Kori Kori

 Kori Kori 1090937

Festival d’Aurillac 2013

Kori Kori par la compagnie Oposito, conception de Jean-Raymond Jacob, Enrique Jimenez et Pascal Le Guennec, composition musicale de Michel Taieb, chorégraphie de  Nathalie Pernette.

 

Fondée en 1982 par Enrique Jimenez, scénographe, rejoint par Jean-Raymond Jacob, directeur artistique, auteur et metteur en scène, la compagnie Oposito, basée à Noisy-le-sec, est maintenant bien connue: seize créations,   plus de cinq cents représentations,dont Métamorphosis (1984), L’Enfer des Phalènes et le Songe d’une nuit d’un cirque en hiver (1985), Toro de Fuego (1987), Max 36/15 (1989), Boxing Club (1990), Opération Tapis Rouge (1991), ou Massacre (1993).
 Oposito a créé aussi quelque trente fêtes urbaines, deux festivals (Grains de Folie, Rencontres d’Ici et d’Ailleurs), et enfin, a fondé un lieu de travail: le Moulin Fondu.  La compagnie  a  joué  un peu partout: de Noisy-le-Sec, bien sûr,  à  Ottawa et Montréal, Edimbourg, Saint-Jacques de Compostelle, Bruxelles, Ottawa et Montréal, en passant par Caracas, Casablanca, Addis Abeba, etc…. Dans les rues, les boulevards, les places, en s’adaptant aux lieux et en cherchant ce  qui va correspond le mieux à un très nombreux public.
  Oposito a fait  aussi l’ouverture des Jeux Panafricains à Johannesburg.  En 2004, la compagnie  a créé A la vie à l’amour ! opéra déambulatoire en cinq  actes. La compagnie a aussi  participé  à l’inauguration du  tramway de Brest en 2012, avec un spectacle son et lumière, aidée par le Bagad Plougastell.
C’est dire qu’Oposito était aussi attendue à Aurillac que l’an passé Le Royal de Luxe.  Ce spectacle ambulatoire-et gratuit- avec dix-huit comédiens et quatre musiciens, Kori Kori (voir Le Théâtre du Blog) a été préparé en résidence de création en avril dernier au Parapluie d’Aurillac; c’est une sorte de livres d’images sans logique propre avec des chœur dansés et chantés où il y a, à la fois, du rock, de la valse ou du tango. Cela fait parfois penser à du Pina Bausch qui serait joué en plein air. Avec de merveilleux costumes  sortis du quotidien et réinventés par Enrique Jimenez, avec  des motifs peints aux belles couleurs.
Le spectacle tout entier est  construit sur la remarquable chorégraphie de Nathalie Pernette qui dirige,  avec beaucoup de grâce et de rigueur à la fois, ses dix-huit interprètes. Et on a l’impression qu’Oposito, dans cette déambulation en plein centre ville  pourrait entraîner son public là où elle veut. Sans doute, la fin de ce Kori Kori, très consensuel ( ce sont les limites du théâtre de rue et la provocation n’est jamais ici à l’ordre du jour!) avec ces stations qui se répètent, devrait être corrigée.  Mais le spectacle, aucun doute là-dessus,  avec un flux d’images poétiques, à la fois d’une grande simplicité et d’un extrême raffinement, en osmose permanente avec le public, est incomparable.
Peut-être, le spectacle, s’il était joué de nuit, aurait-il encore plus de force mais cela supposerait une logistique d’éclairage des plus compliquées, vu la mobilité des tableaux successifs et l’espace indispensable aux chorégraphies. En tout cas, le public, était ravi. C’est en effet  la meilleure création de théâtre de rue de ce festival 2013.
Si vous la croisez sur votre chemin, n’hésitez pas…

Philippe du Vignal

http://www.dailymotion.com/video/xzu2pm


Archive pour août, 2013

Jerk .

Festival d’Aurillac 2013

Jerk  de Dennis Cooper,  mise en scène de Gisèle Vienne.

Jerk . jerkNous sommes assis en demi-cercle sur d’étroits gradins de bois dans un collège d’Aurillac. Nous attendons devant la porte fermée, puis  on nous fait pénétrer par petits groupes dans un silence étrange. Avant de nous distribuer d’élégantes plaquettes avec  Deux textes pour un spectacle de marionnettes de David Brooks.
En parcourant ce texte, on est terrifié par ces récits d’adolescents drogués, meurtriers pour leur « plaisir » ! Arrive alors sur la scène, un jeune homme qui  s’assied (
Jonathan Capdevielle) avec un magnétophone et un sac; il  enlève son blouson, et avec des marionnettes à gaine, nous raconte « l’autobiographie émue » de Wayne, jeune assassin pour qui « tuer était incroyablement sexy (…) tuer c’est juste une histoire de pouvoir, tu peux imaginer qui tu veux dans le corps de ce connard… ».
Wayne est filmé par Dean, le méchant réalisateur. En manipulant de petites marionnettes enfantines, Wayne a la tête d’un sympathique ourson, et  Jonathan Capdevielle qui interprète tous les rôles en déclinant les voix sur différents tons, parvient à nous faire plonger au sein d’une horreur fascinante, devant cette série de vingt  meurtres perpétrés par Dean Corll aux Etats-Unis, dans les années 70.
Dans la deuxième partie, il n’y a plus de marionnette et nous sommes  face à l’épouvantable proféré par un acteur ventriloque, en larmes… Incroyable, indicible horreur du plaisir de l’assassinat considéré comme un des beaux arts. On pense à Thomas de Quincey…
Un des plus étonnants solos jamais vus !

