16e Festival des arts dans la rue à Chatillon
16 ème Festival des arts dans la rue à Chatillon.
Ce festival initié par Christian Lalos, directeur du Théâtre de Châtillon, est fort bien organisé dans cette pittoresque cité villageoise pentue, où l’on peut se promener du parc Henri Matisse à la Maison des Arts, en passant par la place de l’église au parc Henri Sarment, jusqu’à la rue Gabriel Péri, pour découvrir des spectacles insolites dans la journée et surtout le soir. Avec, au programme, 19 spectacles et une installation La table des pensées d’Ola Szostak et Willemijn Schellekens, pièce assez décevante…
Nous n’avons pu attraper qu’une dizaine de minutes du réjouissant Panier piano de la compagnie Familia Stirman mais nous avons eu droit à quelques belles surprises chorégraphiques.
Instinct de la compagnie Yann Lheureux.
Place de l’église, la nuit vient de tomber, on découvre cette danse « animale » interprétée avec rage, sur des rythmes frénétiques par sept danseurs de hip hop. Ils se contorsionnent, se roulent par terre, sautent à une vitesse fulgurante qui fascine les regards. À la fin du spectacle, Yann Lheureux présente les danseurs du spectacle né voilà deux ans en Corée du Sud où s’est opérée, dit-il, une mise en connivence, et qui a été joué, entre autres, à Madagascar et à la Réunion . La compagnie créée en 9 et installée à Montpellier, tourne dans le monde entier.
Les Aplatis, P2BYM, conception de Patrice de Bénédetti et de Yui Mitsuhachi, musique d’Yves Mara.
Nous avions pu découvrir ce couple de danseurs dans les premiers pas qu’ils faisaient à Montpellier, voilà deux ans. Ils traversaient, retraversaient sans fin la voie du nouveau tramway, esquissaient des mouvements, s’asseyaient aux arrêts. Les Aplatis jouent ici sur le parvis d’un grand centre commercial: cinq danseurs et un musicien armés de grands sacs plastiques , encombrés de vêtements, se déchaînent dans des transes rageuses, frappant le sol de leurs sacs vides.
Accompagnés par moments à la guitare sur fond de paroles grésillantes, sur des projections publicitaires, ils crient silencieusement la solitude et la misère des relations humaines écrasées par Big Brother du grand commerce international. Des vers de Rainer Maria Rilke nous reviennent en mémoire : « Pauvres, ils ne le sont pas ; ils ne sont privés que des biens essentiels/ Et livrés au hasard, sans force et sans volonté ».
Une compagnie à suivre, si vous croisez son chemin.
Polar ou la stupéfiante histoire du tango enflammé, conception d’Hervé Perrin et Delphine Dartus, par la compagnie Bilbobasso (Besançon).
Difficile de suivre le fil de ce roman policier… Mais ce concert de flammes et de voix interprété par une dizaine de comédiens, musiciens, chanteurs en tenue de soirée, a captivé les spectateurs rassemblés de part et d’autre de l’arène de sciure qui prenait feu en lignes, allègrement enjambées par des femmes en robes longues et des hommes en habit.
Le tango argentin a vite fait vibrer la foule et monter une émotion collective.
Edith Rappoport