For MG the movie-Homemade-Newark
For MG the movie-Homemade-Newark, chorégraphie de Trisha Brown par la Trisha Brown dance company
Trisha Brown a pris sa retraite en 2012, et est aujourd’hui enfermée dans la maladie d’Alzheimer. Seules restent ses créations, que sa compagnie perpétue, aidée par Diane Madden et Carolyn Lucas, directrices artistiques associées, et anciennes danseuses de la compagnie,
C’est l’occasion pour le public de voir trois pièces emblématiques d’une grande figure de la post modern dance, et beaucoup de spectateurs de cette première retrouvent ici le bonheur de leur première découverte de Trisha Brown
La nostalgie est d’autant plus présente que la maladie qui emprisonne la parole de la chorégraphe, désorganise gravement la mémoire mais rend encore parfois perceptibles des souvenirs enfouis.
Les trois séquences présentées sont donc une sorte de voyage dans le temps, comme dans l’esprit créatif d’antan de l’artiste. For MG the movie créée en 1991 est un hommage au créateur du Festival d’Automne, Michel Guy décédé la même année, qui avait fait découvrir au public français entre autres Merce Cuningham et Trisha Brown.
Sur une musique mixant une partition de piano et des sons urbains, quatre danseuses et trois danseurs semblent répondre durant trente minutes à des mouvements aléatoires, parfois à reculons, associé à des moments d’immobilité. Le tout dansé devant un mur de fumée en fond de scène.
Homemade nous plonge dans la créativité de la Judson Memorial Church de New York en 1966; c’est un court solo interprété par Vicky Shick, qui reproduit celui de Trisha Brown à l’époque, une danse-musée surprenante et iconoclaste.
Quant à la dernière pièce, Newark crée en 1987, elle est aussi remarquable grâce à la scénographie d’une grande qualité plastique de Donald Judd. Cinq châssis de fonds colorés descendent des cintres et découpent l’espace de jeu dans une sorte de ballet qui s’ajoute aux mouvements des danseurs, s’ajoute le ballet de ces panneaux mobiles. La danse devient ici une peinture abstraite vivante, réalisée avec une extrême précision.
Le spectateur qui découvre ces trois programmes d’une durée totale de 90 minutes, y assiste avec l’émotion d’une dernière fois mais voit aussi une œuvre qui pourrait s’inscrire dans la programmation de la FIAC qui va s’ouvrir…
Jean Couturier
Théâtre de la Ville jusqu’au 26 octobre; un deuxième programme est présenté ensuite jusqu’au 1er novembre dans le cadre du Festival d’Automne.