Le Banquet de la vie
Le Banquet de la vie, mise en scène de Léa Dant.
Le Théâtre du Voyage intérieur a été invité à présenter sa dernière création à l’École Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Val de Seine installée en partie dans la SUDAC, une ancienne usine d’air comprimé sur les bords de Seine. Son ancienne cheminée toute de briques rouges, bien restaurée est à elle-même une belle sculpture.
Nous sommes une trentaine à patienter dans un hall, une bouteille ou un gâteau à la main, puisqu’il était demandé de venir au spectacle avec quelque chose à boire ou à manger.
« Ce spectacle, comme il était dit sur l’invitation, sera un banquet, pour célébrer la vie et se nourrir.Se nourrir de nos expériences de vie mutuelles. De nos regards différents portés sur l’existence. Vous êtes invités à vous attabler en cercle autour d’un banquet foisonnant et baroque ».
Dans un grande halle haute de plafond, une table en rond, avec une cinquantaine de couverts bien disposés et, au-dessus, des guirlandes lumineuses et quelques projecteurs. Aucun comédien repérable, du moins au début, mais des gens en tenue de ville. Chacun a déposé son gâteau ou sa bouteille. C’est plutôt sympathique, même si un quart des places reste vide, ce qui fait toujours un peu désordre…
L’idée du repas partagé, avec des interventions de comédiens assis parmi les spectateurs disant des fragments de texte ou chantant des airs, n’est pas neuve mais peut être efficace. Le Théâtre de l’Unité autrefois, avec Noce et Banquet au festival d’Avignon au bord de la piscine d’une luxueuse maison provençale, avait bien réussi son coup, comme Catherine Marnas, entre autres, avec un bon repas italien dans une salle de château, au Festival A Corte de Turin ( voir Le Théâtre du Blog).
Ici, il y a un effet de surprise bien amené de théâtre dans le théâtre. Qui est acteur, qui ne l’est pas? Les textes visiblement sortis d’un atelier d’improvisation à partir d’histoires vécues, sont plutôt bien dits et, même s’ils ne sont pas très passionnants, on écoute en grignotant quelques petits trucs. « La nourriture présente sur la table, est riche du sens à transmettre et véhicule de sensations et d’actions rituelles partagées. Chacun aura accès à la poésie du vivant, et ensemble nous chercherons à vibrer de vie, de plaisir, d’émotion » dit encore le programme…
Mais, en fait, côté nourritures spirituelles, cela tient de l’effet d’annonce et on reste un peu beaucoup sur sa faim dans ce grand hall trop sonore…Il y a pourtant quelques belles idées comme celle d’une boîte à rêves où chaque spectateur est invité à écrire son rêve sur un petit carton mais la lecture de ces rêves à la fin n’est pas exploitée. Dommage! A la fin, il y a un petit bal où les cinq comédiens essayent d’entraîner les spectateurs…
Côté nourritures physiques, les gâteaux ou mets apportés par le public ne passent pas vraiment autour de la table, et le partage ne se fait donc pas! Dommage aussi … Quand au banquet et à la possibilité d’un voyage intérieur, annoncés, ils font pschitt, sauf à de trop rares moments…
Il faudrait sans doute que Léa Dant fasse les choses plus simplement: d’abord resserrer cette table ronde trop grande où les bonnes intentions se dispersent, servir une simple assiette de spaghettis à tout le monde, plutôt que de faire partager des choses sous plastique apportés par le public (ce qui créerait déjà une communauté) recentrer les choses sur quelques histoires et aérer le tout avec quelques musiques jouées en direct.
Le spectacle devrait sans doute s’améliorer quand il sera repris mais, pour le moment, le compte n’y est pas vraiment… Léa Dant, encore un effort!
Philippe du Vignal
Spectacle présenté en avant-première à l’École Nationale Supérieure d’Architecture Paris-Val de Seine.