de son Théâtre-École d’Art dramatique, y avait effectué un véritable crash mais  d’autres, comme Jérôme Savary avec Le Songe d’une nuit d’été, ou comme Bartabas avec Lever de soleil s’y étaient mieux adaptés:  » J’ai choisi de faire ce travail au lever du soleil, avait-il dit, car c’est le moment où le corps et l’esprit sont le plus disponibles pour une écoute profonde. »
Sur le plan esthétique,  le spectacle de l’acteur-metteur en scène de Brazzaville, « artiste associé du festival, » est une réussite et la scénographie de Patrick Janvier, impressionnante: il y a, à l’avant-scène, des restes de vêtements et des cadavres desséchés dans un terrain vague qui ressemble  à une mine d’or désaffectée;  les couches  moyennes ou supérieures de la carrière de Boulbon sont aussi utilisées par les onze comédiens  (quatre hommes et sept femmes) qui, avec une belle énergie, occupent  cet espace où il y a une cheminée en fer rouillé, une carcasse de voiture, une vieille motocyclette et quelques structures en bois. Il y a une petite étendue  d’eau à côté de termitières et la poussière envahit régulièrement l’espace:  Bref, l’Afrique est bien là!
La création musicale,  jouée en direct par ses auteurs, Pierre Lambla et Armel Malonga,  complète les tableaux. Mais ce spectacle( 4h40)  est beaucoup trop long, et on se lasse  vite de  ces monologues  successifs!  On en retiendra quand même trois, à la fois pour leur intensité et pour la beauté de la langue parlée, dont deux joués  par  Dieudonné Niangouma et un autre par l’acteur qui interprète le gardien de la ville.
Festival d'Avignon: Shéda zz7-d9a93dfLe jeu des comédiens est très inégal, mais les compatriotes du metteur en scène congolais sont beaucoup plus crédibles. Ils auront sans doute vécu une belle aventure collective, mais les propos comme le scénario de l’auteur ont paru  des plus confus à la majorité du public qui a applaudi… poliment mais pas plus.
Certains répondront que c’est justement cela l’Afrique, un continent difficilement abordable avec nos critères européens et, de ce point de vue,  Shéda est réaliste! Dieudonné Niangouma devait  se douter de la réaction des spectateurs! L’un de ses personnages dit en effet:   « Le but n’est pas que vous compreniez mais que vous entendiez » et enfin:  « Ne dis rien sur les Africains,  tu aurais forcément tort ».

Jean Couturier

Carrière de Boulbon jusqu’au 15 juillet.

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