Illusions perdues

Illusions perdues,  par le ballet du théâtre Bolchoï, chorégraphie d’Alexei Ratmansky.

photo-2Il est plus simple pour tout passionné de danse, qu’il soit russe ou français, de voir ce ballet à Paris, plutôt qu’au Bolchoï de  Moscou où les tarifs pratiqués quand il y a des places!  sont prohibitifs, (difficile d’en trouver  à moins de 150 euros! ), d’autant que la grande salle du théâtre, rouverte en 2011 et refaite à neuf, n’accueille que deux ou trois fois par mois, des ballets. Le Bolchoï (grand en russe) est le symbole de tous les excès: son ballet  possède le plus grand répertoire classique au monde,   et trois mille personnes ( musiciens, chanteurs, choristes, scénographes, créateurs de costumes,etc… et  deux cent treize danseurs…) y travaillent.  Sergueï Filin, le directeur actuel du ballet a été agressé à l’acide l’an passé et en porte des séquelles esthétiques et fonctionnelles: rien ne se règle simplement en Russie!
Pour Illusions perdues, c’est  Alexeï Ratmansky, l’ancien directeur du ballet qui en a conçu  la chorégraphie; il a demandé à  Guillaume Gallienne, acteur de la Comédie-Française, dont la grand-mère était russe, de le conseiller pour la  dramaturgie de cette adaptation des Illusions perdues d’Honoré de Balzac. C’est un autre français, Jérôme Kaplan  qui a créé les costumes et décors, qui  nous transportent dans le Paris de la fin du XIX ème siècle, avec les appartements des deux héros, Coralie la danseuse-étoile, (Diana Vishneva) et Lucien, (Vladislav Lantratov) un jeune créateur de ballet, le parvis de l’Opéra-Garnier puis  la salle de répétition et la la scène. La mise en abyme est donc constante et nous reconnaissons des extraits de La Sylphide. Les nombreux changements de décors sont entrecoupés d’intermèdes dansés en avant-scène devant un rideau aux couleurs pastel changeantes.
Certaines scènes de vie à l’Opéra sont caricaturales et les artistes surjouent leurs personnages. C’est  du théâtre, (avec tous ses artifices y compris un vol qui permet à une danseuse de traverser la scène de jardin à cour). mais aussi du ballet, avec la participation des comédiens/mimes du Théâtre Bolchoï. Nous sommes loin de certaines de nos créations européennes où les danseurs apparaissent comme des signes, des éléments visuels désincarnés appartenant à l’ensemble de la scénographie. Pour ceux du Bolchoï, chaque geste chorégraphique apparaît comme simple à réaliser et d’une belle fluidité.
Le corps de ballet danse avec une grâce extrême et une grande  précision et les duos des deux solistes, Vladislav Lantratov (pur produit du Bolchoï) et Diana Vischneva (ancienne danseuse du théâtre Mariinsky), sont d’une grande beauté. Le spectacle est un peu long, deux heure quarante avec deux entractes, d’autant que la musique  de Leonid Desyatnikov oscillant entre musique classique et contemporaine, est moins convaincante. Cependant, Illusions perdues arrive à captiver le public grâce à l’immense savoir-faire qui est la marque de cette institution. Comme dans d’autres domaines, les  artistes russes aiment montrer qu’ils appartiennent à un très grand pays!

Jean Couturier

Opéra Garnier, Paris (IX ème du 4 au 10 janvier.

 

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