Les Pompières Poétesses
Les Pompières Poétesses, mise en scène de Romain Puyelo.
Le spectacle avait déjà été joué au centre européen de Poésie d’Avignon et a été présenté deux soirs au Théâtre de la comédie Tour Eiffel. Le lieu tient de la boîte à chaussures, heureusement très silencieux, grâce à une double porte qui donne … sur le trottoir. Pas de hall d’attente: quand il pleut, il faut poiroter sous le store du café d’à-côté. Pas non plus de scène mais quelques mètres et des banquettes étroites pour une cinquantaine de places, et sur les murs des miroirs pour que le lieu fasse plus grand: autant dire que les conditions sont donc minimales…
Mais on découvre ici un spectacle qui est un véritable petit bijou. Les deux comédiennes, Juliette Allauzen et Emilie Chevrillon, les deux Pompières Poétesses, en robe rouge, vont, en une cinquantaine de minutes, emmener les spectateurs dans un récital poétique, aussi joyeux que vivant.
Les spectateurs sont priés de collaborer en tirant au sort des cartes au nom d’un poète. Le choix, parfois surprenant, est des plus heureux: cela va de Marie Noël, Arthur Rimbaud, Victor Hugo, Marcelline Desbordes-Valmore, et parmi les vivants, Zeno Bianu, Liliane Giraudon, Charles Pennequin, Jean-Pierre Verheggen, les Béruriers Noirs, le centenaire ou presque René de Obaldia,et Brigitte Fontaine.
Bref, des valeurs sûres franco-françaises mais aussi des poètes étrangers et non des moindres… comme Fernando Pessoa, Rainer Maria Rilke, William Shakespeare avec un extrait de Comme il vous plaira, fulgurant de modernité, Marina Tsvetaeva, et moins attendus, Jack Kerouac, et l’immense Gherasim Luca, inconnu du grand public et pourtant généreusement applaudi; un petit garçon près de moi écoutait avec ravissement en riant! Et cela finit par de petits aphorismes sur la boisson de Coluche, Pierre Dac et par le fameux Enivrez-vous de Baudelaire…
Chaque poème est remarquablement dit, l’air de ne pas y toucher mais avec une belle maîtrise, par l’une ou l’autre des deux comédiennes, ou parfois à deux, qui savourent cette rencontre avec leurs poètes et savent la faire partager aux spectateurs. C’est plutôt bien mis en scène, malgré quelques petites erreurs, et il y avait là plusieurs enfants qui ne boudaient pas non plus leur plaisir, c’est toujours bon signe…
On ressort de là heureux, et on aurait même apprécié une petite louche de plus : quel plaisir, cette pause dans une soirée pluvieuse. Il faut souhaiter à ces deux jeunes comédiennes de le jouer à Paris comme ailleurs pour une longue série-message envoyé aux directeurs de théâtre – et non plus quelques soirs. Elles le méritent amplement et le public aussi…
Philippe du Vignal
Théâtre de la Comédie Eiffel. Prochaines dates: le 15 mars à 17h à la médiathèque Maupassant 64 rue Edouard Vaillant Bezons (95) entrée libre; et le 21 mars 2014 à 20h30 à Gare au Théâtre 13 rue Pierre Semard 94 400 Vitry-sur-Seine T: 01 55 53 22 26
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