Edith Rappoport

 

Préalables d’Aurillac, 12 rue du collège, le  21 août.

Matamore

 Festival d’Aurillac 2013

Matamore par le  Cirque Trottola et le Petit Théâtre Baraque.

 Nigloo, Branlotin, Bonaventure, Titoune et Mads: les cinq compères au fond de leur fosse aux illusions,  semblent au moins une douzaine tant ils se transforment au fil des séquences. Dans la bonne tradition du cirque, ils usent  et abusent  du boniment, dans des parades où ils montrent  ses muscles.
Il y a des beaux numéros de force avec le massif Boudu à la barbe fleurie, qui fait voler dans les airs sa partenaire Titoune, de l’adresse avec le fouet fauchant les roses, et une craquante démonstration de petit chien présenté comme « les fauves ».
Mais les installations d’agrès pour la voltige et un numéro de pistolet sont longuets.  » Mêlés pour  nous parler de l’âme humaine, chacun est terriblement  et délicieusement attachant, disent-ils,  avec son monde de prouesses, de  burlesque, ouvert au présent, ici et maintenant » Soit!  Et le public est ravi… Mais on  peut  regretter les autres spectacles de Branlotin et Nigloo qui étaient autrement insolites.

Edith Rappoport


Préalables d’Aurillac, 20 août

 

Tout de suite, Et si nous faisions l’amour ce soir

 

Festival d’Aurillac 2013
Tout de suite  Et si nous faisions l’amour ce soir,

Tout de suite, Et si nous faisions l’amour ce soir tout-de-suite Cela se passe dans  une petite friche industrielle entourée d’immeubles d’habitation en plein centre d’Aurillac. Étonnant duo amoureux interprété par lui et elle (Les auteurs/acteurs  tiennent à leur anonymat!).

Echevelée,  en longue robe de satin noir fendue jusqu’à la taille et hauts talons, elle entre en scène, sur  un tapis rouge en croix où les spectateurs sont assis par terre. Lui, sur un petit podium, en costume moulant de satin noir, petit collier autour du cou,  l’accompagne  à la guitare.

Danses et  chansons lascives dans les termes les plus crus, se succèdent; tous les deux  caressent les spectateurs en se roulant autour d’eux, un assistant qui les éclaire dans leurs déplacements.  « Je suis nue, tu es nue, on est inconnu (…) touche ma bite, tu verras que je bande »…
Paradoxalement, ce spectacle n’a rien d’obscène, en dépit d’un texte qui ne nous épargne rien du dévoilement du sexe et de l’appareil génital de Lui.

L’engagement total de ces deux excellents comédiens qui se livrent à des scènes d’hystérie sexuelle très maîtrisée fait beaucoup rire, mais  reste pleinement théâtral. Tout de suite, créé voilà trois ans, se joue dans des galeries d’art, des librairies et même parfois…  dans des théâtres.

Edith Rappoport

Festival  d’Aurillac à 22 h 30, impasse Jules Ferry, en face du point d’accueil professionnel.

http://lestoutdesuite.blogspot.fr/

 

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Quand je pense qu’on va vieillir ensemble

Festival d’Aurillac 2013

 

 

Quand je pense qu’on va vieillir ensemble par Les Chiens de Navarre,

 

