A Queen of Heart

A Queen of Heart, Music hall, de Juliette Deschamps.

 A Queen of Heart a_queen_of_heartRosemary Standley est la chanteuse franco-américaine, xylophone et kazoo, du célèbre groupe Moriarty. Quand Juliette Deschamps crée pour elle A Queen of Heart, un tour de chant entre classique et jazz, mélodies et chansons, la star décomplexée n’y va pas par quatre chemins pour occuper vaillamment la scène.
De magnifiques rideaux de music-hall, fluides et légers, voltigent entre l’ombre et la lumière, recouverts d’une poussière scintillante d’or. L’accessoire est kitch mais efficace : il propulse le public dans le brillant merveilleux du rêve et de l’imaginaire.
Pour l’apparition de la star sous les projecteurs, les voilages princiers s’ouvrent sur le passage d’une silhouette glamour à l’excès, à la fois moqueuse et généreuse, un rien amusée. Sylvain Griotto, jeune pianiste brun gominé aux allures de gentil ou mauvais garçon – veste manches courtes et queue de pie ailée -, accompagne avec humour la mutine de son répertoire classique et improvisé.
C’est d’abord Marlène Dietrich ou Marylin Monroe – version rousse -  robe à plumes et duvet blancs -côté tutu romantique , que serre violemment à la taille une ceinture pincée
qui force l’admiration du spectateur,. La chanteuse écrit à la craie sur un pan du piano, The Man I Love,de George Gershwin, un titre qu’elle interprète avec une sincérité émouvante.
Accoudée, puis appuyée nonchalamment sur le piano, ou bien les mains sur les hanches pour donner à voir sa silhouette avantageuse, la cantatrice déploie dans les gammes à la fois profondes et célestes, les mélodies les plus diverses. L’artiste use aussi bien de la langue française : La Reine de Cœur et Hôtel de Poulenc, Je ne t’aime pas de Kurt Weill, India Song de Carlos d’Alessio, La Nuit Je mens de Bashung. Elle s’arrête parfois à l’espagnol avec El Negro Zumbon de Armando Trovajoli.
Mais c’est la langue anglaise qui a sa préférence : Johnny Guitar de Victor Young, When I am laid de Purcell, When I ride de Moriarty, Because de John Lennon… Entre-temps, il y a eu une pause dévolue au pianiste qui, après avoir bu une goulée de gnôle,  s’adonne librement à ses propres créations instrumentales, le piano à queue déployé.
À présent, la vedette radieuse à la robe blanche des années cinquante laisse alors place à une icône tout aussi fascinante mais romantique et plus sombre, proche de Rita Hayworth, Billie Holiday ou Nina Simone et , engoncée dans une robe Empire à traîne.
Un présage de malheur, yeux humides et maquillage souillé. En effet, du fond des premières promesses amoureuses-attentes, espérances et plaisirs cachés- la passion de l’excentrique a basculé dans le désenchantement des peines de cœur et l’amertume des pleurs.
La grâce de l’interprète n’a pas pour autant disparu: la chaleureuse Rosemary Standley est fidèle à son art musical céleste, jouant de la profondeur vocale comme de l’élévation inouïe des notes aériennes.
Un tour de chant piquant et acidulé que ne boude nullement le plaisir du théâtre.

Véronique Hotte

Théâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette 75011 : 01 43 57 42 14 jusqu 11 au 15 septembre 2013 à 20h, dimanche à 17h, relâche le 13 septembre et du 21 au 28 juin 2014 à 20h, dimanche 17h, relâche les 23 et 26 juin. 


Archive pour 12 septembre, 2013

A Queen of Heart

A Queen of Heart, Music hall, de Juliette Deschamps.

 A Queen of Heart a_queen_of_heartRosemary Standley est la chanteuse franco-américaine, xylophone et kazoo, du célèbre groupe Moriarty. Quand Juliette Deschamps crée pour elle A Queen of Heart, un tour de chant entre classique et jazz, mélodies et chansons, la star décomplexée n’y va pas par quatre chemins pour occuper vaillamment la scène.
De magnifiques rideaux de music-hall, fluides et légers, voltigent entre l’ombre et la lumière, recouverts d’une poussière scintillante d’or. L’accessoire est kitch mais efficace : il propulse le public dans le brillant merveilleux du rêve et de l’imaginaire.
Pour l’apparition de la star sous les projecteurs, les voilages princiers s’ouvrent sur le passage d’une silhouette glamour à l’excès, à la fois moqueuse et généreuse, un rien amusée. Sylvain Griotto, jeune pianiste brun gominé aux allures de gentil ou mauvais garçon – veste manches courtes et queue de pie ailée -, accompagne avec humour la mutine de son répertoire classique et improvisé.
C’est d’abord Marlène Dietrich ou Marylin Monroe – version rousse -  robe à plumes et duvet blancs -côté tutu romantique , que serre violemment à la taille une ceinture pincée
qui force l’admiration du spectateur,. La chanteuse écrit à la craie sur un pan du piano, The Man I Love,de George Gershwin, un titre qu’elle interprète avec une sincérité émouvante.
Accoudée, puis appuyée nonchalamment sur le piano, ou bien les mains sur les hanches pour donner à voir sa silhouette avantageuse, la cantatrice déploie dans les gammes à la fois profondes et célestes, les mélodies les plus diverses. L’artiste use aussi bien de la langue française : La Reine de Cœur et Hôtel de Poulenc, Je ne t’aime pas de Kurt Weill, India Song de Carlos d’Alessio, La Nuit Je mens de Bashung. Elle s’arrête parfois à l’espagnol avec El Negro Zumbon de Armando Trovajoli.
Mais c’est la langue anglaise qui a sa préférence : Johnny Guitar de Victor Young, When I am laid de Purcell, When I ride de Moriarty, Because de John Lennon… Entre-temps, il y a eu une pause dévolue au pianiste qui, après avoir bu une goulée de gnôle,  s’adonne librement à ses propres créations instrumentales, le piano à queue déployé.
À présent, la vedette radieuse à la robe blanche des années cinquante laisse alors place à une icône tout aussi fascinante mais romantique et plus sombre, proche de Rita Hayworth, Billie Holiday ou Nina Simone et , engoncée dans une robe Empire à traîne.
Un présage de malheur, yeux humides et maquillage souillé. En effet, du fond des premières promesses amoureuses-attentes, espérances et plaisirs cachés- la passion de l’excentrique a basculé dans le désenchantement des peines de cœur et l’amertume des pleurs.
La grâce de l’interprète n’a pas pour autant disparu: la chaleureuse Rosemary Standley est fidèle à son art musical céleste, jouant de la profondeur vocale comme de l’élévation inouïe des notes aériennes.
Un tour de chant piquant et acidulé que ne boude nullement le plaisir du théâtre.

Véronique Hotte

Théâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette 75011 : 01 43 57 42 14 jusqu 11 au 15 septembre 2013 à 20h, dimanche à 17h, relâche le 13 septembre et du 21 au 28 juin 2014 à 20h, dimanche 17h, relâche les 23 et 26 juin. 

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