Projet Luciole /Théâtre philosophique
Projet Luciole /Théâtre philosophique, conception et mise en scène de Nicolas Truong.
Reprise d’un spectacle créé au Festival d’Avignon (voir Le Théâtre du Blog). Il pleut des livres dans la Cabane où sont convoqués une vingtaine de philosophes.Le projet de Nicolas Truong, le Monsieur « Idées-Débats » du Monde est d’explorer une dramaturgie de la philosophie, d’incarner des concepts, en les éprouvant ; de trouver leur corporéité. Nicolas Bouchaud et Judith Henry se font un plaisir de se livrer à l’exercice. Ils vont et viennent, chantent et dansent, se boudent ou s’étreignent, tout en maniant avec jubilation les concepts de Baudrillard, Orwell, Adorno, Deleuze, Semprun, Arendt, Didi-Huberman et d’autres. Pasolini ouvre le bal avec son fameux texte sur la disparition des lucioles qui donne son titre au spectacle.
Le 1er février 1975, neuf mois avant sa mort, il y a dans le Corriere della Sierra, un article de lui, sur l’héritage du fascisme Le Vide du pouvoir en Italie. Et, pour illustrer ce nouveau fascisme apparu en Italie, il emploie la parabole politico-littéraire suivante : «
Au début des années soixante, à cause de la pollution atmosphérique et, surtout, à la campagne, à cause de la pollution de l’eau… les lucioles ont commencé à disparaître. Cela a été un phénomène foudroyant et fulgurant. Après quelques années, il n’y avait plus de lucioles. Ce quelque chose qui est intervenu il y a une dizaine d’années, nous l’appellerons la disparition des lucioles. ”…
Loin du pessimisme de Pasolini, et même si Guy Debord tempête en voix off : « Il n’y aura pour moi ni retour ni réconciliation. » Il s’agit ici de trouver la manière d’apporter de nouvelles lumières contre l’obscurantisme rampant, et s’ensuit un festival d’idées jubilatoire et lumineux qui met en appétit le public sans jamais le gaver. Rien de rébarbatif dans ce spectacle revigorant où, tout au long, le public est tenu en haleine et en alerte; comme en conclut Nicolas Bouchaud : « Il y a beaucoup de travail en perspective pour qui ne veut pas mourir idiot. Et tant pis pour les gens fatigués. »
Mireille Davidovici
Le Monfort Théâtre, 106 rue Brancion 75014 Paris . T. 01 56 08 33 88 jusqu’au 15 février ; www.lemonfort.fr