Terreur Olympe de Gouges d’Elsa Solal
Terreur Olympe de Gouges d’Elsa Solal, mise en scène de Sylvie Pascaud.
Elsa Solal propose une réécriture fidèle du personnage d’Olympe de Gouges, une des premières grandes féministes de France. Née en 1748, évoluant dans une période politique plus qu’agitée, elle luttera pour les femmes et les plus faibles en prenant la défense des filles-mères, en militant en faveur du divorce, pour la création de maternités isolées des hôpitaux, elle proposa même un impôt sur le luxe, ce qui pour l’époque peut paraître furieusement en avance ! Elle a beaucoup écrit, autant des essais politiques que du théâtre. Elle a marqué l’histoire et a inspiré politiques et artistes: des écoles et des centres culturels portent aujourd’hui son nom, et a inspiré une œuvre à Nam June Paik…
Les idées de cette grande humaniste républicaine n’étaient pas au goût de tous en pleine politique de la Terreur et malgré l’injonction de ses proches à cesser son combat, elle sera guillotinée en 1793 laissant une dernière lettre à son fils, que l’on entend à la fin du spectacle.
L’image proposée par cette mise en scène est assez belle, quelques symboles de formes et de couleurs (drapeau français, panier de robe …) évoluent autour d’un rectangle bien éclairé dans des tons de gris, alternant avec des lumières plus graphiques et électriques, délimitant le plateau, symbolisant les barreaux d’une prison. Un son de guillotine qui tranche, assez réaliste, est comme un fil rouge (sanglant !) tout au long du spectacle.
Anne Sophie Robin, toute en force et en nerfs s’en tire quand même assez bien dans ce rôle difficile, et corseté ! Pour les deux hommes qui jouent (pour résumer) son confident et son accusateur, c’est bien plus nuancé, ils peinent déjà à se faire une place dans l’espace évoluant souvent autour ou derrière et forçant le jeu pour l’un, et le second tourne autour d’Olympe dans un ballet un peu désarticulé.
Les costumes aussi sont en rupture: Olympe porte une robe et corset faisant un rappel de l’époque, mais les deux personnages masculins sont habillés « comme aujourd’hui ». Représentent-ils l’homme en général, le tortionnaire masculin dans le passé et au présent?
Au delà d’une représentation perturbée par des scolaires visiblement peu préparés au thème traité, on peine à s’accrocher à cette histoire qui contient plusieurs strates que l’écriture n’éclaircit pas toujours et que les différences de jeu n’aplanissent pas.
Julien Barsan
Théâtre du Lucernaire jusqu’au 4 janvier à 18h30.