Kori Kori
Festival d’Aurillac 2013
Kori Kori par la compagnie Oposito, conception de Jean-Raymond Jacob, Enrique Jimenez et Pascal Le Guennec, composition musicale de Michel Taieb, chorégraphie de Nathalie Pernette.
Fondée en 1982 par Enrique Jimenez, scénographe, rejoint par Jean-Raymond Jacob, directeur artistique, auteur et metteur en scène, la compagnie Oposito, basée à Noisy-le-sec, est maintenant bien connue: seize créations, plus de cinq cents représentations,dont Métamorphosis (1984), L’Enfer des Phalènes et le Songe d’une nuit d’un cirque en hiver (1985), Toro de Fuego (1987), Max 36/15 (1989), Boxing Club (1990), Opération Tapis Rouge (1991), ou Massacre (1993).
Oposito a créé aussi quelque trente fêtes urbaines, deux festivals (Grains de Folie, Rencontres d’Ici et d’Ailleurs), et enfin, a fondé un lieu de travail: le Moulin Fondu. La compagnie a joué un peu partout: de Noisy-le-Sec, bien sûr, à Ottawa et Montréal, Edimbourg, Saint-Jacques de Compostelle, Bruxelles, Ottawa et Montréal, en passant par Caracas, Casablanca, Addis Abeba, etc…. Dans les rues, les boulevards, les places, en s’adaptant aux lieux et en cherchant ce qui va correspond le mieux à un très nombreux public.
Oposito a fait aussi l’ouverture des Jeux Panafricains à Johannesburg. En 2004, la compagnie a créé A la vie à l’amour ! opéra déambulatoire en cinq actes. La compagnie a aussi participé à l’inauguration du tramway de Brest en 2012, avec un spectacle son et lumière, aidée par le Bagad Plougastell.
C’est dire qu’Oposito était aussi attendue à Aurillac que l’an passé Le Royal de Luxe. Ce spectacle ambulatoire-et gratuit- avec dix-huit comédiens et quatre musiciens, Kori Kori (voir Le Théâtre du Blog) a été préparé en résidence de création en avril dernier au Parapluie d’Aurillac; c’est une sorte de livres d’images sans logique propre avec des chœur dansés et chantés où il y a, à la fois, du rock, de la valse ou du tango. Cela fait parfois penser à du Pina Bausch qui serait joué en plein air. Avec de merveilleux costumes sortis du quotidien et réinventés par Enrique Jimenez, avec des motifs peints aux belles couleurs.
Le spectacle tout entier est construit sur la remarquable chorégraphie de Nathalie Pernette qui dirige, avec beaucoup de grâce et de rigueur à la fois, ses dix-huit interprètes. Et on a l’impression qu’Oposito, dans cette déambulation en plein centre ville pourrait entraîner son public là où elle veut. Sans doute, la fin de ce Kori Kori, très consensuel ( ce sont les limites du théâtre de rue et la provocation n’est jamais ici à l’ordre du jour!) avec ces stations qui se répètent, devrait être corrigée. Mais le spectacle, aucun doute là-dessus, avec un flux d’images poétiques, à la fois d’une grande simplicité et d’un extrême raffinement, en osmose permanente avec le public, est incomparable.
Peut-être, le spectacle, s’il était joué de nuit, aurait-il encore plus de force mais cela supposerait une logistique d’éclairage des plus compliquées, vu la mobilité des tableaux successifs et l’espace indispensable aux chorégraphies. En tout cas, le public, était ravi. C’est en effet la meilleure création de théâtre de rue de ce festival 2013.
Si vous la croisez sur votre chemin, n’hésitez pas…
Philippe du Vignal