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©Ph.Lebruman

Sur le grand plateau du Théâtre d’Aurillac, un sol de tourbe, une vieille baignoire, et des morceaux de palette… Le tout éclairé d’une lumière blafarde.
Des  hommes et des femmes, balafrés de sang, jouent aux boules avec exaltation,  sur,
répétée en boucle, la formidable  musique des trompettes de Maurice Jarre qui accueillaient au temps de Vilar , et qui accueillent encore le public, à Chaillot comme au Festival d’Avignon.
Puis un duo de musique soul en play-back, fort bien mimé par une chanteuse accompagnée d’un guitariste armé d’un seul balai. Suit une parodie  de stages d’insertion dirigés par un couple pédant (un homme crédible mais suffisant et une jeune femme blonde aux cheveux décolorés, sûre d’elle-même  qui donnent des conseils impossibles  à suivre aux candidats à un emploi qui doivent pourtant les suivre à la lettre.
Les stagiaires en perdent la raison font n’importe quoi, et  sont promis à un échec certain.
Cela  a un petit air de déjà vu  mais c’est  bien fait  et le plus souvent d’un humour décapant… mais beaucoup trop long. Et 
on se demande bien pourquoi le sketch est répété sans raison apparente plusieurs fois de suite, de façon légèrement différente.
Il y a aussi une petite séquence  assez drôle où un couple conduit une voiture chargée à l’arrière de deux chiens..  bien joués par deux comédiens qui,  comme leurs camarades,  possèdent une énergie indéniable. Mais le spectacle manque à l’évidence d’un véritable  fil rouge, et on  s’ennuie souvent un peu. Mais ils  nous font par moments,  rire de bon cœur. Certains débordements peuvent écoeurer comme la longue exhibition de l’appareil génital d’un comédien au demeurant plutôt bon comme le reste de la distribution.
(Précision de du Vignal: belle pudeur d’Edith… En fait, pour dire les choses crûment, le dit comédien passe plusieurs minutes à s’étirer le sexe et à l’entourer autour d’un bâton. Plus racoleur, et plus provoc, je meurs! ). Il y a une belles images dont une,  à la toute fin: un homme et une femme, costumés en gros ours  sont perdus dans les nuages en montagne. Puis, le couple sort par la porte des décors en fond de scène, qui s’ouvre sur la petite rue d’Aurillac: le truc est loin d’être neuf mais cela fait toujours plaisir!
En tous cas, le spectacle-souvent facile, sur fond de sexe et de petites scènes tirées d’impros et avec beaucoup de longueurs -fait quand même un tabac et emporte   l’adhésion de la plus grande partie du public visiblement pas très exigeant mais pas la nôtre…

Edith Rappoport/ Philippe du Vignal

Théâtre d’Aurillac et à la rentrée, au Théâtre du Rond-Point, aux Subsistances de Lyon, à la Mac de Créteil etc

Le Vivant au prix du mort

Festival d’Aurillac 2013

Le Vivant au prix du mort de  Bernard Llopis, mise en scène de Doreen Vasseur.

C’est programmé dans le cadre des Préalables, où sont présentés, en  avant-première,  de petits  spectacles, autour d’Aurillac. Nous escaladons, au soleil couchant, les escaliers escarpés du beau village cantalien de Laroquebrou pour accéder au parvis herbeux de son ancien château médiéval. Pas de scène, aucun décor et la lumière naturelle et  juste une grande tente familiale de camping  avec auvent, qui sert de coulisses et de fond de scène.
Bernard Llopis-presque deux mètres et un quintal -qui interprète son propre texte-assez bavard-se démène dans un solo autobiographique où il nous parle de  son enfance, puis de sa vie d’intermittent du spectacle, et  de la vie de monsieur tout le monde. En short orange de boxeur, Llopis s’adresse au public,  avec juste,  pour l’accompagner, son assistante en groom rouge, au pupitre  du son,  qui brandit  de grandes toiles  où sont dessinées des silhouettes  de gens.
Il cherche dans le public des employeurs potentiels, raconte ses études ratées « mes diplômes, je les vois de loin ! », ses recherches de travail comme bonimenteur… Le chômage, les visites au Pôle-Emploi, les crédits à la consommation, les délocalisations en tout genre, les plans sociaux, les heures sup et les RTT, bref, la vie au quotidien dans le douce France de 2013.
Llopis parle fort avec l’accent de Marseille, dont il est originaire,  avec une excellente diction, criaille souvent  mais  acteur de la compagnie Generik Vapeur, programmée elle aussi au Festival d’Aurillac, on sent qu’il est rompu aux  techniques traditionnelles d’approche du public.
Le titre du spectacle, créé il y a deux ans, était  alléchant mais dommage!  il n’y a rien à faire, ce solo dépourvu de toute poésie et de fil rouge, dont l’écriture ne séduit guère, n’arrive jamais à décoller, et devient vite ennuyeux. Malgré tout, le public  de quelque 200 vacanciers installés sur les murets du château, est indulgent et  reste attentif à ce solo gratuit. Mais nous devons nous  enfuir- sans regrets! – avant la fin pour  pour voir le prochain spectacle du festival.

Edith Rappoport

Au château de Laroquebrou, Préalables d’Aurillac, 19 août

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Richard Galliano

Richard Galliano, accordéon, avec l’Orchestre national de chambre d’Arménie, sous la direction de Vahan Mardirossian.

 

