Büchner 2013

Büchner 2013 dsc_3737

Büchner 2013, mise en scène de Jacques Albert-Canque.

Karl Georg Büchner était né en 1813 à Godlau  près de Darmstadt et mourut d’épuisement et du  typhus  à Zurich en 1837, après avoir revu une dernière fois sa fiancée Caroline Schutz. Il avait seulement vingt-trois ans! Médecin, philosophe et chercheur scientifique, proche des  idées de la révolution française, il fut  aussi  l’auteur de trois pièces: le  célèbre Woyzeck laissé inachevé,  La Mort de Danton,Léonce et Léna, et d’une nouvelle consacré à Lenz.
C’est cette figure exceptionnelle du théâtre allemand que Jacques-Albert Canque, avec son Groupe 33, a voulu honorer à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance. Ici, dans une forme non-théâtrale,  et dans un lieu également atypique non-théâtral,  comme  il l’a souvent fait auparavant au garage Pigeon, au  dernier étage de l’entrepôt Laîné,  ou au  Hangar  14,  près des quais de la Garonne, etc… et comme  le faisait aussi le  grand Klaus Michael Grüber auquel il  se réfère… quand il réalisa un montage de textes d’Hölderlin dans le  stade berlinois où Hitler avait vitupéré.
Bordeaux, de par son étonnante  diversité architecturale, est une ville  formidable pour  ce genre d’expériences théâtrales, même si Jacques Albert-Canque réfute ce terme pour ce spectacle d’une cinquantaine de minutes…
Cela se passe dans la bibliothèque du Goethe Institut de Bordeaux. Une grande table blanche où sont projetées en permanence des vidéos de sinusoïdes dessinant les flux nerveux du cerveau (si on a bien compris!) accompagnées de musique électronique. Rappelant ainsi discrètement l’activité de chercheur de Büchner.  Avec, assis tout autour, un public d’une vingtaine de personnes. Pas plus mais c’est bien ainsi,  et de toute façon,  sécurité oblige…
   Le dispositif ressemble à celui que Vitez- qui disait souvent que l’on pouvait faire théâtre de tout- avait imaginé pour Catherine, adapté des Cloches de Bâle d’Aragon. Et le spectacle possède cette même intelligence aiguisée. Les sept acteurs non-professionnels (entre autres, les très intéressantes  Caroline Ducros et Alice Benoit)  s’emparent d’extraits de textes de Büchner, et  Jacques Albert-Canque lui, lit en voix off, quelques extraits d’articles scientifiques de Büchner:  » Quel est le rapport des nerfs cérébraux avec les nerfs spinaux, les vertèbres crâniennes et les renflements du cerveau ? Quels sont ceux d’entre eux qui se trouvent les premiers au bas de l’échelle des animaux vertébrés ? Quelles sont les lois d’après lesquelles leur nombre est augmenté ou diminué, leur distribution plus compliquée ou plus simple… »
Avec la même rigueur et la même précision, à la fois dans la diction et dans la mise en scène. On ressort de là, ébloui par la grâce et l’intelligence de ce jeune auteur,  et bien servi par des jeunes gens de son âge…
Ce que Jacques Albert-Canque a visiblement aussi recherché et a bien maîtrisé, c’est aussi la grande proximité des comédiens avec les spectateurs. Oui, on entend  Büchner comme rarement. Et,  même si le spectacle est encore brut de décoffrage (la balance entre musique et parole n’est pas tout à fait au point et  les accessoires sur la table laids et encombrants), c’est le genre de travail, trop confidentiel,  qui mériterait grandement d’être encore approfondi, et dans une scénographie plus  élaborée.
On n’a pas de conseil à leur  donner mais le Musée d’art contemporain, ou Catherine Marnas, la nouvelle directrice du Théâtre National de Bordeaux-Aquitaine pourraient y penser. Ce n’est pas une « représentation » à proprement parler, plutôt une sorte de performance, mais qu’importe… Elle-même avait ainsi réalisé une soirée poétique-dîner pour le Festival A Corte,  dans un château près de Turin (voir Le Théâtre du Blog) qui était des plus réussies.
C’est bien qu’une ville comme Bordeaux possède un atelier de recherche comme celui-ci. C’est même indispensable à la bonne santé du  spectacle vivant  en général, et c’est bien aussi que des jeunes gens aient la chance d’y faire leurs premières armes, plutôt que dans des cours privés  qui sont rarement du bois dont on fait les flûtes.
  Quant au Goethe de Paris, renseignements pris, il n’a pas encore prévu de manifestation autour de Büchner cette année. Vous avez dit curieux?
Philippe du Vignal

Philippe du Vignal

Spectacle joué du 17 au 23 octobre au Goethe Institut de Bordeaux.

