Le monstre des H.,western gothique

Le monstre des H.,western gothique, d’après Richard Brautigan, adaptation, mise en scène et conception visuelle de Monica Espina.

Le monstre des H.,western gothique le-monstre_26D’élégants cow-boys vous accueillent. Élégante simplicité, très évocatrice de leurs costumes, élégante malice de leur tics et mimiques, du côté de Paul Newman plus que de John Wayne. Ils nous présentent leur auteur, Richard Brautigan : poète de la “beat generation“, écrivain reconnu puis oublié, figure de Haight Ashbury dans le San Francisco de la fin des années soixante, venu respirer avec ses copains Jim Harrisson, Peter Fonda et autres solides buveurs le bon air du Montana…
Le Montana, justement : la compagnie, ayant trouvé une résidence en Seine et Marne au château de Blandy-les-tours, s’est avisée que l’est de l’île de France pouvait ressembler, de loin et avec beaucoup d’humour (quoique) au grand ouest : c’est ce qui s’appelle faire feu de tout bois. Mais ici, point de feu ; juste un écran où sont projetées in vivo et en double – ils sont bien là avec nous – les aventures de nos deux cow-boys et d’une charmante dame qui sait au besoin se démultiplier.

Voici l’histoire : tueurs réputés, et qui répugnent parfois à tuer, ils sont invités détruire le monstre tapi dans les cavernes de glace, sous la maison, et plus particulièrement sous le laboratoire, du savant Hawkline, lui-même étrangement disparu. Vont-ils triompher du monstre ? Vont-ils être dévorés?
On ne vous en dira pas plus : il faut absolument courir à l’Échangeur de Bagnolet découvrir la suite de l’histoire. Monica Espina et sa troupe – trois sur le plateau, elle en coulisse et une fée de la vidéo en régie- ont inventé un délicieux jouet théâtral. C’est à la fois d’une impeccable précision et d’une fantaisie réjouissante. La vidéo tient une grande place dans cette affaire : elle joue sur la narration comme Brautigan joue sur les codes du western et de la littérature “gothique“.
Bidouillée en direct, elle répond aux comédiens, les dédouble, les triple, les efface –mais ils ne se laissent pas faire. Si c’était elle, le monstre, ça se saurait : on est dans le théâtre le plus artisanal, le plus vivant qui soit. Tout est manipulé à vue, ou presque, dans une économie joyeuse et efficace. Le message ? Rien que du plaisir, et puis, oui : le “déclin de l’empire américain“, déjà pointé du doigt par cette “beat generation“ qu’on aurait tendance à oublier un peu. Et la désacralisation de la technique : ni plus ni moins qu’une boîte à outils, maniable et légère.
On vous aime, chers Etasuniens, on adore votre cinéma et votre silicon valley, mais vous nous les avez assez imposés pour qu’on puisse au moins en rire…

Christine Friedel

Théâtre de l’Echangeur, les 8, 9 12 et 13 novembre. 01 43 62 71 20

 


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