Richard Galliano brigitte-remer-gallianoSecond concert programmé, pour le lancement du Festival Classique au vert au Parc Floral, avec des musiciens hors-pair. Après Yom et Sonia Wieder-Atherton, clarinettes et violoncelle ( voir le Théâtre du Blog du 11 août), c’est aujourd’hui Richard Galliano qui offre ses sonorités singulières à un immense public venu l’écouter.
Galliano est accompagné de Vahan Mardirossian, jeune chef d’orchestre rencontré à Erevan lors d’une tournée, et de l’orchestre national de chambre d’Arménie qu’il dirige : treize violons, trois violoncelles et une contrebasse vont dialoguer avec l’accordéon.
Au programme, des musiques de France, d’Argentine et d’Arménie;  chacun se fait porteur du style musical qui lui est propre, donnant toute sa dimension à la notion de populaire : le new musette des compositions Galliano et le tango, musique des faubourgs de Buenos-Aires, les musiques arméniennes, véritables chants de la terre.
Les points de croisement entre Galliano et l’orchestre se font autour des grands classiques : Jean-Sébastien Bach avec le Concerto pour hautbois et violon en ut mineur:  Galliano joue la partition hautbois comme une évidence, laissant entendre des sonorités très proches de l’orgue, et Antonio Vivaldi dont ils proposent L’été,  des Quatre Saisons, l’accordéon portant magnifiquement la voix du violon. Ensemble, ils nous enchantent, et chacun, alternativement, dans son registre.
Galliano donne aussi à entendre ses compositions, comme La Valse à Margaux, Fou rire, ou Opale Concerto, et le lumineux Libertango qui lui colle à la peau pour notre plus grand bonheur, témoignant de son admiration et amitié pour Astor Piazzola. «Il a fallu toute une vie pour trouver la solution de la simplicité» , dit-il,  dans le débat qui a suivi le concert, reconnaissant que c’est bien «le plaisir et l’amour de jouer, plutôt que la technique», qui l’animent.
L’Orchestre national de chambre d’Arménie, resté seul en scène, interprète des morceaux choisis de Katchatourian,  agencés par Ruben Altounyan, et les Miniatures Arméniennes de l’ethnomusicologue Komitas, composées à partir de collecte d chants populaires : La petite perdrix, Chant joyeux, Le Foulard rouge etc. C’est plein de vie.
Pour Vahan Mardirossian, l’orchestre est sa joie de vivre. Arrivé en France adolescent, il y est resté une vingtaine d’années,  avant de revenir aux sources de son pays. Il dirige l’Orchestre national de chambre d’Arménie depuis deux ans, tout en restant chef principal de l’orchestre de Caen. Il aime créer la complicité avec ses musiciens et les surprendre et,  quand il les dirige, il fait passer des messages pour les motiver. Comme un magicien, il fait ressortir une voix, ou taire les basses, et, d’un geste, placer tout le monde dans la même énergie.
Dans ce tandem Galliano/Mardirossian, l’alchimie fonctionne magnifiquement, et l’accordéon devient soliste, dialoguant avec les instruments à cordes de l’orchestre, dont une violoniste solo lumineuse. Dans sa rencontre avec les compositeurs dits classiques, comme dans son répertoire personnel, Galliano reste lui-même, jouant les yeux fermés «pour mieux entendre» dit-il, puisant au plus profond pour aller chercher les notes et s’approprier les rythmes ; il maîtrise ses claviers avec une dextérité sidérante et ne fait qu’un avec son instrument. Nougaro ne disait-il pas de lui, en parlant de sa rythmique particulière: «Ton chiffre, c’est 3 ! » et aussi : «Le swing, c’est plutôt circulaire que carré» et tous les grands du jazz se l’arrachent.
Musicien sans frontières, Galliano enchante,  et l’enchantement est contagieux, passant tant auprès des musiciens de l’orchestre que du public. Difficile de les laisser partir! Ils se sont aussi prêtés, avec générosité, à de chaleureuses prolongations.

Brigitte Rémer

 

Vu le 4 août, au Parc Floral de Paris. Festival Classique au vert, du 3 août au 15 septembre. www.classiqueauvert.paris.fr et www.sequenza-comprod.com

Alchemia

Alchemia, conception et chorégraphie de Moses Pendleton.

Alchemia alchemiaC’est dans un des plus beaux cadres de théâtre en plein air d’Europe, le Teatro Romano de Vérone , que la compagnie Momix présente Alchemia. Moses Pendlenton, un des membres fondateurs du Pilobolus Dance theater ,créé en 1972, a fondé aux Etats Unis la compagnie Momix (contraction de Moses et mix) et, depuis 83, a créé un théâtre d’images qui est joué dans le monde entier, avec souvent, plusieurs spectacles en même temps. Invité au festival de Vérone depuis 1972, il présente ici une évocation des quatre éléments que sont, l’air, le feu, l’eau et la terre, sous forme de tableaux successifs. Et c’est une réussite complète.
La performance physique des cinq danseuses et cinq danseurs est impressionnante: tous les artifices du théâtre d’images sont utilisés, théâtre noir, lumière noire, projections vidéos, machine à fumée, costumes en lycra lumineux ou se transformant à vue, le tout enveloppé dans une musique très expressionniste.

Le lien entre les différentes scènes n’est pas toujours facile à percevoir. Mais il y a très beaux moments comme celui où cinq danseurs portant des jupes rouges larges et longues (rappelant les costumes de Bella figura de Jiri Kylian), sont confrontés à des cylindres, ou cette évocation d’une flamme à travers un tissu manipulé comme une marionnette, qui laisse la place ensuite aux cinq danseuses.
Un beau pas de deux marque la soirée sur une musique d’Ennio Morricone: une danseuse s’envole dans les cintres avec grâce et poésie. Le public de cette nuit estivale semblait goûtait pleinement ce théâtre visuel visiblement formaté pour le plus grand nombre. N’est-ce pas aussi parfois le but recherché dans un festival ?
Jean Couturier


Teatro Romano de Vérone jusqu’au 11 août

D’un festival à l’autre: Avignon, Aurillac…

D’un festival à l’autre: Avignon, Aurillac….