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Archive pour 5 novembre, 2013

Büchner 2013

Büchner 2013 dsc_3737

Büchner 2013, mise en scène de Jacques Albert-Canque.

Karl Georg Büchner était né en 1813 à Godlau  près de Darmstadt et mourut d’épuisement et du  typhus  à Zurich en 1837, après avoir revu une dernière fois sa fiancée Caroline Schutz. Il avait seulement vingt-trois ans! Médecin, philosophe et chercheur scientifique, proche des  idées de la révolution française, il fut  aussi  l’auteur de trois pièces: le  célèbre Woyzeck laissé inachevé,  La Mort de Danton,Léonce et Léna, et d’une nouvelle consacré à Lenz.
C’est cette figure exceptionnelle du théâtre allemand que Jacques-Albert Canque, avec son Groupe 33, a voulu honorer à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance. Ici, dans une forme non-théâtrale,  et dans un lieu également atypique non-théâtral,  comme  il l’a souvent fait auparavant au garage Pigeon, au  dernier étage de l’entrepôt Laîné,  ou au  Hangar  14,  près des quais de la Garonne, etc… et comme  le faisait aussi le  grand Klaus Michael Grüber auquel il  se réfère… quand il réalisa un montage de textes d’Hölderlin dans le  stade berlinois où Hitler avait vitupéré.
Bordeaux, de par son étonnante  diversité architecturale, est une ville  formidable pour  ce genre d’expériences théâtrales, même si Jacques Albert-Canque réfute ce terme pour ce spectacle d’une cinquantaine de minutes…
Cela se passe dans la bibliothèque du Goethe Institut de Bordeaux. Une grande table blanche où sont projetées en permanence des vidéos de sinusoïdes dessinant les flux nerveux du cerveau (si on a bien compris!) accompagnées de musique électronique. Rappelant ainsi discrètement l’activité de chercheur de Büchner.  Avec, assis tout autour, un public d’une vingtaine de personnes. Pas plus mais c’est bien ainsi,  et de toute façon,  sécurité oblige…
   Le dispositif ressemble à celui que Vitez- qui disait souvent que l’on pouvait faire théâtre de tout- avait imaginé pour Catherine, adapté des Cloches de Bâle d’Aragon. Et le spectacle possède cette même intelligence aiguisée. Les sept acteurs non-professionnels (entre autres, les très intéressantes  Caroline Ducros et Alice Benoit)  s’emparent d’extraits de textes de Büchner, et  Jacques Albert-Canque lui, lit en voix off, quelques extraits d’articles scientifiques de Büchner:  » Quel est le rapport des nerfs cérébraux avec les nerfs spinaux, les vertèbres crâniennes et les renflements du cerveau ? Quels sont ceux d’entre eux qui se trouvent les premiers au bas de l’échelle des animaux vertébrés ? Quelles sont les lois d’après lesquelles leur nombre est augmenté ou diminué, leur distribution plus compliquée ou plus simple… »
Avec la même rigueur et la même précision, à la fois dans la diction et dans la mise en scène. On ressort de là, ébloui par la grâce et l’intelligence de ce jeune auteur,  et bien servi par des jeunes gens de son âge…
Ce que Jacques Albert-Canque a visiblement aussi recherché et a bien maîtrisé, c’est aussi la grande proximité des comédiens avec les spectateurs. Oui, on entend  Büchner comme rarement. Et,  même si le spectacle est encore brut de décoffrage (la balance entre musique et parole n’est pas tout à fait au point et  les accessoires sur la table laids et encombrants), c’est le genre de travail, trop confidentiel,  qui mériterait grandement d’être encore approfondi, et dans une scénographie plus  élaborée.
On n’a pas de conseil à leur  donner mais le Musée d’art contemporain, ou Catherine Marnas, la nouvelle directrice du Théâtre National de Bordeaux-Aquitaine pourraient y penser. Ce n’est pas une « représentation » à proprement parler, plutôt une sorte de performance, mais qu’importe… Elle-même avait ainsi réalisé une soirée poétique-dîner pour le Festival A Corte,  dans un château près de Turin (voir Le Théâtre du Blog) qui était des plus réussies.
C’est bien qu’une ville comme Bordeaux possède un atelier de recherche comme celui-ci. C’est même indispensable à la bonne santé du  spectacle vivant  en général, et c’est bien aussi que des jeunes gens aient la chance d’y faire leurs premières armes, plutôt que dans des cours privés  qui sont rarement du bois dont on fait les flûtes.
  Quant au Goethe de Paris, renseignements pris, il n’a pas encore prévu de manifestation autour de Büchner cette année. Vous avez dit curieux?
Philippe du Vignal

Philippe du Vignal

Spectacle joué du 17 au 23 octobre au Goethe Institut de Bordeaux.

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