La maladie de la mort
Belle découverte que cette mise en scène transmedia réalisée par une équipe pluridisciplinaire, autour de Christelle Derré, et de sa compagnie venue de Poitiers.
Sur le plateau, derrière des transparents, on aperçoit une jeune femme en robe de satin blanc, l’épaule dénudée. Au fond, des techniciens s’affairent à la lumière, aux projections et à la musique. Sur le côté, un homme d’âge mûr lit le texte de La Maladie de la mort; il se déplace au fil de cette description d’une relation érotique tarifée, que la jeune femme danse, étrangement immobile et très sensuelle.
La jeune femme n’est pas une prostituée, mais se vend plusieurs nuits, et s’endort toujours ensuite, comme le relate son compagnon. Il y a les bruits de la mer à Trouville, le havre de Duras. Les projections sur les transparents troublent ses contorsions amoureuses, toujours pudiques. Elle se dénude ainsi lentement, et à plusieurs reprises, puis se rhabille avec une grâce et une sensualité étonnantes. Lui se déplace sur le plateau, s’accroupit, mais ne la touche pas, sauf à la fin, quand il la ramasse, après la description de cette relation érotique tarifée, pour la porter, telle une statue et il la dépose près d’une bâche dont elle se drape avec majesté.
On dirait une publicité pour une grande marque de parfum. On l’entend peu, sauf quand elle dit, telle une reine : « Vous n’avez pas l’intelligence de votre maladie ! (…) un jour elle n’est plus là, son corps a disparu, la pénétration des corps, vous ne pourrez jamais la reconnaître »… Lui, reste en dehors, même s’il est impliqué dans cette rencontre, puisque c’est lui qui paye.
Le mystère de ce texte reste entier, comme toujours chez Duras, et les spectateurs fascinés mettent longtemps à quitter la salle.
Edith Rappoport
Confluences le 20 janvier,; reprise au Théâtre de Belleville du 4 au 28 mars, 94 rue du Faubourg du Temple, Paris. http://vimeo.com/81704083
Le texte est paru aux Éditions de minuit.