D'un festival à l'autre: Avignon, Aurillac... indexDixième et dernière édition du travail d’Hortense Archambault et Vincent Baudrillier, le Festival d’Avignon in 2013 n’aura pas été marqué par  de grands spectacles, et une fois de plus,  on aura eu droit à des spectacles tout à fait professionnels mais guère attachants -les quatre  collaborateurs du Théâtre du Blog vous en ont  cependant rendu compte dans toute la mesure du possible.
Certes le bilan de ces dix années de règne, est loin d’être négligeable mais on a comme l’impression que le Festival, depuis disons cinq ans, s’est auto-académisé et cette collaboration d’artistes associés répétée d’année en année ne nous a jamais paru très franchement convaincante…
Mais, entre autres bonnes opérations  les deux directeurs auront au moins fait découvrir à un large public Angélica Liddell- l’écrivaine et metteuse en scène espagnole. Mais, vu les prix pratiqués et le choix des  spectacles, pour parodier  la célèbre formule d’Antoine Vitez, ce théâtre élitaire ne l’est pas vraiment, pour tous! C’est devenu de plus en plus clair: le festival in n’accueille plus que les classe privilégiées, et si les comédiens y vont, c’est uniquement pour y jouer mais ils ne pourraient se permettre évidemment de séjourner plusieurs jours à Avignon…
Bref, tout se passe ici-comme dans les théâtre subventionné-la majorité du public s’offre des spectacles qui lui permet, au risque de s’y ennuyer superbement, de rester entre gens de la même classe sociale intello-bourgeoise. Vous avez dit théâtre populaire? Le rêve vilarien a depuis un bon moment disparu des écrans radar. Et La FabricA, (avec cette dernière lettre en majuscule comme un ultime pied-de-nez un peu snobinard), cette très belle salle de travail, construite dans un quartier des plus populaires et sans aucune relation-du moins pour le moment-est le révélateur évident d’une coupure radicale avec le public actuel.  Quant au terme de théâtre public, dont on ne sait plus trop ce qu’il recouvre, il sert de paravent commode  à une création de spectacles où l’ego du metteur en scène « artiste » autoproclamé,  est  souvent un facteur prédominant.
Olivier Py, qui sera aux manettes de la direction dès septembre,  aura fort à faire pour redonner une autre dimension à l’un des plus anciens et des plus célèbres festivals au monde… Avec des spectacles plus fédérateurs, plus représentatifs  d’une diversité culturelle et moins branchouille-d’aucuns diront de copains- comme on a pu en voir  ces dernières années. Tout s’est passé comme si le Festival était devenu de plus en plus comme une sorte de laboratoire du théâtre contemporain, loin, bien loin des enjeux sociaux actuels.

D’un autre côté, il y eut une percée évidente du Festival off devenu en quelques année une sorte de double du festival in, avec un public qui,  lui, est de plus, très  attaché et qui ne se donne même plus le mal d’aller dans le in, trop cher  et, à ses yeux,  trop refermé sur lui-même. Le Off, avec sa maison, son organisation impeccable,   service de presse tout à fait efficace, et  un lieu de rendez-vous professionnel, accompagne des spectacles souvent de très bonne qualité,  accueillis  maintenant dans des salles  bien équipées, et  climatisées.
C’est devenu, au fil des années  un festival que privilégient les compagnies de province qui sont  souvent d’un excellent niveau, (et qui bénéficient alors de l’appui financier de leur région). Il y a aussi des compagnies étrangères  (Taïwan, etc…). Bref, le festival off, présidé par Greg Germain  aura  acquis, en à peine dix ans  ses lettres de noblesse. Quel chemin parcouru depuis les années 70, où les spectacles du off se limitaient à une poignée de spectacles… Même si -curieux paradoxe-il n’est pas sûr que sa vie soit absolument indépendante de celle du in…

