Pablo Casals, l’Homme violoncelle
Pablo Casals, l’Homme violoncelle, écrit joué et mis en scène par Michel Sigalla, et joué au violoncelle par Juliana Laska.
Ils sont deux sur scène, et ne font qu’un : l’homme-violoncelle. Michel Sigalla a puisé dans les mémoires et les interviews pour rendre la parole à Pablo Casals, après sa mort, vivant comme jamais.
Ou plutôt il s’est immergé dans cet océan où se rencontrent l’humanisme, la passion de l’harmonie, la politique, l’amour, l’enfance, et naturellement la musique, encore et toujours, la musique comme ferment d’harmonie et de désordre qui fait bouillonner tout cela ensemble.
On connaît un peu l’histoire de cet homme, modeste, généreux, qui n’a pas voulu jouer pour les démocraties compromises avec le régime de Franco. Non, ceux qui voudront l’entendre viendront à Prades, dans le petit bourg des Pyrénées orientales qu’il n’a pas quitté : le dictateur lui a survécu de quatre ans…
On dira presque : peu importe, tant notre duo transmet avec énergie et justesse –et amour- la passion du grand musicien. Bach, son Dieu, Ravel rencontré amicalement, Brahms deviné, interprété comme jamais et comme il le fallait, salué par un critique qui avait connu Brahms.
Ce qu’on entend, c’est la quête incessante de la vie et de la liberté, partout, en commençant par la musique, la recherche du rythme juste, c’est-à-dire, encore une fois, de la vie inscrite maladroitement dans les notes. Car il faut jouer ce qui est écrit, bien sûr, mais surtout la musique qui vibre entre les signes, les unit, leur donne un sens. Casals (et Michel Sigalla) ne parle pas seulement de son instrument : il rend évidente la nécessité de l’art dans notre vie, la nécessité du travail de l’art, acharné, joyeux, y compris quand il se met à détester son instrument de torture, le violoncelle. Qu’il aime tant…
Le violoncelle de Juliana Laska ne vient pas « illustrer » ces propos : elle répond à la parole, discute, met des points d’ironie, trace des sentiers dans la forêt du récit et de la pensée. Elle n’illustre pas, elle joue la joie et le mystère de la musique.
La scénographie et les éclairages n’ont pas été traités avec la même passion, la même exactitude, mais on ne va pas chipoter. L’essentiel du théâtre est là, un acteur, une musicienne qui nous font passer des flots d’émotion, de pensée, de rire, de désir d’en entendre plus. Une parole large dans un très petit théâtre.
Christine Friedel
Théâtre de la Folie 01 43 35 14 80, les vendredi et samedi à 19h30, jusqu’au 30 novembre.