Mariano Fortuny
Mariano Fortuny, un homme de théâtre visionnaire.
Mariano Fortuny, né à Grenade en 1871, était le fils du peintre espagnol mort à trente-six ans, Mariano Fortuny y Marsal qui appartenait à une famille d’artistes travaillant au service du roi et de Cecilia de Madrazo. Sa mère quitta alors Rome avec lui pour Paris; dès son plus jeune âge, il va grandir en fréquentant les ateliers d’Auguste Rodin, où il y découvre la sculpture. Il apprend également la peinture, sous l’influence de son oncle, le peintre Raimundo de Madrazo, et, à neuf ans, réalise déjà une copie d’un tableau de Velasquez…
C’est en découvrant les ballets de l’Eden et ses coulisses, que naît sa passion pour le théâtre. Il étudie alors l’électricité et l’optique pour l’éclairage scénique, et la construction des maquettes de décors et costumes. Il s’installera à Venise avec sa mère en 1889 au Palazzo Martinengo et se passionnera pour le théâtre et l »opéra. Il découvre l’éclairage indirect et dépose en 1900 son premier brevet de «système d’illumination par la lumière indirecte » qu’il applique la même année à l’opéra Tristan et Yseult créé à la Scala de Milan .
Par la suite, il mettra au point la célèbre coupole Fortuny. « Je construisis, dit-il, ma coupole en plâtre d’un diamètre de cinq mètres, où on projetait de la lumière indirecte et où on faisait ensuite défiler d’autres lumières colorées ; les effets de fusion, de mouvement et de variétés des teintes ne pouvaient que frapper les visiteurs». L’ancêtre du cyclorama cher entre autres à Bob Wilson et à de nombreux scénographes était né. Fortuny invente aussi la première cabine de régie disposant d’une série d’interrupteurs commandant les lumières selon les effets voulus.
Sarah Bernhardt et Isadora Duncan sont ses plus célèbres ambassadrices, et il est admiré par le grand metteur en scène Adolphe Appia et par Gabriele d’Annunzio. Il travaille et vit au Palazzo Pesaro degli Orfei, devenu aujourd’hui le musée Fortuny. Plissage, photographie, peinture, création et couture des costumes de théâtre, , menuiserie, gravure y avaient chacun un local.
Il rencontre à Paris en 1902, Henriette Negrin qui devient sa compagne et sa collaboratrice pour la création et la fabrication des tissus Fortuny qui le rendront encore plus célèbre. L’héroïne de Marcel Proust dans La Prisonnière et dans Albertine disparue, porte ainsi des robes de Mariano Fortuny. C’est en 1907, qu’il crée avec sa femme les premiers tissus imprimés pour des vêtements qui furent présentés à Berlin, ainsi que les châles en soie de la marque Knossos inspirés des céramiques crétoises.
En 1909, il dépose le brevet d’un appareil pour le plissage des tissus de soie puis crée Delphos, un vêtement féminin en soie (dont le couturier Issey Miyake s’inspirera pour sa collection Pleats please en 1989). En 1911, à l’exposition des Arts déco du Louvre, il a un succès phénoménal avec sa collection de tissus et vêtements imprimés. La même année, il crée la société Mariano Fortuny et des boutiques vont alors s’ouvrir à Paris, Londres, Madrid, New-York…
En 1922, il décide d’installer sa production sur l’île de la Giudecca près de Venise et d’y ouvrir une usine de fabrication. En 19 44, il offre les décors représentant la cité des Doges pour une pièce de Goldoni montée au Théâtre de la Fenice. Il lègue ses biens à son épouse et meurt chez lui en 1949.
En 1965, après le décès de sa femme, la ville de Venise reçoit en héritage le Pesaro degli Orfei qui devient ainsi le musée Fortuny. Dans un des plus beaux palais vénitiens, on peut découvrir ses ateliers encore imprégnés de son esprit, ses meubles personnels, des centaines de toiles de lui, ses dispositifs d’éclairage y compris les fameuses lampes Fortuny, des photographies, et quelques-uns des costumes de scène qu’il avait conçus.
Aujourd’hui, la direction de l’entreprise a été confiée à Giuseppe Ianno pour conserver l’exigence et l’état d’esprit de Fortuny, et son directeur artistique, Pietro Luneta, a pour mission d’en faire perdurer l’âme, à travers des créations empreintes de l’esprit de ce visionnaire connu dans la cité des Doges sous le nom de « magicien de Venise ».
Nathalie Markovics
Fortuny.com
Fortuny.visitmuve.it