Sans doute il y a de tout, et beaucoup trop de tout:  quelque 1.300 spectacles proposés  chaque jour! dans Avignon même,  ou dans sa proche périphérie. Et, dans ce très curieux mélange offert à un public indulgent mais soucieux de faire des découvertes,  il y a un très étonnant cocktail de spectacles – aux  paramètres assez précis: des salles d’une centaine de place au maximum, de nombreuses parades dans la rue (la plupart d’une médiocrité absolue), une durée de 50 à 60 minutes, parfois 90 mais très rarement plus, avec en général, peu de comédiens sur le plateau, une scénographie limitée sauf exception,  et beaucoup de solos, dans des lieux qui accueillent souvent quelque dix spectacles par jour.
Difficile donc de s’y repérer: 25 régions de France représentées avec quelque 750 spectacles de théâtre:  contemporain-surtout d’auteurs bien connus: Ionesco, Beckett, Lagarce, Koltès, Pinter, Horovitz…très régulièrement joués- ou adaptés de classiques (un peu toujours les mêmes pièces de Shakespeare, Molière, Corneille, Racine, Hugo, Sophocle, Euripide, rabotées, revues et corrigées en fonction de l’espace, du temps et du nombre de comédiens..) ou de romans ou nouvelles: Maupassant, Tchekov, Kafka, etc… Voire même, quelques spectacles proches du boulevard avec des comédiens  connus, ou  des vedettes du théâtre et de la télé,  du genre Richard Bohringer, Thierry Lhermitte, ou Julie Debazac)  et de  très nombreux solos de théâtre comique ou dramatique, 71 de théâtre musical, et du mime,des marionnettes, des textes de poésie, 132 de café-théâtre, 120 de théâtre de jeune public,  58 de danse (toujours contemporaine ou ethnique), cirque, magie… Bref, un incroyable éventail  de spectacles  et plus de 52.000 « cartes adhérents » vendues qui permettent d’avoir une réduction importante mais incitent évidemment à une plus grande consommation…
Avec un horaire de 10 heures du matin jusqu’à plus de minuit! Dans une certaine bonhomie: les gens n’hésitent pas à se parler et à discuter ensemble. Bien entendu, ici le meilleur- chaleureusement applaudi, le public est souvent fin connaisseur- voisine avec le pire, voire  avec un amateurisme pur porc qui se donne de faux airs de théâtre  professionnel.
La règle est simple: il suffit d’avoir quelques copains prêts à tenter l’aventure, une licence d’entrepreneur de spectacle, ou pas vraiment,  et… de l’argent. Mais c’est bien claire: au mieux, les compagnies ne peuvent espérer que le remboursement des nombreux frais engagés. La location de salles, d’appartement et de matériels,  bat son plein pendant un mois, et Avignon et sa région-tous secteurs confondus-profitent largement de cette manne annuelle… Alors que plusieurs salles, devenues de véritables institutions, une sorte de in du off, affichent souvent complet, (entre autres: Théâtre du Chêne noir, Théâtre du Balcon, Théâtre des Halles, Théâtre de la Chapelle du Verbe incarné, Théâtre de la Girasole, etc…,). autres plus petites et plus excentrées- et cela on le sait moins- ont bien du mal à avoir plus de dix spectateurs par représentation! Greg Germain a aussi compris que l’avenir du Festival off passait par une forte médiatisation, des partenariats (France-Télévisions et le Centre national du Théâtre) et par une inscription sur Internet et les réseaux sociaux.

Reste une évidence: le mécanisme global du festival off devra être revu en fonction de ces nouvelles donnes: une telle inflation de spectacles est rarement le signe d’une bonne santé. Il y a quelques années, surgirent quelques inévitables  tensions.  Greg Germain et son équipe, dès lors que les  lieux et de spectacles sont devenus  encore plus nombreux que l’an passé et  des plus disparates, devront trouver de nouvelles règles de vie commune. Ce qui est loin d’être simple.
Mais le Festival off- ce sera  un atout majeur  dans les négociations avec les différentes tutelles- peut se vanter d’être financièrement des plus accessibles, et, osons le mot, « populaires ». Ce que le Festival in n’est plus, et, depuis un bon moment… Même s’il  reste encore un incontournable lieu de rencontres professionnel, comme si tout le microcosme parisien du spectacle choisissait de s’y donner rendez-vous quelques jours durant.

festivalaurillac2013-h1bp.jpg.pagespeed.ce_.vjeh4rzowqCela fait  27 ans déjà  que le Festival international de théâtre de rue d’Aurillac existe: il aura lieu cette année du 21 au 24 août, avec,  probablement et malgré la fameuse crise, beaucoup de monde dont de très jeunes gens ravis d’assister aux quelques spectacles… gratuits du in. L’an passé, il y avait ainsi quatre heures d’attente sous le soleil cantalien, pour être admis au paradis -un peu décevant- des deux séances gratuites du Royal de Luxe. Ce qui frappe à Aurillac, c’est la grande jeunesse du public: la couleur de cheveux du public n’est pas la même qu’en Avignon in!
Comme le dit Jean-Marie Songy, son directeur: « Ces aventures sont encore possibles aujourd’hui grâce à la confiance de nos élus et de nos partenaires. Grâce à leur engagement pour la liberté d’expressions artistiques dans tous les espaces publics de la ville d’Aurillac,  et au-delà. Protégés par ce bouclier politique, nous pouvons encourager les ouvertures artistiques essentielles aux cycles de la création. C’est parce que le socle de la rue est solide et garanti, que nous pouvons inviter de nouveaux artistes à notre banquet des arts. »  Cela dit, on ne sait pas trop bien ce que signifie un « socle  de la rue solide et garanti », Songy, comme ses autres collègues, n’a pas trop le choix et fait appel à des compagnies dites de théâtre de rue ou non,  bien connues du public, et aux spectacles reconnus. .

