Avant que j’oublie
Avant que j’oublie de Vanessa Van Durme, mise en scène de Richard Brunel.
Richard Brunel, le jeune directeur de la Comédie de Valence, a rencontré Vanessa Van Durme et a programmé son « Regarde maman je danse »… dans les campagnes de Drôme et d’Ardèche!!! Dans ce spectacle, Vanessa Van Durme revient sur sa transformation; elle est en effet devenue femme après être née garçon. Avec humour et gravité à parts égales, elle raconte l’aventure de son opération au Maroc et la réaction de ses parents.
On l’avait vue chez Alain Platel, dans Gardenia, où elle convoquait ses amies transsexuelles à la rejoindre pour un cabaret improbable, avec de vieilles dames un peu bizarres !
Dans Avant que j’oublie, il s’agit des visites répétées à sa mère dans sa maison de retraite pour malades d’Alzheimer. Elles discutent l’une et l’autre, Vanessa Van Durme incarnant tantôt l’une tantôt l’autre, mais, par une différenciation de voix ou de posture très habile, on sait toujours qui parle.
Il est fortement question d’identité, celle que perd peu à peu la mère et celle que sa fille tente d’affirmer, au fil des années. Pour stimuler sa mère, elle lui parle du temps passé, des blessures qu’elle même a endurées, de ce père qui ne l’acceptait pas, de cette mère qui, sans conviction, reconnaît tout de même l’enfant de sa chair, comme un instinct. Elle sait qu’elle ne pourra pas répondre en toute lucidité, alors, elle se laisse aller à la confession, au bilan.
Dans ses spectacles, Vanessa Van Durme raconte toujours sa propre histoire, de près ou de loin, mais ici, la dramaturgie prend une dimension supplémentaire avec un personnage de plus dont les souvenirs ou ce qu’il en reste, viennent s’entrechoquer et se confronter avec ceux de Vanessa. La scénographie en arc-de-cercle, avec des armatures fermées par des rideaux et des lumières très précises, plutôt froides, éclairant l’une ou l’autre des parcelles.
On a vite compris le principe et la mise en scène en joue un peu trop : rideaux ouverts et refermés, figures vues à travers le rideau … Au début, le séquençage est un peu gênant, beaucoup de fondus et de noirs qui nous empêchent d’être tout à fait dans le rythme. Puis, au fur et à mesure, on entre dans l’émotion et Vanessa van Durme nous devient proche, jusqu’au salut où elle ne retient plus son émotion, avec une grande dignité et une gratitude sincère envers le public qui l’a écouté.
C’est un spectacle qui reste en tête, pour ce qu’il dit, un peu, et pour la personnalité exceptionnelle de Vanessa Van Durme, et sa légitimité à être sur scène.
Un spectacle qui mûrit et qui sait faire oublier ses petites faiblesses.
Julien Barsan
Théâtre du Rond-Point jusqu’au 8 février
Bonjour, merci pour votre commentaire, la mise en scène et la direction d’acteurs sont pour moi deux choses différentes, tout du moins, l’une est une partie de l’autre !
Julien Barsan
Article inexact sur la mise en scène… Comme si l’excellente direction d’acteur n’était pas de la mise en scène. Ce qui est très réussi c’est toute la suggestion élégante que la mise en scène permet. Rien n’est appuyé. Bravo.