La Mécanique des Dessous
La Mécanique des Dessous, une histoire indiscrète de la silhouette, scénographie de Constance Guisset .
Théophile Gautier écrivait en 1858 : «L’on fera des salons plus grands, on changera la forme des meubles et des voitures, on démolira les théâtres ! La belle affaire ! Car les femmes ne renonceront pas plus à la crinoline qu’à la poudre de riz».
Depuis des centaines d’années, les « dessous » ont occupé paradoxalement le devant de la scène. C’est à ces artifices utilisés par les femmes et par les hommes du XIV ème siècle à nos jours, pour dessiner leur silhouette, que cette riche exposition est consacrée.
Mais la pénombre, qui donne au lieu une dimension magique, tout en protégeant de la lumière les pièces fragiles, n’aide pas à la lecture des indications incrustées dans les parois en verre qui les protègent.
Dans une exposition essentiellement consacrée aux parures féminines, cela commence par… la braguette rembourrée de la Renaissance, dont Montaigne disait que c’était «un vain modèle et mutilé d’un membre». Rembourrage en tissu ou proéminente braguette métallique intégrée dans les armures, font face aux corsets métalliques des femmes du 16 ème siècle destiné à donner une belle taille.
Cette même fonction étant dévolue au pourpoint de l’homme ou au pourpoint espagnol féminin qui rigidifie la silhouette. Nous découvrons ensuite, quatorze mannequins avec des exemples de « corps à baleine » du 17 ème et 18 ème siècle, un vêtement, qui se pose par dessus la chemise entourant le tronc des épaules aux hanches, pour ici encore, donner plus de rigidité au corps.
Le corps à baleine surprend car il est aussi destiné aux femmes enceintes et aux enfants ! Vers les années 1770, le corps à baleine s’enrichit de la robe à paniers, et une femme de la Cour, possède une taille fine, grâce à un jupon baleiné appelé panier qui étend sa silhouette sur les côtés à partir des hanches.
Cinq robes à paniers sont exposées, dont une étonnante robe à la polonaise qui, à l’aide de tirettes, permet de retrousser en arrière les pans de la robe
. Un espace vidéo permet de redécouvrir des extraits de film dont Les liaisons dangereuses de Stephen Frears (1988) avec de beaux exemples de robes à panier. Y fait suite un espace/essayage où fraise, bustier ou crinoline transforment les visiteuses en personnages d’une chorégraphie de Philippe Decouflé.
Le deuxième étage de l’exposition, nous transporte sous le Directoire et le second Empire avec l’apparition de la crinoline, (un jupon baleiné), avec son évasement de la silhouette, d’autant que le corset crée une «taille de guêpe». Après 1870, la crinoline est remplacée par la tournure-dite aussi faux-cul-une protubérance du postérieur, qui donne à la femme un profil d’oie ! La suite de l’exposition est consacrée à la période 1900- 2013 avec l’apparition du premier soutien-gorge, jusqu’au push-up qui redonne du volume à de petites poitrines, en passant par les gaines des années 30.
Des vidéos de publicités évoquent cette évolution. Dans un coin, avant la sortie, nous redécouvrons la parure masculine avec le slip Kangourou, sa ceinture abdominale et ses très récents slips à rembourrage.
La dernière salle est passionnante comme l’ensemble de cette exposition: elle nous montre sur différents mannequins en tissu noir l’évolution de la taille féminine du XVIII ème au XXI ème siècle. Il y a aussi un hommage aux grands créateurs de haute couture, Christian Lacroix, Jean-Paul Gauthier, Versace, etc… qui, par leurs créations, ont tous fait référence à cette incroyable «mécanique des dessous».
Jean Couturier
Musée des Arts Décoratifs à Paris jusqu’au 24 novembre .