Quelques pistes:  Generik Vapeur,aux spectacles  pas toujours enthousiasmants, loin de là!- avec un totem de métal, debout, vertical, constitué de huit  conteneurs, l’Omni Idéal X qui surplombera la ville de ses 19 mètres de haut, « sismographe social, étalon aux nerfs d’acier, au contenu aléatoire » ( sic) .
Plus intéressant sans doute,  Kori Kori,
de la compagnie Oposito,  un spectacle de théâtre de rue en mouvement, interprété par dix-huit comédiens et quatre musiciens, « qui n’a pas d’histoire, mais en raconte plusieurs, de femmes et d’hommes, en mouvement, comme la vie, où se côtoient le lyrique et le rock, la valse et le tango, le flamenco et le classique ».
De la compagnie Mécanique vivante, Le chant des sirènes, épopée urbaine, un spectacle-gratuit-créé en 2013 dédié à la rue, couronnera l’aboutissement du nouvel instrument de musique, la Sirène musicale . « Aujourd’hui véloce, douce et expressive, chaque Sirène,  dans son registre,  représente, disent-ils,  une voix d’un ensemble polyphonique unique, qui n’attend plus le spectateur mais qui vient le chercher ». Réparti sur deux vaisseaux locomoteurs, l’orchestre “Octo Siren” constitué de sept sirènes musicales et d’une corne de brume arpentera les rues d’Aurillac comme de grandes orgues libres, en quête d’espaces et de lieux propices à la résonance. Musique exclusivement acoustique, et  issue des principes de la sirène d’alerte,  telle qu’elle fût inventée au 19ème siècle.
Le Festival accueillera aussi des metteurs en scène  plus habitués à jouer à Paris, Bruxelles ou Avignon,  comme la Compagnie Louis Brouillard-Joël Pommerat dont on pourra voir ou revoir, au Parapluie, lieu de résidence et de création,  avec La Réunification des deux Corées,  créée cet hiver au Théâtre de  l’Odéon (voir Le Théâtre du Blog). Un spectacle devenu culte en quelques mois; à 50 ans, Joël Pommerat est sans doute un des rares auteurs/metteurs en scène français maintenant  reconnus à l’étranger.
Egalement au Parapluie, Les Chiens de Navarre présenteront leur dernière création ( 2013), Quand je pense qu’on va vieillir ensemble, un spectacle d’une heure , inspiré,  entre autres,  du Suédois  Stig Dagerman: “Notre besoin de consolation est impossible à rassasier” “Deux choses me remplissent d’horreur : le bourreau en moi et la hache au-dessus de moi.”  “Pleure, tu pisseras moins.” comme lui répétait sa mère Anna. » Au milieu des montagnes comme au milieu des feux rouges, disent Les Chiens de Navarre, nous avons tous le même cri désespéré, la même continuelle et difficile recherche de consolation qui nous anime pour continuer à vivre et affronter le monde. C’est si bon alors de se réunir (en cercle et chaussettes de préférence) pour s’écouter les uns les autres, pour tout remettre à zéro et panser nos plaies. Quitte à perdre la raison, ou l’élocution.  Objet  chorégraphique, un cortège de vieillards, de peur d’être reconnus, danseront masqués” et  se tripoteront, avec leurs plus belles années derrière eux, sur des beaux tubes de variétés.
A noter aussi,  le 20 dans le cadre des Préalables et les 21, 23 et 24 août , Le Cirque Trottola  créé en 2002, à Nexon et à Aurillac, avec l’ancien chapiteau du cirque Convoi exceptionnel. L’histoire s’est écrite avec Laurent Cabrol, Titoune et Bonaventure ; trois sur une toute petite piste avec un musicien.  Trottola (toupie en italien) a été joué plus de 300 fois en quatre ans.  Et Volchok (toupie en russe), voit le jour sous un chapiteau neuf avec deux gradins face à face. De nouvelles disciplines de cirque apparaissent : voltige aérienne, échelle sur un balai (mis au point par Mads Rosenbeck, jongleur danois).Déjà venus  au Festival d’Aurillac en 2008,  ils bâtissent depuis dix ans « une esthétique de virtuosité où l’art circassien est prétexte à raconter avec justesse l’âme humaine ».
Il y aura aussi le Petit Théâtre Baroque. En 1977, Nigloo et Branlotin, passionnés par le cirque traditionnel,  créent avec Igor de la Volière (Dromesko)et  Paillette et Zoé, le Cirque Aligre, où la violence héritée de la rue côtoie les dorures rococo et les velours de la piste classique. Quelques années plus tard, rejoints par Bartabas, ils créent le théâtre équestre et musical Zingaro. Puis s’orientent vers des formes plus théâtrales mais toujours itinérantes;   avec le Footsbarn Theatre, puis créent le Théâtre Krill.  Ils  rencontreront aussi  François Tanguy et l’équipe du Théâtre du Radeau, avec qui ils tournent pendant quatre ans. Et ils construisent aussi un petit théâtre ambulant pour 32 spectateurs, Le Tonneau, où  verront le jour : L’Entresort du Bossu Bitor, Coude à Coude, Une case provisoire, et enfin, Augustes. Théâtre impressionniste où pantins, décors peints et arnaques lumineuses font partie d’un  jeu où les codes habituels ne sont pas respectés…
Et avec aussi les Compagnies dite de Passage, c’est à dire une sorte de festival off intégré dans le le in où, comme en Avignon,on peut trouver parfois quelques pépites, et beaucoup de choses…  insignifiantes. Il y a aura aussi, du 13 au 20 août  Les Préalables, une programmation du Festival, souvent très intéressante dans les villages proches et dont vous rendra ces jours-ci, particulièrement compte notre amie Edith Rappoport…

Philippe du Vignal

Festival interceltique de Lorient -Imelda May

Crescendo et fulgurance de voix de femmes dans la nuit étoilée de l’Interceltique de Lorient avec Colline Hill, Imelda May et Sinéad O’Connor.

