Docteur Glas

Docteur Glas, d’après l’œuvre d’Hjalmar Söderberg, adaptation de John Paval, mise en scène d’Hélène Darche.

Docteur Glas glas-et-helga-l-avenirGrand auteur suédois de la fin du dix-neuvième, au même titre que Strindberg mais une vingtaine d’années plus tard, Hjalmar Söderberg fut, de son vivant, très controversé, et obligé de s’exiler. Son roman, Docteur Glas, publié en 1905, lui valut des critiques féroces, car il s’attaquait à certains tabous, dont celui, pour la femme, du droit d’aimer et de disposer de son corps.
Que se passe-t-il dans les alcôves de la bonne bourgeoisie, le soir à la chandelle ? Le viol d’une femme mariée, propriété privée de l’homme qui l’a épousée, n’est pas extraordinaire, selon les mœurs de l’époque, et cela fait parti des non-dits.
Dans Docteur Glas, Helga Gregorius (Sofia Maria Efraimsson) se rebelle et demande l’aide de son médecin, pour sortir des griffes d’un époux,  pasteur de son état, plus lubrique qu’aimant.
Les aveux de la jeune femme créent chez le docteur Glas une vague de regrets et de désirs, entraînant entre les deux personnages, comme une sorte d’aimantation. Mais Helga est amoureuse par ailleurs, tandis que le docteur Glas, naufragé de la vie à sa manière, fait le point sur la sienne, dans un journal intime qu’il nous livre, par bribes. La pièce fait alterner ses monologues douloureux, et les scènes où Helga revient auprès de lui, demander de l’aide.
John Paval, (le docteur  Glas), a signé l’adaptation du texte dont il est tombé  amoureux et s’est investi dans l’entreprise. Il est aussi le directeur artistique d’Etoiles du Nord qu’il a créé il y a six ans, pour développer les échanges entre la France et la région Baltique.
Le personnage du docteur Glas a du charme et joue de mélancolie, déclinant une palette allant de l’ombrage à l’orage, mêlé de tendresse, mais on le sent hésiter entre son statut social, un certain romantisme, et sa souffrance, restant légèrement en extérieur, un zeste trop démonstratif.
Helga qui l’embrase, au fur et à mesure, est toute en retenue, comme son rang et sa situation l’exigent, et ne bascule jamais dans la folie.  Mais on aimerait que  ces deux personnages, qui brisent les apparences sociales et s’interrogent sur le bonheur, soient joués avec un peu plus de fureur et d’extravagance, et nous entraînent dans leur vertige.
La mise en scène-au rythme lent!-d’Hélène Darche, linéaire et classique, enferme un peu plus les personnages, qui restent sous contrôle. A peine quelques étreintes, très paternelles, rapprochent les personnages. Entre deux tableaux, un noir, ponctué de musique, guide cette méditation qui, à son époque, osait la modernité, en parlant de l’amour, de la vie et du statut de la femme.
« Nous voulons tous être aimés, à défaut, être admirés, à défaut, être redoutés, à défaut, être haïs et méprisés. Nous voulons éveiller une émotion chez l’autre, quelle qu’elle soit. L’âme frissonne devant le vide et recherche le contact à n’importe quel prix » disait  Hjalmar Söderberg, qui a, entre autres, signé Gertrud, une pièce portée à l’écran par Carl Dreyer.

Brigitte Rémer

Manufacture des Abbesses, 7, rue Véron, 75018, du 22 août au 27 octobre, du jeudi au dimanche, à 21h. Tél : 01-42-33-42-03

 

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