L’Espace Marine n’a pas démérité face à son public lorientais du Festival Interceltique, en présentant sur le plateau de scène les 9 et 10 août 2013, les concerts de trois grandes dames libres contemporaines à l’esprit folk, rock et pop.
Colline Hill en première partie du concert de l’Irlandaise Imelda May est la plus jeune de ces interprètes, une
Festival interceltique de Lorient -Imelda May sinead_oconnorbrune morbihannaise de Vannes, venue en voisine, mais pas seulement,  puisqu’elle s’est installée en Belgique. Guitare à la main, elle connaît la nostalgie que provoque l’éloignement du pays de ses origines. Elle chante seule en anglais, façon folk contemporain avec des accents pop et rock mêlés de country. Voix rauque, elle pourrait pourtant rappeler Joan Baez, si ce n’est sa puissante silhouette, moins rebelle peut-être et plus physique.
Les sonorités de la voix et de la musique de Colline Hill semblent sourdre du terroir américain. La chanteuse joue avec son groupe une reprise personnelle du Ring of Fire de Johnny Cash. Une puissance qui ne demande qu’à s‘aguerrir.


collin_hillQuant à la chanteuse irlandaise, Imelda May – un rappel de silhouette balancée à la Amy Winehouse mais plus soft et en contrôle radieux -, elle envahit le plateau de l’Espace Marine, portée par un groupe de musiciens rageurs à ses côtés, dont le guitariste Darrel Higham. Le deuxième album de la chanteuse Love Tattoo publié en 2008 et triple disque de platine, a révélé Imelda May au public. Elle était encore en tête des ventes en 2010 avec son troisième album Mayhem. Elle a chanté auprès de Bono de U2, d’Eric Clapton, de Bruce Springsteen et de Thomas Dutronc. Robe à fleurs glamour des années 50, coiffure banane sur le haut du front avec queue de cheval virevoltante, la chanteuse décidée est à son affaire vocale quand elle choisit de balancer sur le plateau le rock’n roll rebelle et le blues de l’après-guerre.
La musique, où se faufile sa voix rude et chaude est un mix de surf music, de blues, de rockabilly, de jazz et de folk. Horloge comme remontée et cadrée, elle donne la preuve de l’évidence et de la puissance d’une présence scénique solaire.
Sinéad O’Connor, la troisième femme de cette dernière soirée de concert, révèle davantage de mystère et accède d’emblée à une dimension autre dans sa fréquentation des cimes. Révélée dans les années 90 par sa reprise en single de Nothing Compares 2 U composée par Prince, Sinéad O’Connor est chanteuse et compositrice, accompagnée sur la scène par deux femmes à la guitare, une basse, un synthétiseur et une batterie.
Avec ses vingt-cinq ans de carrière, l’Irlandaise a vendu des millions de disques à travers le monde et a collaboré avec les plus grands noms du rock : U 2, Peter Gabriel, Massive Attack… Son dernier passage au FIL date de 2007, elle y présente aujourd’hui son nouvel album, How About I Be Me (And you Be You) qui parle de ses fragilités et de ses doutes, de ses loupés existentiels : l’amour, la perte, l’espoir et le regret, la douleur et la rédemption, la colère et la justice, la vie et la mort.
Sa présence est sur la scène d’une intensité rare, intérieure et tout en profondeur. Silhouette fragile et menue engoncée dans une ample robe bordeaux façon Manga, elle fait jouer sa voix depuis la suavité d’un murmure à des montées de colère implacable. L’émotion qu’une telle voix et musique dégagent, entretient une tension extrême chez le public, attentif à l’écoute de la douleur et de la souffrance si ardemment exprimées. L’interprétation de Sinead O’Connor est authentique, venue du tréfonds de son histoire personnelle et d’une vie poignante malgré elle. Elle chante Queen of Denmark de John Grant avec allure et sincérité, puis elle vogue naturellement – mais dans un questionnement personnel ininterrompu – entre folk, pop, rock, jazz et reggae. À la fin, elle interprète a capella le dernier couplet de Before we end our day. Ce répertoire nouveau est différent de son album de 2007 Theology, inspiré par les Saintes Écritures, mais il n’en reste pas moins habité par une âme mystique qui ne se lasse pas d’interpeler sa présence au monde.
Un concert d’exception, une invitation à redécouvrir les albums d’une artiste sublime.

Véronique Hotte

Colline Hill, Imelda May et Sinead O’Connor au Festival Interceltique de Lorent, du 2 au 11 août 2013.

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